Une grève dure se profile dans les chemins de fer allemands, après l’échec surprise des négociations tarifaires entre Deutsche Bahn d’une part et le syndicat EVG d’autre part. Celui-ci a finalement jeté l’éponge, alors qu’un accord semblait pourtant acquis. "EVG rejette un accord presque terminé et remet tout à zéro juste avant l'objectif, déplore le directeur du personnel de la DB Martin Seiler, dans un communiqué. Un accord était à portée de main, 140 pages de texte tarifaire sont déjà prêtes. Ce qui se passe maintenant est incroyable."
Des grèves d’avertissement pas exclues
Faute d’un accord après un énième round de négociations fin juin, EVG avait en effet annoncé vouloir lancer une consultation de sa base, appelée à se prononcer sur une grève illimitée. Dans un premier temps, des grèves d’avertissement ne sont pas exclues. La détermination des salariés à paralyser le trafic semble acquise, tant pour les passagers que pour les marchandises.
Deutsche Bahn s’attend à de fortes perturbations en cette période de début des vacances scolaires dans le pays. "Notre dernière grève illimitée remonte à 31 ans, nos caisses de guerre sont bien remplies", rappelle Martin Burkert, le président d’EVG. En Allemagne, les salariés en grève continuent à percevoir leur rémunération, payée par leur syndicat sur des caisses constituées à cet effet à partir des cotisations.
Un minimum de 650 € de hausse par mois
Rarement les négociations tarifaires auront duré aussi longtemps autour de Deutsche Bahn. Depuis février, direction et syndicat tentent de trouver un compromis sur les salaires. A deux reprises depuis le début de l’année, les salariés de Deutsche Bahn ont lancé un mouvement de grève pour tenter de faire pression sur la direction, dans un contexte de forte inflation. Le syndicat EVG, le principal de la branche, réclame 12 % de hausses de salaires pendant 12 mois pour 230 000 salariés du secteur des transports, dont 180 000 chez Deutsche Bahn. Les exigences du syndicat portent sur un minimum de 650 € de hausse par mois pour les plus bas salaires.
Deutsche Bahn propose de son côté 12 % de hausses pour les plus faibles revenus, 10 % pour les revenus moyens et 8 % pour les revenus les plus élevés, ainsi qu’une compensation unique de 2 850 € non imposables en deux tranches, pour faire face à l’inflation. L’offre de Deutsche Bahn, qui étale les hausses sur deux ans, est jugée insuffisante par le syndicat. "Les gens ont besoin d’argent tout de suite", insiste Martin Burkert, alors que le niveau de l’inflation est supérieur à 10 % dans le pays.
La pression monte
La pression monte sur les négociateurs de Deutsche Bahn, alors que EVG vient d’annoncer la signature d’un accord avantageux pour les salariés avec Transdev, un collectif patronal représentant les sociétés de transports en commun régionales et locales de plusieurs Länder allemands comme la Bavière, la région de Hanovre ou le sud-ouest du pays. L’accord prévoit une prime de compensation de l’inflation de 1 400 € et une augmentation de salaires comprise entre 220 et 420 € par mois, selon l’ancienneté. "Deutsche Bahn doit suivre l’exemple de Transdev", exige Cosima Ingenschay, membre du comité de négociation du syndicat EVG.
