Les voleurs n’ont pas pris de vacances cet été. 1 736 vols de fret ont été recensés en juillet 2024 dans la région EMEA (Europe, Moyen-Orient, Afrique), soit une augmentation de 17,7 % par rapport au précédent record de février.
Cette recrudescence estivale n'est pas une surprise pour les experts de TAPA (Technology Asset Protection Association), qui soulignent que les groupes criminels organisés sont particulièrement actifs pendant les périodes de congés, lorsque la vigilance des entreprises tend à se relâcher.
La France figure parmi les pays les plus touchés, occupant la quatrième place du sinistre classement européen avec 222 incidents recensés en juillet, en hausse de 16 % par rapport au précédent record de mars 2024. En juillet, la France a été devancée par le Royaume-Uni (620 incidents), l'Allemagne (359) et l'Italie (243).
Le préjudice financier reste élevé. Pour le seul mois de juillet, les pertes déclarées s'élèvent à plus de 16 millions d'euros, soit environ 532 000 euros de marchandises volées chaque jour. Et ces chiffres ne représentent que la partie émergée de l'iceberg, puisque seuls 5,1 % des incidents font l'objet d'une estimation financière précise. Le montant réel des préjudices pourrait être jusqu'à vingt fois supérieur rapporte la TAPA.
Parmi les cibles privilégiées des malfaiteurs, le carburant reste en tête malgré la baisse des prix à la pompe. Les vols de diesel ont augmenté de 42,6 % entre juin et juillet 2024 (97 vols), révélant un phénomène criminel qui s'est installé durablement dans le paysage. Les métaux, transferts de fonds et les matériaux de construction complètent la liste des marchandises les plus ciblées.
Les experts notent une professionnalisation croissante des réseaux criminels. Si les vols de carburant sont souvent le fait de petits groupes opportunistes, les cas les plus spectaculaires témoignent de l'implication d'organisations structurées.
En juillet, plusieurs vols majeurs ont dépassé le demi-million d'euros de préjudice, notamment dans le transport de valeurs et les effractions d’entrepôts ou à bord de camions pour cibler des biens de valeurs (alcools, matériaux de précision, chaussures pour femmes, etc.).
Face à cette situation, TAPA appelle les entreprises de transport et de logistique à renforcer leurs mesures de sécurité, particulièrement pendant les périodes traditionnellement considérées comme "creuses".
L'association souligne que la criminalité liée au fret, initialement dopée par la hausse des prix à la consommation, s'est désormais institutionnalisée et nécessite une réponse coordonnée à l'échelle européenne.