La mobilisation des acteurs ferroviaires face aux conséquences dommageables des mouvements de grève actuels est montée d’un cran. En prolongement d’une audience demandée auprès du secrétaire d’Etat aux Transports, Jean-Baptiste Djebbari – laquelle n’a d’ailleurs toujours pas abouti – une lettre ouverte au président de la République française a été publiée dans un grand hebdomadaire français le 19 janvier 2020. Cosignée par Lineas, l’AFRA, l’AFWP, RegioRail, Europorte, le GNTC et Objectif OFP, cette lettre entend tirer le signal d’alarme face à une situation très dégradée.
Des dizaines de millions d’euros de pertes
Car ce ne sont pas uniquement les quarante-six jours de grève subis qui posent problème. Le blocage des ports a détérioré un peu plus la situation. Les pertes subies par la filière se chiffrent donc en dizaines de millions d’euros depuis la première semaine de décembre 2019. Les signataires de la lettre en appellent donc à Emmanuel Macron pour que l’État "instaure un système de compensation prenant en compte l’ensemble des pertes que nous avons subies, permettant ainsi de préserver notre secteur et notre engagement sociétal".
Au contraire de 2018, également marquée par des mouvements sociaux, ce n’est donc pas SNCF Réseau – qui souffre également des perturbations actuelles – qui sera sollicité pour apporter une aide financière aux acteurs de la filière, mais bel et bien l’État.
Une relance du rail qui se fait attendre
Mais cette lettre, qui constitue une première pour un secteur dont le lobbying n’est pas suffisamment affirmé, entend aller plus loin que les simples mesures de compensation financière. Elle s’inscrit en effet pleinement dans le cadre de la relance du rail qui joue encore l’arlésienne. Alors même qu’au niveau européen, des pays comme l’Allemagne et les Pays-Bas ont montré la voie en s’engageant sur des programmes d’investissement se chiffrant en dizaines de milliards d’euros, une même situation ne prévaut pas en France. Il s’avère donc "urgent", selon les signataires de la lettre, "que le Gouvernement français prenne exemple sur ses voisins européens et mette en place des mesures fortes et ambitieuses en faveur du transport ferroviaire. La part modale du rail dans le transport de marchandises n’est que de 9 % en France alors qu’elle est de 18 % en Europe. Cela doit changer !".
Les professionnels du secteur pourraient finalement être entendus. Un grand plan d’action en faveur du ferroviaire devra être présenté au Parlement d’ici au 1er janvier 2021 au plus tard comme demandé par la récente Loi d’Orientation des Mobilités (LOM). Reste à savoir à présent si l’ensemble des acteurs du fret ferroviaire seront encore là pour bénéficier des effets induits par cette relance.