Le Mexique veut accélérer la construction d’une liaison commerciale par rail entre le Pacifique et l’Atlantique, alternative au canal de Panama. Le ministère de l’Economie de Mexico vient d’annoncer avoir lancé les premiers appels d’offre pour des parcs industriels, le long d’une future ligne ferroviaire de 300 km en travaux, qui doit rejoindre les deux côtes du pays à l’endroit le plus étroit du Mexique.
Le "corridor interocéanique", à travers l’isthme de Tehuantepec - qui doit relier en six heures le port de Salina Cruz sur le Pacifique à Coatzalcoalcos sur le golfe du Mexique - est présenté par le président Andres Manuel Lopez-Obrador comme une "alternative au canal de Panama". Outre la voie ferrée, le corridor comprendra un gazoduc et une ligne de fibre optique.
Rendre le sud plus attractif pour l’industrie
C’est l’un des plus grands projets d’infrastructure du gouvernement mexicain. Il doit contribuer au développement du sud du Mexique. Depuis la conclusion d’un accord de libre échange nord-américain entre les Etats-Unis, le Canada et le Mexique, entré en vigueur le 1er janvier 1994, de nombreux investisseurs étrangers - dont les constructeurs Volkswagen et BMW - se sont installés au Mexique afin de pouvoir exporter sans droits de douane, essentiellement vers les Etats-Unis. La plupart de ces parcs industriels se trouvent dans le nord du pays. Le projet du gouvernement mexicain est de rendre le sud plus attractif pour l’industrie, mais il se heurte souvent à des résistances locales.
Six appels d’offre ont été annoncés, sur les dix prévus pour les parcs industriels qui devraient voir le jour dans les Etats de Veracruz et d’Oaxaca, lors d’une réunion avec des investisseurs potentiels et des chambres de commerce.
D’importantes répercussions sur l’infrastructure portuaire
Le projet de voie ferroviaire aura également d’importantes répercussions sur l’infrastructure portuaire du Mexique. "Les ports de Salina Cruz et de Coatzacoalcos seront à terme les plus grands ports du Mexique", a déclaré Raquel Buenrostro, la secrétaire d’Etat à l’Economie. Dans le cas de Salina Cruz (8,4 millions de tonnes en 2022, en recul de 2 % sur un an), le gouvernement mexicain construit un nouveau port, avec un brise-lames de 1 600 mètres, qui sera le plus profond des Amériques, avec un tirant d'eau de 24 mètres, et qui pourra accueillir des navires de plus de 22 000 conteneurs et des navires de 2 millions de barils. "À Coatzacoalcos, il y a déjà deux navires transbordeurs. Cela nous amène donc à 110 à 135 wagons, ce qui nous donne une grande mobilité, en particulier vers les régions de l'Alabama et de la Floride", explique Raquel Buenrostro.
A l’heure actuelle, les plus grands ports du pays sur le Pacifique sont Manzanillo (34,4 millions de tonnes en 2022, en baisse de 1,3 % sur un an) et Lazaro Cardenas (30 millions de tonnes, en hausse de 6,4 %). Sur l’Atlantique, les principaux ports du pays sont Veracruz (34 millions de tonnes, + 7 % en 2022) et Coatzacoalcos (32,3 millions de tonnes, + 16 %). Le Mexique compte 102 ports sur son littoral et 15 terminaux offshore.