La mise en confinement de la moitié de la planète représente une aubaine pour les sociétés d’ingénierie spécialisée dans la surveillance du personnel, dont la plupart des solutions peuvent s’adapter assez rapidement aux exigences de la distanciation sociale. La start-up américaine Landing AI indique qu’elle vient de créer un nouvel outil de surveillance dédié aux lieux de travail comme les zones logistiques, qui émet une alerte lorsque deux personnes sont trop rapprochées. Cette technologie pourrait amener à se développer rapidement puisque Landing AI est dirigée par Andrew Ng, l’un des pionniers de l’intelligence artificielle (IA), cofondateur du programme en recherche artificielle Google Brain et ancien directeur du programme IA du Chinois Baidu.
Alerter "le public fautif"
La start-up a publié une vidéo de démonstration de son détecteur de distanciation sociale opérant dans une rue d’Oxford, où les rapprochements de moins de 6 pieds (1,80 m) sont automatiquement repérés. Landing AI indique que cet outil peut facilement s’intégrer au réseau de caméra de surveillance existant, mais qu’elle travaille encore sur la façon d’avertir le public fautif. L’alerte pourrait être transmise par un signal sonore. L’entreprise rapporte avoir été mandatée par plusieurs clients pour développer ce type d’application sociale, notamment le sous-traitant chinois Foxconn, aux méthodes de travail contestées.
Surveillance et plaintes des employés
Un autre ténor de la distribution recourt également à des applications de surveillance. Début avril, Reuters a révélé qu’Amazon utilise un logiciel similaire pour surveiller les distances sociales entre les employés dans ses entrepôts. Le géant de l’e-commerce avait déclaré au début du mois d’avril qu’il pourrait commencer à licencier des employés qui "violaient intentionnellement" les directives de l'entreprise en matière de distanciation sociale aux États-Unis, et ceci malgré les plaintes des employés qui affirmaient que les exigences de leur travail ne permettaient pas de respecter la politique. Aux États-Unis, plus d'une douzaine d'installations Amazon ont été touchées par le coronavirus (avec au moins un cas en France).
Amazon lance ses propres tests
Amazon indique s’être lancé dans la fabrication de ses propres tests, destinés en premier lieu à son personnel, en plus de la mise en place du contrôle de la température corporelle, du renforcement du nettoyage et de la distribution de masques. Malgré ces efforts annoncés, Amazon a dû prolonger la fermeture de ses sites en France, au moins jusqu’au 5 mai. Le groupe de Seattle a été contraint par le tribunal judiciaire de Nanterre de réduire fortement ses activités pour ne pas avoir procédé à une évaluation des risques "suffisante". L’inspection du travail a notamment pointé du doigt plusieurs points problématiques, comme l'entrée de l'entrepôt de Brétigny, pouvant représenter "une source de contamination importante" ou les vestiaires de l'entrepôt de Lauwin-Planque "exigus au regard des règles de distanciation sociale". Des critiques qui pourraient probablement s’appliquer à de nombreuses entreprises en France, dont les moyens sont largement inférieurs à ceux dont dispose Amazon.