L’année européenne du rail commence mal en Région Auvergne-Rhône-Alpes. En prolongement d’une demande présentée par la Communauté de Communes de Creuse Confluence et Montluçon Communauté en mars 2019, une section de l’ancienne ligne Eygurande/Merlines/Montluçon – fermée à tous trafics depuis le 1er mars 2008 –pourrait être prochainement déclassée. Cela entraînerait la transformation de 28 des 93 km de la ligne à voie unique en voie verte.
Un courrier au ministre des Transports
Ce changement d’usage annihilerait l’existence d’un projet de relance du trafic fret par l’opérateur ferroviaire de proximité (OFP) Combrail. Depuis 2016, celui-ci assure l’acheminement de 40 000 tonnes annuelles de bobines de papier et de déchets carton sur la section de ligne Courpière-Giroux (Puy-de-Dôme). Par l’intermédiaire de son gérant fondateur, Frédéric Brohan, l’OFP vient donc d’adresser un courrier au Ministre délégué chargé des Transports, Jean-Marie Djebarri. "Nous demandons, en effet, que la section de ligne ne soit pas déclassée, ni déferrée compte tenu de l’existence de notre projet. Nous souhaitons, par ailleurs, que toutes les parties prenantes soient réunies afin que soit examinée la remise en état de l’ensemble de la ligne. Enfin, nous rappelons ici que cette ligne était parfaitement armée pour voir passer des trains chargés à 22,5 tonnes à l’essieu et que ses ouvrages d’art ne nécessitent pas de travaux particuliers de remise en état."
Sur la seule section Evaux-les-Bains/Montluçon, les travaux de remise en état sont estimés à 125 millions d’euros (M€) par SNCF Réseau. Une expertise de la voie réalisée en 2011 aux frais du créateur de Combrail avait, pour sa part, évoqué une enveloppe financière limitée à 3,7 M€. Interrogée quant à ce déclassement éventuel, SNCF Réseau indique que "si la consultation aboutit à la fermeture de la ligne, les travaux d’aménagement de la section Evaux-Montluçon sont prévus pour 2022 ".
Un potentiel de 125 000 tonnes par an
À l’heure où il est donné aux Régions la possibilité de pouvoir prendre en charge le sort de leurs dessertes fines du territoire, ce dossier pourrait connaître des suites. D’autant que des contacts pris au cours de cette même année 2011 avaient révélé un potentiel de trafic de l’ordre de 125 000 tonnes par an. Il émanait de la desserte terminale SMDA (Eaux du Mont-Dore), de l’usine d’embouteillage Aquamark à Laqueuille et de la Carrière du Thym à Moutier-Rozeille.
Cette dernière aurait pu mettre en place des navettes par camion entre son site et la gare de Létrade (Creuse), distante d’une vingtaine de kilomètres. À ce trafic aurait pu s’ajouter celui émanant de trois scieries locales implantées à proximité immédiate de Létrade. La remorque de l’ensemble de ces trains aurait, alors, été confiée à Combrail qui postule aujourd’hui pour la reprise de trafics régionaux délaissés par l’opérateur historique.