Europorte parvient à consolider sa croissance rentable d’année en année. En dépit de énièmes mouvements sociaux qui lui ont fait perdre pas loin de 4 millions d’euros (M€) à partir de début décembre 2019, l’entreprise ferroviaire est parvenue à rester bénéficiaire pour la troisième année consécutive. Si le bénéfice est modeste à 1 M€ sur un chiffre d’affaires en croissance de 4,54 % à 126,5 M€, l’EBITDA est, en revanche, beaucoup plus spectaculaire. Il a tout simplement triplé à 24 M€ l’année passée. Il avait déjà progressé d’un tiers en 2018.
Des contrats confortés
Europorte a consolidé et renouvelé une partie de ses contrats majeurs en 2019. C’est en particulier le cas pour ceux liés à la partie chimie du groupe Total. Conséquemment, les tonnages acheminés pour ce chargeur ont augmenté d’une manière extrêmement sensible. Les renouvellements de contrats – de l’ordre de 3 ans en moyenne – ont également concerné Gefco l’année passée. Cela se matérialise notamment par des extensions de desserte vers la Belgique effectives depuis début 2020. L’Allemagne est également concernée par une hausse d’activité.
Au-delà de ces renouvellements, de nouveaux contrats ont également été remportés en 2019. Ceux réalisés pour le compte de Lyondell et Ineos confortent à nouveau l’activité réalisée par Europorte dans le secteur de la chimie. Enfin, un contrat céréalier majeur devant débuter au cours du premier semestre 2021 nécessitera l’embauche d’une quinzaine de personnes supplémentaires cette année.
Travailler au plan de relance
Non exempte de nouvelles inconnues dont celle liée au COVID-19 n’est pas l’une des moindres, l’année 2020 sera assurément une année charnière pour Europorte. Aux côtés de l’ensemble des acteurs de la filière, l’opérateur travaille, en effet, depuis janvier 2020 à l’élaboration du plan 4F. Derrière cet acronyme signifiant "fret ferroviaire français du futur" se cache le futur plan de relance du fret ferroviaire que le Gouvernement doit présenter d’ici la fin de l’année.
Ses objectifs sont très clairs puisqu’il s’agit de passer d’une part modale de 9 % actuellement à 18 % d’ici à 2030. "Ce qui est nouveau dans cette démarche, c’est que tout le monde travaille ensemble. C’est incontestablement une première et nous nous inspirons, à cette fin, du travail réalisé dans le cadre de Rail Freight Forward", se félicite Pascal Sainson, président de la holding Europorte.
Parmi les mesures qui pourraient potentiellement voir le jour figure celle de demander à l’État de réserver des sillons de qualité pour les trains de marchandises. En clair, il faut que le fret ferroviaire cesse d’être le parent pauvre des circulations réalisées sur le Réseau Ferré National (RFN) géré par SNCF Réseau.
Union sacrée
Désireux de s’unir sous une même bannière, les acteurs du secteur (entreprises ferroviaires, opérateurs de fret de proximité, membres du Groupement national des transports combinés (GNTC) et de l’Association française du rail, etc) soulignent également que "des investissements seront aussi nécessaires, estimés à plusieurs centaines de millions d’euros".
Jean-Pierre Farandou, nouveau patron de la SNCF, se montre, pour sa part, tout aussi volontariste en indiquant : "Ce n’est pas un mystère si les autrichiens ont 30 % de parts de marché, c’est que le gouvernement autrichien les aide". En attendant, Europorte ainsi que les autres acteurs du fret ferroviaire concernés attendent les mesures compensatoires liées à l’impact des récents mouvements sociaux pour leur "permettre de repartir du bon pied", selon les mots de Pascal Sainson.