Le Tinier Morin reconstruit sa logistique

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À partir de sa plate-forme logistique proche de Rennes, le groupe LTM livre les professionnels du bâtiment dans l’Ouest. Pour répondre à une croissance constante, cette PME de 170 salariés a dû adapter son organisation logistique afin d’optimiser son service clients.

Afin de répondre aux exigences d’un double métier, celui de distributeur de produits de quincaillerie et de marchand de blocs portes et panneaux, le groupe breton LTM (Le Tinier Morin) a dû mettre en place une logistique bien huilée. Chaque jour, l’entreprise implantée à Vezin-le-Coquet en Îlle-et-Vilaine (50 M€, 170 personnes) réussit le pari de conjuguer les deux activités en livrant onze agences, ainsi que 700 clients de son portefeuille de plus de 10 000 clients implantés dans l’Ouest, essentiellement des artisans du bâtiment. Bruno Giraud, directeur des antennes de LTM dans les Côtes-d’Armor et le Finistère, détaille une des spécificités de cette organisation: « En général, les marchands de matériaux distribuent des produits volumineux et réalisent des tournées de sept à huit poses tandis que dans la quincaillerie, les distributeurs confient le plus souvent leur prestation de transport à des messageries dont les véhicules effectuent plutôt une cinquantaine de poses. Nous sommes parvenus à une synthèse entre ces deux systèmes de distribution. Nos tournées comptent entre 30 et 35 poses quotidiennes par véhicule. Par ailleurs, nous couvrons une zone commerciale relativement étendue, puisque nous livrons nos produits dans un rayon de 250 km autour de notre plate-forme logistique. Pour cela, nous avons mis en place des tournées de deux jours, ce qui demeure assez rare dans le métier. » Cinq jours sur sept, LTM prépare 800 colis qui seront expédiés dans la journée et livrés le lendemain ou le surlendemain.

Une logistique jour/nuit. Avant leur rachat, chacune des trois entités de LTM (voir encadré « Un groupe en recomposition ») avait mis en place sa propre organisation logistique et disposait de ses propres chauffeurs. « Nous avons dû repenser notre organisation notamment après le rachat de LTM22-29 », témoigne Jean-François Robert, le directeur logistique. Première étape: la mise en place d’une équipe de nuit sur la plate-forme logistique de Vezin-le-Coquet achetée par LTM en 2006. Une plate-forme de 8 000 m2 qui emploie 31 magasiniers et 14 chauffeurs. « Le partage des tâches entre une équipe de jour en charge de la réception et une équipe de nuit en charge de la préparation des commandes clients a permis de travailler de manière plus fluide et donc de gagner en productivité », décrit le directeur logistique de LTM 22-29. Autre avantage de cette organisation, les clients peuvent effectuer leurs commandes jusqu’à 18 heures pour une mise à disposition dans les agences le lendemain matin ou une livraison à domicile dans la journée pour tous les produits correspondants à des colis de moins de 40 kg et moins de 3 mètres de long. Pour les pondéreux et encombrants, la livraison est effectuée deux fois par semaine.

Une distribution sur deux jours. Les douze véhicules de 26 tonnes de LTM partent entre 5 et 7 heures du matin pour une tournée de un à deux jours. Une navette spécifique part à 3 heures du matin pour livrer les cinq agences bretonnes. Elle enchaîne l’après-midi avec des livraisons de proximité avec un second chauffeur. La nuit cette navette dépose également dans les agences les palettes destinées au prestataire de messagerie, France Acheminement: « Un choix qui permet d’économiser 45 % du prix des envois en messagerie, car nous payons du transport express départemental plutôt qu’interdépartemental », explique le responsable de LTM 22-29. Aujourd’hui, LTM est en mesure de livrer 24 000 références dans ses onze agences en Bretagne, Centre et Pays-de-la-Loire qui stockent elle-même 5 000 références en moyenne. Des compartiments spécifiques ont été aménagés dans les caisses bâchées des véhicules pour permettre le transport d’une grande variété de produits dont certains atteignent jusqu’à huit mètres de long. « Auparavant, il arrivait que les chargements du matin et de l’après-midi partent en retard. Or un retard d’une heure sur une tournée, c’est quatre à cinq clients qui ne sont pas livrés », témoigne le responsable logistique. L’équipe de jour prépare également les commandes destinées aux agences, aux grands comptes, ainsi que les « emportés-comptoirs ». « Nous fournissons la quincaillerie pour une cinquantaine de grands comptes, des fabricants de fenêtres. Pour ces clients, les magasiniers assurent à la fois le prélèvement et de colisage. En effet, comme il s’agit de volumes importants – nous sommes sur de la caisse entière – cela limite les risques d’erreur », détaille le responsable logistique de LTM. De leur côté, les « emportés-comptoirs » sont destinés à une centaine de clients des agences qui ne sont pas livrés directement. « Nous avons lancé ce service après le rachat de LTM 22-29. C’était un moyen d’offrir un service supplémentaire pour compenser la diminution du stock des agences », poursuit le responsable logistique.

L’optimisation des tournées, une nouvelle étape. Dans cette démarche de remise à plat de la logistique l’investissement dans le logiciel d’optimisation de tournées Axiodis (lire en encadré) courant 2010 a permis de répondre à une double préoccupation: la récupération et l’archivage des bons de livraison émargés, ainsi qu’un meilleur suivi des colis. « Aujourd’hui, le logiciel permet d’optimiser les tournées existantes et de suivre les colis grâce aux PDA utilisés désormais par les chauffeurs. À terme, Axiodis devrait permettre de réorganiser complètement l’ensemble du plan de transport grâce à une nouvelle version qui devrait être opérationnelle au deuxième semestre 2011 », détaille le responsable de LTM 22-29. Un investissement d’environ 80 000 € pour le groupe. Pour Jean-François Robert, « Optilogistic apporte une sécurité sur l’ordre de la tournée. Auparavant, sans cette aide, un nouveau client était souvent mal positionné dans le plan de tournée, ce qui faisait perdre du temps à nos chauffeurs. Axiodis va calculer chaque tournée en fonction d’un temps moyen de livraison et de contraintes spécifiques à certains clients. Si nous dépassons ce temps moyen, le logiciel rejette l’ordre et nous faisons appel à la messagerie. Par ailleurs, nous pouvons délester les tournées pour les nouveaux chauffeurs. »

L’essentiel

> Mise en place d’un nouveau système de tournées avec le TMS Axiodis d’Optilogistic.

> Coûts des transports optimisés.

> Diminution du stock chez les agences du groupe.

LTM: les chiffres logistiques

> 8 000 m2 de surface d’entreposage et d’expédition sur sa plate-forme logistique.

> 24 000 références produits.

> 12 véhicules de 26 tonnes bâchés.

> 11 agences desservies (Bretagne, Centre, Pays-de-Loire)

> 700 clients professionnels du bâtiment.

> 2 500 commandes traitées en moyenne par jour.

> 10 millions d’euros de stocks.

Un groupe en recomposition

L’organisation logistique de LTM a été affinée dans la foulée de la réunification progressive du groupe fondé par la famille Le Tinier Morin. Créé en 1880 à Pontivy dans le Morbihan, l’enseigne était à l’origine spécialisée dans la commercialisation de gazinières et de poêles à charbon. Elle a développé une activité de négoce en quincaillerie, panneaux et machines à bois dans les années 50 et 60. Un développement commercial qui a conduit à la création de trois filiales sur les trois autres départements bretons. Cependant, en l’absence de successeurs directs, les actionnaires familiaux ont scindé l’entreprise en trois sociétés indépendantes à la fin des années quatre-vingt: LTM 35 sur l’Îlle-et-Vilaine, LTM 56 sur le Morbihan et LTM 22-29 sur les Côtes-d’Armor et le Finistère. Artisan de la réunification du groupe, Philippe David, actuel Pdg, a racheté LTM 35 en 1997. Puis, parallèlement à une stratégie de développement, cet entrepreneur s’est attaché à reconstituer le groupe en rachetant successivement LTM 56 et LTM 22-29. Adossée au groupement Seba (Société européenne de bâtiment et d’agencement) qui réunit 22 distributeurs indépendants, l’entreprise est désormais présente sur le Centre et les Pays-de-la-Loire à Angers, Le Mans et Tours, et ne compte pas s’arrêter en si bon chemin.

3 QUESTIONS À… – Philippe David Pdg de LTM
« Nous souhaitons conserver une proximité avec nos clients ».

Ancien directeur financier de Shell France et ancien président d’une société de fabrication de fenêtres, Philippe David est Pdg du groupe Le Tinier Morin. Son témoignage sur la logistique.

Logistiques Magazine: Comment votre organisation logistique s’est-elle adaptée à la croissance du groupe?

Ph. D.: Pendant les deux années consécutives à son rachat en 2005, LTM 22-29 a continué à s’approvisionner de façon autonome. En effet, avec un chiffre d’affaires de 10 millions d’euros, il s’agit de la deuxième unité du groupe. Dans l’intervalle, nous avons investi dans une plate-forme logistique à Vezin-le-Coquet. Cette plate-forme n’a fonctionné au départ que pour les agences LTM 35 et LTM 56, le temps de nous adapter à notre nouvelle envergure. Actuellement nous poursuivons cette croissance progressive. Ces dernières années, nous avons créé des agences à Tour et Angers. Nous allons également nous implanter à Saint-Malo et rouvrir une agence à Pontivy, le site historique de LTM (l’agence a déménagé à Lorient, Ndlr). Ces développements correspondent à une politique d’entreprise: même si l’essentiel des approvisionnements se fait en direct, nous souhaitons conserver une proximité avec nos clients.

L.M.: Quels investissements s’avèrent nécessaires à votre croissance?

Ph. D.: Nous stockons 1 200 nouvelles références chaque année. C’est pourquoi nous projetons d’investir deux millions d’euros dans un transstockeur courant 2012. Pour cela, deux possibilités s’offrent à nous: la construction d’un nouveau bâtiment de 2 000 m2 à côté de notre plate-forme logistique; un projet actuellement en discussion. Une alternative serait d’utiliser notre plate-forme de Vezin-le-Coquet uniquement pour la quincaillerie avec le transstockeur et d’implanter un entrepôt de matériaux dans un autre endroit.

L.M.: Quelles difficultés rencontrez-vous dans la gestion de votre stock?

Ph.D.: Nous stockons deux familles de produits: d’un côté la quincaillerie où les prix demeurent relativement stables et de l’autre les matériaux. Dans la famille des matériaux, le marché des panneaux [environ 15 % de la valeur du stock, Ndlr) demeure très spéculatif. Du coup, nous surstockons quand les fournisseurs nous avertissent d’une tendance à la hausse. À l’inverse, quand les prix partent à la baisse, nous essayons de conserver nos tarifs inchangés jusqu’à l’épuisement des stocks.

Propos recueillis par Philippe Bohlinger

Le TMS Axiodis pour l’optimisation des tournées

La société Optilogistic (Maine-et-Loire) s’est positionnée sur les métiers du TMS au début des années quatre-vingt-dix en créant le logiciel Axiodis. « Pour répondre aux attentes de nos clients, nous avons étoffé notre offre de back-office en ajoutant des fonctionnalités de suivi de la réalisation, ainsi qu’en développant des applications mobiles embarquées », détaille Yvonnick Boivin, le directeur général. Selon lui, les gains de productivité avoisineraient 5 à 8 %.

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