Le Covid-19 pénalise la logistique italienne

"Le gouvernement doit intervenir au plus vite pour soutenir la logistique, véritable poumon de l’économie italienne", déplore Silvia Moretto, présidente de la Fédération des entreprises des transitaires internationaux (Fedespedi).

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Après la Route de la Soie, c'est au tour de la logistique italienne de se trouver "grippée" par l'épidémie de coronavirus. Les mesures sont trop drastiques et les nouvelles procédures allongent le délais, se plaignent les fédérations professionnelles. Outre les ralentissements d'activité dans les ports, des sites de production sont fermés temporairement et les mesures prises ont un effet démesurément alarmiste. Ruptures de stock et effondrement des filières de production s'annoncent.

La vague épidémique de Covid-19, qui a fait 52 morts et quelque 2 036 cas de contaminations avérées, dont 45 guérisons selon le ministère de la Santé, menace l’économie italienne, déjà fragilisée par l’instabilité politique et financière. Craignant désormais le pire, les opérateurs de la chaîne logistique, qui représentent plus de 100 000 entreprises, un chiffre d’affaires annuel de 85 Mds€ et 1,5 M de salariés, ont tiré la sonnette d’alarme en dénonçant les mesures drastiques adoptées au niveau régional dans le nord du pays, foyer de l’épidémie, pour tenter d’enrayer le virus. Car à l’interruption des échanges avec la Chine qui a ralenti les activités de plusieurs ports importants comme Gênes, Savone et Livourne très impliqués avec l’Empire du Milieu, s’ajoute la fermeture temporaire de sites de production importants comme Armani (mode) et Epta (réfrigération) et de plateformes logistiques pour réduire les contacts et enrayer les risques de contamination.

Nouvelles procédures et délais allongés

Tout en soulignant l’impact dévastateur de la diminution de leurs activités, les opérateurs de la chaîne logistique dénoncent aussi l’adoption de nouvelles procédures de contrôle dans les ports depuis le début de la crise sanitaire, qui rallongent les délais d’attente et provoquent un ultérieur ralentissement des opérations d’acheminement des marchandises. "À Gênes par exemple, les délais d’attente sont passés de deux à huit jours et la situation est désormais identique dans les aéroports", déplore Silvia Moretto, présidente de la Fédération des entreprises des transitaires internationaux (Fedespedi). Elle ajoute : "Le gouvernement doit intervenir au plus vite pour soutenir la logistique, véritable poumon de l’économie italienne".

Pour sa part, la fédération des entreprises métallurgiques (Federmeccanica) évoque déjà une rupture des stocks d’ici la mi-mars et l’effondrement des filières de production. "Nous sommes en plein délire, les opérations de dédouanement tournent au ralenti, les lignes de cargo sont fermées, et à Gênes, le personnel de l’USMAF (bureau de la santé maritime, aérienne et frontalière), qui devrait contrôler les marchandises, a été chargé des contrôles sanitaires sur les personnes, d’où un ultérieur ralentissement des expéditions et de la gestion administrative des opérations de manutention", s’agace Ivano Russo, directeur générale de Confetra, la confédération de la logistique.

Climat de psychose

"Le climat de psychose est tel que certains armateurs nous demandent de déclarer que nos chauffeurs n’ont pas transité dans les zones foyers et qu’ils n’habitent pas à proximité des communes placées en quarantaine, ils nous demandent aussi des gants et des masques chirurgicaux pour nos chauffeurs", dénonce, pour sa part, le patron d’une entreprise de transporteurs implantée dans la région de Turin, dans le Piémont, également touchée par l’épidémie de Covid-19. 

Pour les opérateurs de la chaîne logistique, les mesures drastiques adoptées par le gouvernement et les régions foyers (Lombardie et Vénétie) ont également eu des répercussions déplorables sur l’opinion publique internationale et, en rebond, les activités commerciales de la péninsule. À titre d’exemple, des dockers maltais ont refusé, en début de semaine, de décharger deux cargos italiens affrétés par les armateurs Grimaldi Lines et Onorato, en remettant en cause la validité des documents attestant que les contrôles sanitaires ont été régulièrement effectués.

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