Rassemblés fin mai pour un colloque sur la thématique "Le transport fluvial à l’heure de la transition énergétique et écologique", à l’initiative de Haropa Ports de Paris et Voies navigables de France (VNF), les acteurs de la filière ont pris des engagements. De nombreux intervenants ont témoigné de solutions innovantes pour poursuivre la transition de ce mode vers un modèle décarboné encore plus écologique.
Comme l’a rappelé Régine Bréhier, la France vise la neutralité carbone de la mobilité à l’horizon 2050 : "Il faut privilégier les transports alternatifs à la route. Haropa joue aujourd’hui un rôle actif dans la "fluvialisation" des schémas logistiques : création de ports, mise à disposition de foncier portuaire, mais aussi électrification des quais et installation de bornes pour les mariniers, etc.", a déclaré la directrice générale de Haropa.
Clarifier les mesures fiscales et réglementaires
Le ministère de la Transition écologique et solidaire a confirmé qu’il allait mettre en œuvre, dans quelques mois, un dispositif d’engagements pour la croissance verte destiné à clarifier les mesures fiscales et réglementaires prises par l’État pour favoriser l’innovation dans la filière fluviale.
Comme le révélait Thierry Guimbaud, directeur général de Voies navigables de France (VNF), "le transport fluvial est en capacité d’accueillir un trafic de fret 3 à 4 fois plus important qu’aujourd’hui sans qu’il y ait besoin de réaliser des investissements lourds, et il sait s’adapter, à la fois au type de marchandises et aux besoins du marché". De plus, "il permet de concentrer de gros volumes, qu’il est ensuite possible d’éclater en petites livraisons urbaines avec des véhicules zéro émission", constatait encore Olivier Jamey, président de la Communauté portuaire de Paris. Le mode fluvial apporte une réelle valeur ajoutée : en matière de logistique, les produits transportés peuvent être directement transformés ou conditionnés sur un bateau".
Des micro-quartiers livrés à vélo
C’est exactement le pari du projet Fludis, qui arrivera sur la Seine en septembre prochain. Ce concept de bateau-entrepôt, doté de deux propulseurs électriques alimentés par un groupe électrogène et une combinaison de batteries à motorisation, chargera ses marchandises à bonne distance du centre-ville.
Celles-ci seront triées à bord puis dispatchées par micro-quartiers livrés par des coursier à vélos à assistance électrique qui effectueront plusieurs boucles par jour. "Avec ce projet en type cross dock, on sort de la congestion. Avec un éloignement de plus de 15 km du barycentre, les camions qui seraient partis de l’entrepôt auraient mis 1 heure pour y entrer, 1 heure pour en sortir", détaille Gilles Manuelle, président de Fludis. La capacité d’emport est de 3 000 colis/jour.
Un accord de partenariat
A aussi émané de ce colloque le désir et le besoin de travailler davantage en synergie avec le secteur maritime, "l’un étant le prolongement de l’autre".
Dans ce sens, un accord de partenariat en faveur d’une croissance verte a été signé entre le Comité des armateurs fluviaux (CAF) d’une part et le Groupement des industries de construction et activités navales (Gican) et le Syndicat national des constructeurs et réparateurs de bateaux (SNCRB) de l’autre, le 18 juin dernier. Ce rapprochement doit permettre de renforcer le travail sur le verdissement des flottes.
Divers plans d'aides
Les plans d’aide visant à adapter la flotte fluviale de transport de marchandises aux exigences environnementales existent.
Parmis eux, le PAMI (Plan d’aide à la modernisation et à l’innovation) et le PARM (Plan d’aide au report modal), lancés et gérés par VNF, ont reçu la confirmation du soutien de la Région Île-de-France et celui de l’Ademe, qui contribuera au PAMI pour 4,26 M€. Ce plan a déjà financé 2 000 projets depuis 2008, à hauteur de 25 M€.
L'efficacité énergétique étudiée
L’Ademe a d’ailleurs mené une étude – plus complète que la dernière en date, de 2006, sur l’efficacité énergétique et environnementale du transport fluvial, dans la lutte contre le changement climatique.
Même si les résultats de cette étude montrent des progrès importants, conformément à la Loi relative à la Transition énergétique pour la croissance verte de 2015, les performances doivent néanmoins être encore améliorées.
C’est surtout en matière de massification, soit une fois le volume rapporté aux émissions de Co2, que ce mode est particulièrement performant par rapport au transport routier, un convoi fluvial de 5 000 tonnes équivalant à 250 camions.
Le financement en toile de fond
À plusieurs reprises s’est aussi posée la question du financement par la voix des banquiers : comment investir dans un projet selon qu’il est individuel ou collectif, en se positionnant comme investisseur ou actionnaire.
Quelle est l’articulation entre les différents acteurs et la visibilité sur le plus ou moins long terme ? C'était l'objet de la table ronde intitulée "Quels financements innovants pour accompagner le verdissement du secteur fluvial ?"