Les opérateurs de fret ferroviaire peuvent légitimement se féliciter des nouvelles avancées réalisées sur le front des lignes capillaires. Selon nos informations la situation apparaît, en effet, bien moins dégradée qu'à la mi-2014.
Le "linéaire en risque" à court terme, c'est-à-dire celui dont la pérennité est inférieure à deux ans, a diminué de 480 km en l'espace de trente mois. Sur un réseau de 3 000 km environ, il ne reste donc que 442 km dans cette catégorie. A contrario, 279 km de lignes qui étaient utilisées en 2014 ne le sont plus à présent. C'est là la résultante de plusieurs facteurs, dont l'arrêt des trafics sur décision des industriels et la suspension des circulations liée au mauvais état des voies concernées.
18 millions de tonnes en 2016
Malgré les 565 000 tonnes annuelles ainsi perdues provisoirement ou définitivement, le volume passant par les lignes capillaires fret s'est maintenu aux alentours de 18 millions de tonnes en 2016. Cette donnée est à mettre en parallèle avec les 95 millions de tonnes recensées sur le Réseau Ferré National (RFN) en 2015. Comme ce trafic global s'est inscrit en baisse, la part relative des lignes capillaires a donc légèrement augmenté en 2016.
C'est dire l'importance de ce réseau, dont 2 000 km environ supportent le gros du trafic. Sa pérennisation passe par l'engagement de travaux de rénovation. Interrompues le 1er mars 2016, les circulations pourraient ainsi reprendre sur la ligne Bon-Encontre (Agen) - Sainte-Christie. À l'image de ce qui s'est déjà produit pour le sauvetage de plusieurs lignes capillaires fret, un comité de concertation œuvre actuellement pour la réactivation de cette ligne. Dès lors que tous les financements auront été mis en place, les travaux de rénovation des 52 km pourraient être conduits courant 2018.
Près des deux tiers du réseau pourrait être pérennisés
Au total, 340 km de lignes devraient avoir été traités d'ici la fin de l'année2018, pour un montant de 54 M€. Le trafic passant par ces lignes, pérennisées pour une durée moyenne de onze ans, s'établit à 2,6 millions de tonnes annuelles.
Ensuite, à partir de 2018 et selon l’aboutissement des concertations, de nouveaux travaux devraient permettre de remettre en état 410 km de lignes supplémentaires, pour une durée moyenne de douze ans. Sur ces dix lignes voyant passer un trafic annuel de 1,4 million de tonnes, le montant des travaux prévus est de 70 M€.
Au global et en se concentrant sur les lignes présentant un potentiel de trafic, près des deux tiers de ce réseau pourraient finalement être pérennisés à l'avenir. Les collectivités locales ainsi que les chargeurs ont bien compris la nécessité d'accompagner l'État (60 M€ pour la période 2015/2020) et SNCF Réseau pour sauvegarder ces lignes d'intérêt... national.
Incertitudes
Mais de nouvelles incertitudes pourraient découler de la suspension au service voyageurs de plusieurs lignes mixtes (voyageurs et fret). C'est particulièrement vrai dans le Grand Est, où 700 km de lignes sont désormais à risque.
Pour autant, il n'est pas prévu que les lignes menacées passent au compte des Régions. L'idée défendue par SNCF Réseau est de maintenir les lignes capillaires avec voyageurs dans le RFN. L'opportunité de mettre en place des prestations gestionnaires d'infrastructure (PGI) de nouvelle génération pour les lignes voyageurs qui basculeraient exclusivement en trafic fret sera examinée, en concertation avec les acteurs concernés par la remise à niveau.
Maintenance moins coûteuse
Comme le confirme Jean-Pierre Orus, responsable du service Développement et de l'Offre à la direction Marketing et Commercial de SNCF Réseau, "les premiers appels d'offres pourraient être lancés dans le courant de l'été 2017. Les attributions devraient, ensuite, intervenir autour de l'été 2018".
Selon nos informations, une dizaine de sociétés de travaux de voie ou de filiales maintenance de voie d'entreprises ferroviaires pourraient être intéressées par ces contrats d'entretien des lignes capillaires. Les coûts pourraient ainsi être abaissés de 30 % environ. Il appartiendra toutefois à ces sociétés d'obtenir le précieux sésame que constitue l'agrément de sécurité auprès de l'EPSF (Établissement public de sécurité ferroviaire).
Pour l'heure, les PGI ne concernent qu'une poignée de lignes situées en Bourgogne-Franche-Comté et en Occitanie.