Poupe profilée et cheminée vermillon, la marque de fabrique de la Cotunav… Deux nouveaux navires encore immaculés font leur entrée sur la desserte maritime de la Tunisie. Un événement pour la compagnie nationale qui, jusque-là, avait surtout misé sur le transport de passagers, sa dernière acquisition étant le ferry Carthage.
La Cotunav vient en effet d’engager quelque 72 millions d'euros dans l’achat de deux navires rouliers similaires auprès de Mærsk d’une capacité de 2 640 mètres linéaires permettant d’embarquer 170 pièces de fret roulant.
Un véritable défi
Ces deux unités sont capables de filer 21nœuds et de rallier Tunis à Marseille en 22 heures contre 36 heures en moyenne. L’Amilcar, premier de la série à entrer en flotte, a été présenté aux clients commissionnaires de transport, le 26 février lors d’une des toutes premières escales au terminal roulier sud dans la cité phocéenne. Un navire d’autant plus imposant que les installations n’ont pas été conçues à l’origine pour recevoir des unités aussi larges. Une dizaine de mètres sépare en effet les navires, posant un véritable défi aux officiers de port chargés d’assurer les escales au chausse-pied de ces rouliers de 193 m de long et 26 m de large.
"Ce navire répond aux attentes des clients en leur garantissant un service et une offre constante. En 2009, nous avons rencontré des problèmes de place avec des navires affrétés d’une capacité de 120 remorques. Avec ces grands navires adaptés à la ligne, nous voulons réconforter le marché et montrer que nous croyons en l’avenir en investissant. La Tunisie affiche une croissance depuis plusieurs années et les professionnels tunisiens sont ravis de voir que le pavillon national engage des moyens pour continuer son développement. Si en 2009, nous avons enregistré une baisse de trafic, cette nouvelle offre nous permet d’être confiants pour 2010", explique Mohamed Abid, directeur de la délégation France de la CTN.
Manutention plus facile
S’exprimant lors de la journée de grève nationale des dockers et agents contre la réforme, le président du directoire du grand port maritime de Marseille Jean-Claude Terrier, a fait part de sa satisfaction de voir "un partenaire historique qui investit et qui s’inscrit au cœur de la vocation des bassins de Marseille".
Pour Transcausse, spécialiste de l’exportation de primeurs en sortie de Tunisie, l’investissement dans l’outil naval est un signe fort, surtout en temps de crise. "Nous effectuons entre 2 500 et 3 000 passages par an avec la Tunisie. Nous expédions des oranges maltaises, des dattes et la CTN a toujours aidé ses exportateurs grâce à des taux de fret pas très élevés. L’achat de ce navire est un geste fort pour le service. Ces navires sont équipés d’une motorisation qui leur permet d’arriver à l’heure quelles que soient les conditions météo et les opérations de manutention sont facilitées", relève Xavier Lassalle au nom de Transcausse.
L’Alyssa, second navire, rejoindra la flotte de Cotunav au mois d’avril 2010, probablement sur la liaison Gênes-Tunis.
Trois armateurs pour un départ par jour
Au total, l’acconier Marseille Manutention traite chaque année entre 50 000 et 60 000 remorques par an que se partagent Cotunav (50% du trafic), LD Lines (25%) et CMA CGM (25%). Les trois armateurs, liés par un accord opérationnel, proposent quasiment un départ par jour. "Un accord opérationnel qui n’empêche pas la clientèle de bénéficier de la concurrence au niveau du prix du transport", fait remarquer Jérôme Dorel, directeur de l’agence Militzer & Münch à Marseille.