À l’instar de tous les acteurs du fret ferroviaire, Fret SNCF prend toute sa part dans l’approvisionnement de la France en produits essentiels. Elle assure en effet actuellement 60 % de son plan de transport habituel. Les trains maintenus sont ceux liés à la consommation courante, à l’industrie alimentaire et à la chimie. Parmi ces trains peuvent être mis en exergue ceux du transport combiné, qui bénéficient d’un report modal et les céréales. Grâce à une bonne récolte, ce dernier trafic fait l’objet d’une demande forte, qui correspond quasiment à l’activité nominale. À l’inverse, d’autres secteurs ont plus ou moins rapidement plongé, en prolongement des mesures de confinement prises à partir de la mi-mars 2020. C’est en particulier vrai pour le ciment et les granulats, qui alimentent l’activité du BTP, la sidérurgie largement impactée par la mise à l’arrêt de la construction automobile et les produits pétroliers.
93 % des trains acheminés le jour même
Au global, et compte tenu du fait que les trains de fret sont provisoirement prioritaires sur l’ensemble des autres circulations ferroviaires, 93 % des trains commandés sont acheminés le jour même, le reliquat étant expédié le lendemain.
Tous les secteurs tournant au ralenti du fait de la crise sanitaire ne sont pas appelés à reprendre à partir du 11 mai 2020, début du déconfinement. "Le ciment et les granulats devraient repartir en premier, eu égard à la volonté du secteur du BTP de reprendre les chantiers. Ce sera toutefois plus long pour les produits pétroliers et la construction automobile. Nous pensons donc que notre plan de transport augmentera progressivement à 80/85 % de celui nominal d’ici au premier semestre 2021. Le retour à notre niveau d’activité d’avant crise pourrait s’avérer plus long", explique Edouard Laverny, directeur commercial et marketing de Fret SNCF.
Des dizaines de millions d'euros de pertes
Dans ces conditions, les pertes de chiffre d’affaires - qui sont à l’identique de celles supportées par les opérateurs alternatifs - devraient se chiffrer en dizaines de millions d'euros. Le nouveau Fret SNCF, sans l’impact des grèves de décembre 2019/janvier 2020 et de la crise sanitaire actuelle, avait initialement prévu de réaliser un chiffre d’affaires de 900 M€ cette année.
L’éclaircie pourrait toutefois résider dans l’obtention de mesures compensatoires pour l’ensemble des entreprises ayant souffert de baisses d’activités liées à la fermeture de lignes durant le mouvement social des retraites et à la crise du Covid-19, et à la nouvelle confiance portée par les chargeurs au fret ferroviaire. Fret SNCF examine en effet de très nombreux appels d’offres découlant de la volonté des clients de s’inscrire dans des démarches RSE (Responsabilité Sociétale Environnementale) pour leurs futurs acheminements. "Comme le ferroviaire a été au rendez-vous durant la crise sanitaire, le moment est donc propice pour les prospects de s’engager d’autant que la mise en œuvre du Green Deal devrait apporter les moyens nécessaires au doublement de la part du fret ferroviaire d’ici à 2030", conclut Edouard Laverny.