La start-up californienne Hyperloop Transportation Technology (HyperloopTT), l'une des trois sociétés engagée dans le développement de trains hyper rapides dans des tubes sous vide, a annoncé le 18 avril avoir signé son premier accord pour la mise en service d'une ligne commerciale entre Abu Dhabi et Dubaï, soit 10 km. "La ligne sera financée sur des fonds privés", indique la société sans préciser le montant de l'investissement. HTT annonce en général un coût du kilomètre de 16 à 32 M€ (contre 24 millions pour le TGV à titre de comparaison).
Un premier segment pour l'Expo 2020
L’accord a été signé avec Aldar Properties, le principal promoteur immobilier d'Abu Dhabi, propriété de la famille régnante. "Cet accord pose les fondations du premier réseau Hyperloop au monde, ici aux Émirats arabes unis. Notre ambition est de construire plusieurs lignes reliant Abu Dhabi, Al Ain, Dubaï et Riyad, en Arabie Saoudite, a déclaré Bibop Gresta, président d'HyperloopTT. "Grâce à l'appui réglementaire des autorités d'Abu Dhabi, nous espérons un premier segment opérationnel à temps pour l'Expo 2020", a-t-il ajouté. La ligne passera en effet près de l'aéroport international de Dubaï et du site de l'Expo 2020.
En visant une ouverture, même partielle dans deux ans, HyperloopTT s’est engagée dans une course contre la montre. La start-up vient tout juste de recevoir les premiers tronçons de sa piste d'essais, longue de 320 m, sur son site de R&D installé en banlieue toulousaine. Une seconde piste qui sera quant à elle grandeur nature, n’ouvrira qu’en 2019. Elle sera installée sur des pylônes, comme le seront les futures lignes Hyperloop. En parallèle, la première capsule sera livrée d’ici quelques mois. Elle sera assemblée et perfectionnée à Toulouse avant d'être mise en service aux Émirats arabes unis.
Le fret au second plan
La promesse initiale de franchir le mur du son, à plus de 1 200 km/h, semble oubliée. "Nous ne pouvons pas savoir tant que nous n'avons pas réalisé les tests, mais j'estime que la vitesse pourra aller aux alentours de 400 à 500 km/h", a récemment déclaré à La Tribune Dirk Ahlborn, Pdg d'HTT, en précisant que cette vitesse plus raisonnable permettra d’obtenir des coûts d’exploitation "très bas", sans donner plus de détails.
Les capsules de 4 mètres de diamètre seront capables de transporter à la fois des passagers et des conteneurs de fret, a détaillé M. Ahlborn. Ce dernier souligne que le modèle économique de l’Hyperloop repose, pour l’instant, sur le transport de personnes, car "il n'y a pas tant que ça de fret qui a besoin d'être transporté de manière aussi rapide". Pour autant, l’entreprise n’exclut pas de s’y intéresser. "Le transport de marchandises pourrait bientôt devenir une problématique et nous voulons réfléchir à une solution dans ce domaine", envisage M. Ahlborn.
Un accord en Ukraine
Mais l’Europe pourrait elle aussi connaître les joies de l’hypervitesse, avec un premier déploiement qui pourrait voir le jour en Ukraine. Ce pays aux confins de l’Europe vient en effet de signer un accord avec HyperloopTT pour l’étude d’un tronçon test de 10 km, sans qu’aucune date n’ait été avancée. Le projet devrait être financé par un partenariat public-privé. Reste à savoir qui voudrait se risquer dans cette aventure, aussi prometteuse, et risquée, que la construction du tunnel sous la Manche.