Le fret ferroviaire a non seulement bien traversé la crise sanitaire actuelle mais il a également préparé les fondements de son futur développement. Au travers d’une union sacrée qui constitue une première dans la filière, tous les acteurs se mobilisent, en effet, actuellement dans le cadre de l’élaboration du plan 4F ou "fret ferroviaire français du futur".
Doubler la part actuelle
Fruit des réflexions de non moins de 16 groupes de travail, 4F constitue, à quelques points près, le futur plan de relance du fret ferroviaire. Présenté à la DGITM dans le courant de la seconde quinzaine de ce mois de juin, ce plan est ambitieux. Il vise à faire passer la part modale du fret ferroviaire de 9 % actuellement à 18 % à l’horizon 2030. Pour autant, la France sera encore en retard sur ses homologues européens à cette échéance, la part prévue par les acteurs rassemblée autour de l’initiative Rail Freight Forward étant de 30 % ! Pour l’heure, les différents acteurs de 4F (Fret SNCF, SNCF Réseau, Entreprises ferroviaires, AFRA, Objectif OFP, GNTC, AFWP, TLF, FIF,…) sont quelque peu réticents pour exposer plus avant les quelque 100 initiatives réparties dans une vingtaine d’axes de travail.
Pour autant, et comme l’indique Pascal Sainson, président de la commission fret ferroviaire de l’Association Française du Rail (AFRA), "il convient de réaliser des investissements sur le réseau afin de permettre aux convois de fret d’emprunter des itinéraires de contournement des grandes villes. Cela pourrait concerner en premier lieu Lyon. Il y a aussi des mesures sur les péages, l’aide à la pince pour le transport combiné rail-route et la circulation de trains longs. Pour ces derniers, il faut donc aller au-delà des 850 mètres existants. Enfin, le développement du transport combiné qui représente déjà 26 % de l’activité fret doit être accompagné, notamment par la création de nouvelles plateformes implantées là où les besoins le nécessitent. Ainsi, le trafic de cette branche du fret ferroviaire pourrait être multiplié par quatre en l’espace de 10 ans seulement".
L’inconnue des financements
Là où le bât risque de blesser, c’est sur le niveau d’investissement qui sera requis pour parvenir à l’atteinte des 18 % de part modale précités. Les acteurs du plan 4F ne s’en émeuvent pas en soulignant que "les externalités économiques (congestions des routes, émissions de CO2, …) se monteront à plus de 10 milliards d’euros sur la durée du plan."
Dans un contexte budgétaire devenu encore plus délicat du fait des conséquences de la crise sanitaire actuelle, le Gouvernement devra rendre des arbitrages - ne correspondant peut-être pas pleinement aux attentes des acteurs de 4F - lorsqu’il présentera effectivement le plan de relance du fret ferroviaire français d’ici à la fin de l’année 2020.