Privatiser l'activité fret du transporteur ferroviaire national ? Une crainte en France, en tout cas pour les syndicats, mais bientôt une réalité en Espagne. Lors de la présentation d'un bilan d'étape du plan de redressement sur trois ans (2017-2019) de Renfe Mercancias (RM), la division fret de l’opérateur espagnol Renfe, le ministère de l’Équipement a donné des précisions sur ce processus de privatisation partielle.
50% du capital maximum
Le partenaire pourra détenir jusqu’à 50% du capital dans le cadre d’une nouvelle société mixte qui sera créée.
L’investisseur pourra être "un autre opérateur ferroviaire, logistique ou une compagnie maritime". Le ministère a précisé que la possibilité de proposer une offre logistique globale et de positionner RM au niveau international seront deux critères de choix. L’appel d’offres pour le choix du conseil juridique et financier devrait être lancé prochainement. Le ministère espère boucler l’opération en 2019.
Des comptes à l'équilibre en 2017
Cette privatisation devrait être facilitée par le redressement économique de l'entreprise. Selon le bilan d'étape présenté par le ministre de l’Équipement espagnol, Íñigo de la Serna, le volume du fret transporté a progressé de 8% pendant la période janvier-octobre 2017. Un chiffre qui semble marquer un changement de tendance.
Concernant la réduction prévue du parc, 72 locomotives et 1 600 wagons ont été valorisés en vue d’une cession prochaine. La réduction des effectifs, un sujet toujours épineux au sein de Renfe, est en cours : 296 salariés ont accepté de quitter RM. Enfin, l’EBITDA de l'entreprise a progressé de 89%. Selon le ministère, les comptes de l’année 2017 devraient ainsi être équilibrés.
100 M€ d'investissements dans de nouveaux matériels
La cession des participations dans Transfesa (20% du capital) et Semat (38%), deux sociétés spécialisées dans le transport d’automobiles, a par ailleurs été "engagée". Le ministère estime que la première étape, celle de l’assainissement de RM, a été réalisée et qu’il faut amorcer maintenant un processus de recapitalisation, avec l’incorporation de matériels adaptés aux "nouveaux scénarios de l’industrie ferroviaire".
Renfe souhaite en effet tenir compte de plusieurs éléments nouveaux dans le secteur système ferroviaire espagnol :
- le développement des voies à écartement UIC, principalement sur les accès portuaires et le Corridor méditerranéen entre la frontière française et le sud de l’Espagne ;
- l’électrification du réseau (ligne entre le port d’Algésiras et le nœud ferroviaire de Bobadilla en Andalousie par exemple) ;
- la nécessité de s’adapter aux exigences des clients notamment en termes de vitesse ;
- la mise en place de nouveaux systèmes avancés de signalisation ;
- la capacité à opérer sur les réseaux internationaux.
RM envisage d’acheter entre 30 et 45 locomotives nouvelles, dont 15 seraient de technologie hybride. L’investissement prévu est de 100 M€ et l’appel d’offres sera lancé en 2018.
Subventions pour le report modal
Le plan inclut, enfin, un dispositif de subventions à hauteur de 25 M€ par an pendant cinq ans (soit 125 M€ au total), afin de favoriser un report du transport de marchandises de la route vers le rail. Le gouvernement prévoit d’apporter 2,25 euros pour chaque millier de tonnes/km transportées par voie ferrée.
En Espagne, 5% des marchandises transportées en 2015 l’ont été via le rail et Madrid voudrait rapprocher ce ratio de la moyenne européenne (17,3%).
