Il suffit de prendre pour référence l’atlas des lignes ouvertes au trafic marchandises (édition de janvier 1964) pour se rendre compte de l’état de délitement de ce réseau en Bretagne. L’initiative prise par le collectif "Centre-Bretagne en Train" n’en est que plus louable. Le but de ce collectif qui regroupe, entre autres, cheminots, syndicalistes, partis politiques et membres de l’association CFCB (Chemin de fer du Centre-Bretagne) est d’aboutir à une modernisation complète de la ligne. Cela permettrait de restaurer des liaisons voyageurs abandonnées depuis des décennies et de renforcer le trafic fret existant.
Un trafic fret d’importance
Ce trafic fret n’existe que sur une partie de la ligne. Les trains complets de céréales ne circulent que sur sa partie sud, soit Saint-Gérand - Auray via Pontivy. Les trains de 2 000 tonnes alimentent l’usine de Sofral Le Gouessant à Saint-Gérand (Morbihan), qui reste à ce jour le client historique de la ligne. Cette entreprise a désormais été rejointe par Sanders à Saint-Gérand, toujours dans le domaine des céréales pour la production d’alimentation animale. Selon Jean-Philippe Van Walleghem, nouveau propriétaire de la gare de Pontivy, "Pontivy est aujourd’hui la seconde gare fret de Bretagne derrière Lamballe, avec un tonnage annuel compris entre 250 et 300 000 tonnes par an".
Les trains arrivent chargés chez Sofral Le Gouessant et Sanders et redescendent à vide vers Saint-Pierre-des-Corps (37) via Auray. Les clients embranchés reçoivent des céréales pour en faire de l'alimentation animale.
Pour autant, il reste des potentiels de croissance du trafic fret que les membres du collectif entendent bien valoriser. À commencer par toute la zone située au nord de la ligne. "Nous visons notamment la zone industrielle des Châtelets située sur la commune de Ploufragan. On y retrouve des logisticiens ainsi que plusieurs entreprises qui pourraient être intéressées par le report modal. L’entreprise de nutrition animale Le Men, implantée à Saint-Brandan, pourrait également marquer un intérêt pour le rail si la partie suspendue au trafic fret est revitalisée. Une fois réalisée la modernisation de cette ligne à voie unique, les trains de fret pourraient circuler à la vitesse de 50 à 60 km/h", indique Simon Brunet, cheminot et membre fondateur du collectif.
150 millions d’euros à réunir
Ce ne sera certainement pas le moindre des challenges que le collectif va devoir relever. Celui de trouver des financeurs pour la modernisation de cette infrastructure longue de 127,9 km. Qui est estimée à environ 150 millions d’euros. La Région Bretagne a bien engagé une dizaine de millions d’euros ces dernières années pour maintenir l’exploitation de la ligne, mais elle n’entend pas aller au-delà pour l’instant. Peut-être que les mesures de compensation promises à la Bretagne suite à l’abandon du projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes pourraient constituer une voie possible, tout comme les nouveaux moyens financiers qui seront alloués dans le cadre du prochain plan de relance du fret ferroviaire.