Faire payer le juste prix avec une qualité de service irréprochable pour maintenir une croissance rentable de ses activités, tel est le crédo encore appliqué avec succès par Europorte en 2022. Il en a résulté un sixième exercice bénéficiaire consécutif, la marge d’exploitation brute s’élevant à 29 M€ (+ 4 %). Le chiffre d’affaires a dans le même temps progressé de 5 %, à 137 M€.
L’exercice 2022 a donc été conforme au budget prévisionnel malgré l’impact énergétique. Achetant directement son énergie électrique auprès d’EDF, Europorte a ainsi été en mesure de limiter les effets de cette hausse. Celle-ci a cependant été exponentielle puisque le coût du MWh est passé de 47 € en 2021 à 235 MWh en 2023.
Une hausse non compensée
À l’instar de nombre de ses homologues, Raphaël Doutrebente, président d’Europorte, "attend toujours une aide de l’Etat concernant l’énergie. Nous avons rencontré le ministre des Transports, Clément Beaune, à cet effet courant novembre 2022. Depuis, rien n’a bougé et nous le déplorons. Nous pensons que ce silence présente un lien avec l’enquête de la Commission européenne sur Fret SNCF. Cela empêche donc les entreprises ferroviaires françaises de bénéficier de réductions sur le coût de l’énergie ".
Moins touché que d’autres opérateurs se fournissant directement auprès de SNCF Réseau, Europorte a également profité de son positionnement sur le fret conventionnel en 2022. Sa seule incursion sur le marché intermodal s’est arrêtée au bout de trois mois d’exploitation. Pourtant, le patron d’Europorte n’exclut pas "de revenir sur l’intermodal si on crée de la valeur sur de nouveaux flux". Cela pourrait intervenir dès 2023 à la faveur de la mise en place de nouveaux trafics reliant l’Espagne ou l’Italie au Royaume-Uni via le Tunnel sous la Manche. L’entreprise ferroviaire a d’ores et déjà pris les devants en ayant finalisé l’acquisition récente de wagons Megafreight.
Une double croissance externe
Représentant une source de croissance importante, le trafic international reliant principalement l’Allemagne à la Belgique via la France pourrait s’amplifier lors d’une prochaine opération de croissance externe réalisée en Allemagne. Déjà, Europorte travaille à adapter ses locomotives pour les équiper de l’ETCS 3. Obligatoire en Belgique à partir du 1er janvier 2026, ce système de sécurité de bord de la locomotive communiquera avec le nouveau système de signalisation européen ERTMS 2. Il concernera huit locomotives au total.
En attendant, et grâce à l’extension du parc d’Euro 4000 alimentées avec de l’Oleo 100 (100 % colza), Europorte poursuivra la réduction de ses émissions de gaz à effet de serre cette année. La part de l’Oleo 100 sur l’ensemble des t/km transportées en traction thermique atteindra 23 % d’ici fin 2023.
D’ici là, une autre opération de croissance externe devrait avoir été officialisée. Dans le cadre du renforcement de ses interventions dans les infrastructures et les installations terminales embranchées, Europorte prévoit en effet que l’activité de sa filiale Socorail sera multipliée par cinq d’ici à 2030.