Le compte à rebours est lancé pour les transporteurs routiers roumains. Sur les 60 000 camions opérant dans l'Union européenne, à peine 10 000 sont équipés des chronotachygraphes intelligents de deuxième génération (1CV2), obligatoires à partir du 1er janvier 2025 dans le cadre d’opérations de transport transfrontalières. Cette nouvelle version, lancée en 2023, intègre un système de géo-positionnement GNSS couplé à un enregistrement automatique et horodaté des passages frontaliers, permettant – entre autres - aux autorités de contrôler en temps réel le respect des règles de cabotage. Un surplus de 17 000 camions roumains est équipé de tachygraphes intelligents de première génération (1C). Ces appareils, installés depuis 2019, devront également être remplacés, mais avec une échéance fixée au 25 août 2025.
Un problème d'approvisionnement
L'industrie roumaine du transport routier, qui génère 7,8 milliards d’euros de revenus, soit plus que les exportations de services informatiques du pays, risque une paralysie. Les sanctions prévues sont sévères : selon les pays, les amendes peuvent atteindre 30 000 €, assorties d'une possible peine d'un an d'emprisonnement.
Le marché roumain des chronotachygraphes souffre d'une situation oligopolistique : seuls deux fabricants locaux se partagent le marché, entraînant une flambée des prix. Les équipements produits en Europe occidentale restent inaccessibles en raison de leur coût élevé, s’alarme l'UNTRR (Association nationale des transporteurs routiers de Roumanie). Cette dernière réclame un délai supplémentaire de deux ans. Cette demande s'appuie notamment sur une enquête de l'Union internationale des transports routiers (IRU) révélant que seulement 6,42 % des flottes européennes sont actuellement équipées des nouveaux tachygraphes. L'IRU elle-même plaide pour un délai de six mois auprès de la DG Move. La Commission est loin de partager son approche pour le moment, à moins qu’une très large majorité de flottes s’avère inéquipée au 31 décembre 2024.
Des obstacles techniques persistants
La technologie OSNMA (Open service navigation message authentication), censée renforcer la sécurité et la précision des signaux GNSS, ajoute une couche de complexité. Son déploiement, initialement prévu pour début 2024, a été repoussé à octobre 2024 au plus tôt. Ce retard impacte directement l'efficacité des tachygraphes dans le suivi des véhicules, particulièrement crucial pour le transport transfrontalier. Par ailleurs, les ateliers agréés pour l'installation sont saturés de demandes, une situation que l'IRU avait anticipée en pointant le retard des fabricants à proposer les nouveaux appareils. Sans solution rapide, c'est tout un pan de l'économie roumaine qui risque d'être paralysé dès le début de l'année 2025, alerte l'UNTRR.