Première française : VFLI s’équipe d’une locomotive hybride

Pour ses vingt ans d’existence, VFLI a signé là le plus gros contrat d’acquisition de matériels moteurs de son existence, son montant atteignant les 40 millions d’euros.

Crédit photo O. C.
VFLI s’engage dans la transition énergétique en se dotant d’une locomotive hybride. Ce sera le premier engin bimode à remorquer des trains de fret en France à partir de la fin de l’année. Le n° 3 des opérateurs de fret français derrière Fret SNCF et ECR vient par ailleurs de conclure une opération de croissance externe en rachetant la société Ecorail Transport.

Quatorze ans après l’apparition des premiers engins bimode (électrique et Diesel) sous forme de rames TER en France, une première locomotive hybride commencera à remorquer des trains de fret à partir de la fin de l’année. Et c’est finalement VFLI (Voies ferrées locales et industrielles) qui en sera la pionnière suite à sa décision d’acquérir une locomotive Eurodual auprès du constructeur helvétique Stadler.

Un contrat record

De type CC, "cette locomotive prototype sera capable à la fois de remorquer des trains de fret sous caténaires alimentées en 1 500 ou 25 000 V et sur lignes non électrifiées. Elle sera pour cela équipée d’un moteur Diesel Caterpillar C175 16 cylindres avec système SCR (injection d’urée et filtre à particules) développant une puissance de 2 800 kW (3 800 ch environ – Ndlr) et répondant à la norme de pollution la plus exigeante « Etape IIIB » et d’une motorisation électrique lui conférant une puissance de 6 000 kW, y compris sous ligne 1 500 V", explique Alain Ribat, directeur général de VFLI. Elle éliminera ainsi les longs parcours Diesel effectués sous caténaires faute d’installations terminales électrifiées.

Le contrat signé le 31 mai prévoit aussi l’acquisition de trois locomotives neuves Diesel de forte puissance (Euro 4001) auprès de Stadler et la location de neuf locomotives Diesel Euro 4001 pour des durées allant de cinq à dix ans auprès d’Alpha Trains. Pour ses vingt ans d’existence, VFLI a signé là le plus gros contrat d’acquisition de matériels moteurs de son existence, son montant atteignant les 40 millions d’euros.

L’entrée en service de cette première locomotive bimode pourrait progressivement débloquer l’utilisation de ce type d’engin réputé cher en France. Le prix d’une locomotive neuve est de l’ordre de 5,5 millions d’euros. Nul doute que les contrats en cours de discussion, notamment auprès d’opérateurs allemands, devraient en abaisser le coût d’acquisition. Ainsi devrait être éliminé progressivement le délicat problème de la desserte du dernier kilomètre (last mile).  

Une croissance externe pour se renforcer dans l’Ouest

Filiale de SNCF Logistics, VFLI vient également de conclure la reprise d’Ecorail Transport, autre filiale de SNCF Logistics. Possédant déjà 25 % des parts de cette société spécialisée dans le transport de granulats au départ des carrières de la région de Thouars (Deux-Sèvres), elle vient de racheter les 75 % restants auprès de Forwardis. Commentant cette acquisition, Alain Ribat souligne "qu’Ecorail Transport, qui ne changera pas de nom à cette occasion, va nous permettre de consolider nos activités dans le transport de granulats et de renforcer ainsi notre maillage territorial dans l’ouest de la France".

Ecorail Transport a réalisé un chiffre d’affaires de 13,5 millions d’euros en 2017 et compte un effectif de 44 salariés.

Une croissance compromise

Toutes ces bonnes nouvelles ne doivent pas, cependant, occulter les conséquences de la grève des cheminots. Pour VFLI, les pertes de chiffre d’affaires se montent déjà à plusieurs millions d’euros. Le dirigeant confirme qu’il "demandera des compensations financières auprès de SNCF Réseau. Ces sommes ne seront toutefois pas suffisantes pour combler les pertes que nous allons subir".

VFLI aura donc bien du mal à tenir ses prévisions de croissance de 5 % pour 2018, les mêmes que celles enregistrées effectivement en 2017. La société avait alors terminé sur un chiffre d’affaires de 154 M€ et surtout sur un septième exercice consécutif positif. L’EBITDA de 2017 s’est élevé à 10 millions d’euros, le résultat net ressortant à 4 millions d’euros.

Des ambitions à l’international

Pour autant, et grâce notamment à la Cellule de crise mise en place par SNCF Réseau, VFLI a fait face en mai 2018 à une situation moins mauvaise qu’au cours du mois précédent. Le travail réalisé avec SNCF Réseau a permis en particulier d’identifier les trains susceptibles d’être impactés par les débrayages des agents circulation et de trouver des solutions alternatives (changements d’horaires ou itinéraires de détournement).

Les nouveaux trafics, démarrés en 2018, peuvent donc être pour partie assurés. Ainsi en est-il des acheminements de produits chimiques assurés pour le compte de Solvay entre Pagny-sur-Meuse et Varangéville (Meurthe-et-Moselle). Idem pour le transport de clinker (constituant du ciment) pour un groupe de matériaux de construction entre Héming et Grand-Couronne, près de Rouen.

Enfin, VFLI effectuera pour la première fois une campagne sucrière pour le compte de Forwardis en septembre 2018. Possédant également des ambitions à l’international, secteur représentant 10 % de son chiffre d’affaires actuellement, VFLI entend bien doubler cette part dans les cinq ans à venir. Fort de la possibilité qui est donnée à ses locomotives Diesel de forte puissance de type Euro 4000 de pouvoir circuler sur le réseau belge, l’opérateur discute actuellement avec des chargeurs d’outre-Quiévrain. 

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