C’est en plein cœur de l’été 2023 que l’association Objectif OFP a publié un manifeste pour une logistique verte indispensable au projet de réindustrialisation de la France. Son sous-titre ne laissait place à aucune interprétation puisqu’il s’intitulait : "Redécouvrons le fret ferroviaire". Sans doute ce message était-il adressé aux tenants du tout routier. Pourtant, et comme le souligne, André Thinières, délégué général de l’association Objectif OFP, "les besoins de transport de marchandises augmentent régulièrement et le seuil de l’intolérance routière est atteint. Il existe même des projets d’électrification des voies de droite des autoroutes !"
S’adapter au temps long
C'est ce document qui constitue en quelque sorte la trame de la prochaine journée OFP le 28 novembre 2023 comporte cinq volets. Le premier est relatif à la finalisation et au vote d’une loi de programmation. Celle-ci est d’autant plus nécessaire que le ferroviaire s’inscrit dans un temps long. Il convient donc, selon les promoteurs du Manifeste, que "la loi de programmation des investissements et des aides allouées au fret ferroviaire soit pluriannuelle, à minima cinq ans, avec une orientation pour cinq années supplémentaires".
Le second volet est tout aussi important, puisqu’il concerne la conception d’un contrat de Performance du Réseau novateur. Mais pour André Thinières, "on est loin du compte puisque le document signé en avril 2023 mais non publié à ce jour organise une limitation de l’investissement dans le réseau ferré. Il n’est donc pas du tout en ligne avec les objectifs de la Stratégie Nationale de développement du fret ferroviaire qui prévoit, un doublement de la part du rail d’ici 2030". En revanche, il y a eu des avancées notables sur le troisième volet intitulé : "développer le combiné rail-route". Le plan directeur de création de 15 nouvelles plateformes de transport combiné est en cours de préparation.
Les lignes capillaires à l’origine de 40 % du fret ferroviaire français
Constituant le quatrième point, la réhabilitation de l’ancrage régional et portuaire du fret ferroviaire ne constitue pas, semble-t-il, une priorité pour les décideurs. Pourtant, les lignes capillaires sont à l’origine de 40 % du fret ferroviaire français. Le Manifeste demande à l’Etat et à SNCF Réseau de définir une politique réaliste et raisonnable sur les lignes de desserte fine qui sont indispensables à la connexion des territoires à l’Europe.
Enfin, et comme l’explique André Thinières sur le cinquième volet du Manifeste, "si on veut avoir une logistique verte et européenne, il faut prendre la dimension d’une desserte ferroviaire qui évite beaucoup d’externalités négatives".
Visiblement, cette prise de conscience n’est pas encore avérée puisque les suspensions de service pour cause de mauvais état des lignes concernées se poursuivent. La dernière en date concerne Provins-Villiers-Saint-Georges. Plusieurs dizaines de milliers de tonnes annuelles de céréales vont ainsi repasser à la route.
