Au rang des sujets constituant des sources de préoccupation pour les dirigeants d’entreprises ferroviaires (EF) spécialisées dans le fret ferroviaire figure assurément le recrutement. Ces derniers sont tous unanimes - à l’exception de Fret SNCF qui vient tout juste de stabiliser ses effectifs après avoir perdu plus de 10 000 emplois depuis le début des années 2000 - pour confirmer que la difficulté à recruter peut engendrer un ralentissement de leur développement.
Deux sources
Pour l’heure, et en l’absence d’une formation diplômante de l’Education Nationale, les besoins de recrutement font appel à deux sources. La première passe par le recrutement de personnels déjà formés chez des concurrents. La seconde consiste pour les EF possédant déjà une taille critique à former les personnels dont ils ont besoin.
Le coût pour un conducteur est pour le moins conséquent puisque la somme à engager est de l’ordre de 35 à 40 000 euros. En outre, cette formation dure un an. Elle est beaucoup plus courte pour les agents au sol. Sa durée est de l’ordre d’une quarantaine de jours.
300 à 500 conducteurs par an
Comme l’explique Philippe François, nouveau président de l’association Objectif OFP, "il va manquer entre 300 et 500 conducteurs par an pour faire face au doublement du trafic fret à l’horizon 2030 et aux besoins liés à la pyramide des âges. Les besoins seront toutefois moindres pour les agents au sol dont certaines des tâches ont vocation à être automatisées. Il conviendrait donc que des mesures soient prises afin que les recrutements soient au rendez-vous de la croissance. "
La Région Bourgogne-Franche-Comté a déjà montré la voie en finançant des formations dans le cadre de la formation continue. Cet engagement a permis de former 80 conducteurs en huit ans. D’autres Régions pourraient s’inscrire dans ce dispositif permettant à des demandeurs d’emplois de retrouver du travail.
"Les Opérateurs de Compétences (OPCO) doivent également être mis à contribution au niveau de chaque Région car ils disposent de fonds pour la formation continue", ajoute Magali Senaux, prestataire formation ferroviaire chez MSFormaPresta. Les fonds ne semblent donc pas manquer pour accompagner les besoins de formation du personnel du fret ferroviaire, Philippe François ajoutant que "les financements doivent être fléchés vers des métiers qui possèdent des débouchés".
Sensibiliser les jeunes
En attendant, les EF font preuve de pragmatisme en privilégiant la polycompétence de leurs personnels. Cela leur donne la flexibilité nécessaire pour couvrir des postes de conducteurs ou d’agents au sol suivant les besoins du plan de transport au quotidien.
À plus long terme cette fois, le fret ferroviaire ne semble pas devoir faire l’économie d’une campagne de médiatisation pour sensibiliser les jeunes aux métiers de cette filière en plein développement. D’autant que les postes précités sont des emplois stables et non délocalisables. Ils offrent, par ailleurs, des perspectives d’avancement professionnel, la pyramide des âges rendant encore plus facile l’accès à des postes à responsabilité bien rémunérés. Toutes ces opportunités seront transposables au personnel féminin dont les effectifs représentent déjà un peu plus de 20 % des effectifs des EF.