Quand les transporteurs de fret exposent leur stratégie de développement durable

Vincent Pichoud de SNCF Logistics, Jean-Michel Bocognano, responsable de l’activité Développement durable au GPMM, Gil Doat, chargé de mission au sein d’ecoco2, Marc Reverchon, président de la Méridionale et Christine Cabau-Woehrel, présidente du directoire du GPMM.

Crédit photo NBC
Quels que soient les modes de transport, tous déploient, avec plus ou moins d’énergie, une stratégie pour réduire la pollution atmosphérique. Le port de Marseille-Fos a fait du développement durable sa priorité pour les cinq  prochaines années avec un plan stratégique qui donne le ton : "Economie bleue et port vert". Le 14 février 2019, les professionnels du secteur ont exposé aux étudiants de l’Institut de Formation du port de Marseille-Fos les innombrables innovations développées ces dernières années.  

" Les prochaines années seront décisives. Nous devons continuer à développer l’économie portuaire dans une démarche de réduction des impacts. L’excellence environnementale passe par une stratégie ferroviaire et fluviale volontariste. Les modes massifiés représentent près de 18 % de nos entrées et sorties et notre ambition consiste à porter cette part à 30 %. Nous ne pourrons pas assurer une croissance à 3 millions d’équivalent vingt pieds (EVP) en 2030 sans modifier la part des modes massifiés", explique la présidente du directoire du Grand port maritime de Marseille (GPMM) Christine Cabau-Woehrel aux futurs professionnels de la chaîne logistique dasn le cadre d'une journée d'étude organisée le 14 février dernier par l'Institut de formation du port de Marseille-Fos.

Corsica Linea et Cotunav dans le sillage de la Méridionale

"Le port de Marseille-Fos dispose de plusieurs leviers d’action : la planification stratégique, l’aménagement et la gestion des espaces, la capacité à sélectionner les usines qui s’installent et les tarifs", explique Jean-Michel Bocognano, responsable de l’activité développement durable au GPMM.

Ainsi, les compagnies maritimes vertueuses bénéficient de ristournes sur les droits de port. Pionnière en la matière, la Méridionale a, dès 2013, été lauréate de  la Charte bleue avant de déployer trois ans plus tard le premier système permettant de connecter les navires en escale au courant électrique. Ce premier investissement de 3,5 millions d'euros (M€) pour connecter les trois cargo-mixtes a fait des émules.

 Les ferries de Corsica Linea et de La Cotunav sur la Tunisie seront connectés à l’électricité de quai dans quelques mois. L’engagement de la Méridionale s’est poursuivi par une multitude d’innovations (optimisation de la propulsion, traitement des eaux de ballast, modification des pales d’hélices et des safrans, système intelligent de gestion des consommations...).

"Une première mondiale début mars"

"Début mars, nous réaliserons une première mondiale à savoir la transposition en mer d’un filtre à particules qui se trouve sur les centrales thermiques ou les incinérateurs d’ordures ménagères. Equiper une seule ligne d’arbre d’un navire avec ce système représente un investissement de 4,5 M€. Si au terme des six mois d’expérimentation sur le Piana, les tests sont concluants, nous équiperons alors un deuxième navire. Nous espérons réduire de 40 à 60 % les particules fines", annonce le président de la Méridionale,Marc Reverchon. Après la chasse au CO2 et au soufre, le prochain sujet sera, selon les transporteurs, le traitement des particules fines.

Gil Doat, chargé de mission au sein d’ecoco2, société de conseil en transition énergétique, a rappelé que le transport routier (marchandises et voyageurs) était responsable de 34 % des émissions de GES en France tout en  exposant les actions obligatoires et volontaires en faveur de la réduction de la pollution atmosphérique (Euro, Charte Objectif CO2, Fret21). "Le programme Engagement volontaire pour l’Environnement des acteurs de la chaîne logistique et du transport de voyageur, lancé le 1er janvier 2019, s’adresse aux donneurs d’ordres impliquant également les commissionnaires en transport", précise le consultant.

Le fret ferroviaire monte en puissance

Tout comme le maritime, le transport routier développe des motorisations au GNC et GNV. Délaissé ces dernières années, le fret ferroviaire retrouve grâce aux yeux des chargeurs, un train permettant d’ôter la bagatelle de 45 poids lourds à la route. Signe des temps, Perrier a relancé, fin 2018, une navette ferroviaire quotidienne entre Vergèze et Fos"La croissance du fret ferroviaire sera de 60 à 110 % en 2050. Ces dernières années le combiné maritime connaît une progression à deux chiffres" avance Vincent Pichoud de SNCF Logistics.

Autre mode sous exploité et qui ne pollue quasiment pas, le fluvial. "Le trafic peut aisément être multiplié par quatre sans investir dans l’infrastructure. Le chargement d’une péniche équivaut à 220 camions. Les routes, les ouvrages d’arts n’étant pas entretenus, le passage des colis lourds sur la route pose de plus en plus de difficultés et la voie d’eau est une solution pour les acheminer", pointe Benoît Ponchon, directeur du port d’Arles et ancien diplômé de l’Itip. 

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