En 2022, le marché du luxe a représenté 310 milliards de dollars affichant une croissance annuelle comprise entre 5 et 6 %. Les prévisions tablent sur une progression à 480 milliards de dollars en 2030, avec une croissance annuelle de l’ordre de 30 %. Des chiffres qui en font rêver plus d’un.
Une tendance émerge
Une industrie dont la santé financière se porte bien, une industrie qui résiste aux crises, une industrie qui se repose encore sur ses acquis et ses circuits de vente historiques, la boutique. En effet, aujourd’hui, entre 5 et 15 % de son chiffre d’affaires passe par le net. Mais depuis peu, une nouvelle tendance émerge : "60 à 65 % des jeunes de la génération y ont déjà commandé un produit de luxe, sur le net", assure Agathe Gravier, directrice industrie consumer products d’Arvato.
Et sur ce segment de vente, c’est le parcours d’achat du client qui détermine la supply chain à mettre en œuvre. "A la différence d’un marché où les volumes d’activité sont très importants et où ce sont le produit et son prix qui orientent l’achat, dans le luxe l’internaute affiche une volonté d’acquérir un produit rare et d’avoir une expérience client personnalisée", assure Michaël Lenmer, Pdg de TimTam Consulting.
Livraison en gant blanc et papier de soie
Et c’est bien ça qui fait la différence tout au long de la chaîne. Exit les stocks tampon dans les entrepôts, ou les plans de transport just in time, dans le luxe l’emballage plastique est remplacé par de jolies feuilles de soie, et parfois même le livreur reste le temps de l’essayage pour repartir 30 minutes plus tard avec le produit si celui-ci ne convient pas. "C’est ce qu’on appelle la livraison en "gant blanc", qui, à l’heure actuelle, n’est déployée que dans certaines grandes villes comme Paris ou Londres", précise Julien Pons, directeur marketplace chez 24S, site de vente en ligne du groupe LVMH. Pour les livraisons plus classiques, l’usage des points relais ou des retraits en boutique restent de mise.
Des points de distribution finaux qui sont alimentés soit par des entrepôts locaux pour des dessertes courtes ou régionaux pour des dessertes par zones. "Sur le net, les clients se trouvent aux quatre coins de monde et veulent être livrés où ils le souhaitent le plus rapidement possible", observe Julien Pons. Mais, dans le luxe comme dans les autres secteurs, la livraison le jour même n’est pas encore légion et l’on se situe à J + 1 tout au mieux.
Reprendre la main sur le vintage
Parmi les défis que devra relever le secteur du luxe ces prochaines années : s’approprier la filière vintage. En effet, "de plus en plus de maisons de luxe veulent reprendre la main sur la seconde main, que ce soit pour de la réparation de produits ou pour leur revente. Leur principal atout, le précieux gage d’authenticité !", souligne Julien Pons.
D’un point de vue opérationnel, cela sous-tend de gérer ces nouveaux flux. "La multiplication des canaux de distribution et le recours à des places de marché impliquent une certaine agilité et les maisons de luxe gagneraient à choisir d’externaliser certains process", estime Antoine Rivière, cofondateur et directeur général de Neteven, entreprise spécialisée dans la distribution sur les marketplaces.