Les Carrières de Vignats n’ont pas été payées en retour des 5,5 millions d’euros investis dans de nouvelles installations ferroviaires en 2014. Ce sont en effet vingt trains de ballast, sable et gravillons qui n’ont pu être expédiés depuis le 2 avril 2018, des suites de la grève SNCF qui sévit actuellement.
Pénurie de camions
Plus en détail, neuf trains de ballast destinés à SNCF Réseau ont été irrémédiablement perdus, soit un volume de 11 000 tonnes. Onze autres trains destinés, cette fois, aux majors du BTP (Colas, Bouygues, Eiffage, Eurovia) n’ont pu circuler. Chargés de 13 000 tonnes de sables et de gravillons, ils étaient destinés aux centrales de fabrication d’enrobés.
Ces pertes auraient été plus lourdes encore si la société n’avait pas été en mesure de livrer une partie de la production par route. Pour l’heure, ce sont donc 5 000 tonnes qui ont pu être, ainsi, acheminées en dépit d’une pénurie de camions. "Nous ne parvenons pas à trouver de camions supplémentaires. Et ce d’autant que nous livrons sur des longues distances comprises entre 150 et 200 km", indique, sur ce point, Geoffroy Collin, directeur de la société Les Carrières de Vignats.
Expédiant habituellement 30 % de sa production annuelle de 1,7 million de tonnes par le rail, Les Carrières de Vignats (25 millions d’euros de chiffre d’affaires, 52 personnes) ont d’ores et déjà perdu un peu plus de 420 000 € de chiffre d’affaires. Les mesures liées à la mise en place par SNCF Réseau du Guichet Unique n’ont pas, à ce stade, produit leurs effets. "Le trafic fret ferroviaire circule essentiellement de nuit et la priorité reste donnée aux trains de voyageurs. Avec les grèves débutant à 20 h 00, ce ne sont pas deux jours que nous perdons pour l’évacuation de notre production mais bien trois", ajoute le dirigeant.
Demande de compensations
Sans surprise aucune, la société envisage, dès maintenant, de demander des compensations à la SNCF. "Nous sommes parties prenantes de réclamer tout ou partie des sommes perdues à la SNCF", confirme Geoffroy Colin.
La société ne battra donc pas cette année les records de tonnage expédiés par rail en 2015. Cette année-là et compte tenu des besoins de la nouvelle ligne à grande Bretagne - Pays de la Loire, les Carrières de Vignats avaient remis au fer 40 % de sa production, soit 630 000 tonnes.
Pleinement engagée dans une démarche RSE (Responsabilité sociétale des entreprises), la société n’envisage pas, pour autant, une évolution de sa stratégie logistique à l’avenir. Mais elle prévient que tous les impacts engendrés par les mouvements sociaux vont contribuer très fortement à faire perdre de la rentabilité au fret ferroviaire. "Le risque est donc grand que le coût du transport ferroviaire soit, à l’avenir, surenchéri par rapport à la route. Pourtant, un seul train transporte autant que cinquante camions", conclut le directeur.