Les sociétés chargées de la gestion des ports fluviaux allemands dressent un contrat alarmiste de leur situation. La fédération du secteur, BÖB, a demandé lors de sa réunion annuelle à l’Etat fédéral des fonds publics pour aider à rénover les quais et les berges, une mesure nécessaire à ses yeux pour attirer davantage de trafic sur les voies d'eau, alors que le gouvernement a fait de la lutte contre le changement climatique l’une de ses priorités.
Environ 4 millions d’euros par an
Selon les calculs de la fédération, l’Etat fédéral devrait apporter une contribution supplémentaire d’environ 4 millions d’euros par an au cours des deux prochaines années. Les besoins grimperaient ensuite à environ 31 millions d’euros par an pendant deux à cinq années supplémentaires, puis environ 37 millions d’euros pour les cinq à dix années suivantes. Selon le BÖB, l’Etat devrait au total augmenter le soutien financier accordé aux ports au titre de la compensation des charges de 38 millions d’euros aujourd’hui, à 400 millions d’euros par an à terme. "Nous estimons que la stratégie portuaire nationale actuellement en cours d’élaboration serait un bon instrument pour renforcer la compétitivité des ports grâce à des mesures ciblées", explique le président du BÖB Joachim Zimmermann. A l’image des instruments mis par exemple en place par l’Etat pour développer l’électrification à quai.
Pour leur part les ports fluviaux soutiennent cette initiative nationale de développement de la navigation fluviale avec une centaine de mesures de réhabilitation en cours à travers le pays, souligne la fédération.
Un dossier qui divise
Le dossier de la navigation intérieure divise au sein de la majorité d’Olaf Scholz. Le ministre des Transports, le libéral Volker Wissing, qui ne croit pas en l’avenir du fluvial, mise avant tout sur le développement des routes pour faire face à l’augmentation attendue du volume des marchandises transportées dans le pays. "Notre proposition va dans le sens d’une plus grande égalité de concurrence pour les modes de transport respectueux de l’environnement que sont le rail et la navigation intérieure, estime Joachim Zimmermann. Pour ce faire, nous avons également besoin d’une approche cohérente de l’Etat fédéral et des Länder pour réduire la bureaucratie dans les procédures d’autorisation en vue de la planification, de la construction et de l’exploitation des installations de stockage et de transbordement."
Mais le ministère fédéral des Transports ne s’estime pour l’heure pas compétent. Selon lui, il n’appartient pas à l’Etat fédéral de financer les quais et les ports. "Les fonds alloués aux voies fluviales dans le budget fédéral sont passés de 1,3 Mrd d’euros en 2023 à 1,9 Mrd d’euros prévus dans le budget 2024, estime le secrétaire d’Etat au fluvial Olivers Luksis. C’est déjà un pas important."
