Au sein des entreprises de fret ferroviaire alternatives, Euro Cargo Rail (ECR), la filiale française du groupe DB Cargo, a plutôt bien résisté en 2019. Son chiffre d’affaires a même augmenté de près de 6 % par rapport à l'exercice 2018, à 182 millions d’euros (M€). La partie traction est, pour sa part, stable à 145 M€.
En dépit des difficultés rencontrées tout au long du second semestre de l’année écoulée, l’opérateur a non seulement réussi à stabiliser sa production mais également à améliorer son taux de service (volume livré / volume commandé). Celui-ci a progressé de près de 10 points à 95 %.
Surtout, la nouvelle souplesse que lui a apporté un accord d’entreprise scellé avec les conducteurs et les agents au sol a grandement participé à minimiser les impacts négatifs des mouvements sociaux de la fin d’année.
ECR a, en effet, été en mesure d’assurer 50 % du plan de transport prévu en décembre 2019 et janvier 2020. D’un coût pour l’entreprise de 1,5 M€, cet accord d’entreprise - basé sur le volontariat - lui apporte 11 % de productivité supplémentaire en année pleine. Les conducteurs dont 36 % ont déjà signé cet accord sont, pour leur part, rémunérés 20 % de plus qu’auparavant.
Lot d’incertitudes pour 2020
ECR avait initialement planifié une croissance de 20 M€ de son chiffre d’affaires en 2020. Mais cette prévision pourrait bien être battue en brèche par un lot d’incertitudes incluant désormais le COVID-19. Cela n’empêchera pas l’opérateur d’assurer la traction des nouveaux trains au gabarit P400 mis en ligne entre Cologne et Perpignan Saint-Charles. Réalisée pour le compte du groupe suisse Hupac, ce nouveau service sera assuré à raison de 5 allers-retours par semaine à partir du 16 mars 2020.
La mise en service de cette nouvelle ligne est l’occasion pour Gottfried Eymer, président-directeur-général d’ECR, de rappeler ses attentes en faveur d’une extension du P400. "Il nous faut impérativement solutionner le problème des sillons relatifs à la circulation de ces trains. Ces sillons sont, en effet, toujours traités en autorisation de transport exceptionnel (ATE). Nous militons donc pour la délivrance des ATE permanentes. Nous allons travailler main dans la main avec SNCF Réseau et son nouveau président, Luc Lallemand, pour parvenir à améliorer cette situation cette année. Nous avons, par ailleurs, d’autres dossiers à faire avancer pour répondre à la demande des chargeurs. Tel est le cas d’une nouvelle liaison entre la Belgique et la Suisse via les tunnels vosgiens. Cela passe, toutefois, par une expérimentation, laquelle était initialement programmée fin 2019."
Regagner la confiance des clients
En attendant, ECR va, une fois encore, devoir tout mettre en œuvre pour regagner la confiance des clients. Certains d’entre eux qui, avant les grèves, avaient décidé d’opter pour la solution ferroviaire ont finalement jugé préférable de rester sur la route tout au long de l’année 2020. L’opérateur a, ainsi, vu la perspective de réaliser 5 rotations hebdomadaires de transport de véhicules automobiles entre l’Espagne et l’Allemagne reportée au mieux en 2021.
L’entreprise ferroviaire pourrait toutefois, d’ici là, obtenir de nouveaux contrats dans l’Hexagone. Elle confirme, en effet, être en discussion avec l’armateur Brittany Ferries pour assurer la traction des trains de la nouvelle autoroute ferroviaire Cherbourg-Bayonne qui sera mise en place au printemps 2021.