Le cinquième plan en faveur du développement du fret ferroviaire devrait être le bon s’il s’inscrit dans la durée. C’est ce qui ressort des commentaires des professionnels de la filière à l’issue de la présentation par Jean-Baptiste Djebbari, ministre délégué chargé des Transports, de la Stratégie Nationale pour le développement du Fret Ferroviaire.
Soixante-douze mesures concrètes
Dévoilée lors de l’ouverture de la Semaine de l’Innovation du Transport et de la Logistique le 13 septembre 2021, cette stratégie répond à l’objectif d’un doublement de la part modale du fret ferroviaire d’ici 2030 (de 9 à 18 %), inscrit dans la Loi portant lutte contre le dérèglement climatique.
Elle identifie 72 mesures concrètes, visant à répondre à quatre enjeux majeurs :
- assurer la viabilité des services et la pérennité du modèle économique des opérateurs de fret ferroviaire ;
- améliorer la qualité de service fournie par SNCF Réseau ;
- renforcer la performance des infrastructures permettant le développement du fret ferroviaire ;
- développer la coordination avec le portuaire et le fluvial.
Visibilité sur trois ans
Mais c’est au plan financier immédiat que cette stratégie suscite le plus de satisfaction. "Nous avions auparavant une visibilité sur un an. Maintenant, et à l’issue de la présentation des engagements de l’Etat en faveur du fret ferroviaire, nous en avons trois. Car ce dernier nous a confirmé que les aides annuelles de 170 M€ par an actées pour 2020 et 2021 allaient être prorogées jusqu’en 2024. C’est donc un début extrêmement prometteur mais cela n’aura de sens que si cet engagement financier totalement inédit est prolongé dans la durée", explique André Thinières, délégué général de l’association Objectif OFP.
Au sein des engagements précités figurent en bonne place les aides à la pince pour le combiné rail-route, aux sillons avec une réduction de leurs coûts de 50 %, au wagon isolé et au démarrage de nouvelles lignes d’autoroute ferroviaire. Toutes ces subventions permettront d’améliorer la compétitivité du rail, l’objectif poursuivi étant de rapprocher les coûts du ferroviaire de ceux de la route.
Incertitudes
À ces montants viennent s’ajouter ceux liés aux conventions de financement qui sont en train de se mettre en place avec les Régions pour financer les secteurs suivants : installations terminales embranchées et rénovation des voies portuaires des ports intérieurs, des lignes capillaires et des voies de service. D’un montant de 41 M€, les premiers budgets ont été envoyés aux DREAL.
Ce renouveau du fret ferroviaire ne pourra toutefois se réaliser que si la position de l’opérateur historique qu’est Fret SNCF reste forte. Or, ce dernier poursuit la contraction de son parc de locomotives, ce qui laisse augurer une nouvelle baisse de ses parts de marché.