Preuve de l’intérêt croissant apporté au fret ferroviaire, les journées consacrées à cette thématique se multiplient. Organisée par SNCF Réseau en Région Grand Est, la dernière en date s’est tenue à Strasbourg le 11 octobre 2018. Non moins de 160 participants avaient fait le déplacement de toute la France et des pays limitrophes, ainsi que, pour la première fois, des représentants des Chemins de fer russes.
Nouveau souffle
Cette seconde édition a permis de confirmer les nouveaux rapports constructifs qui se mettent en place entre SNCF Réseau et ses clients. Les entreprises ferroviaires et les chargeurs se sont d’ailleurs félicités des mesures prises pour faciliter l’écoulement du trafic fret durant les mouvements sociaux du printemps 2018. Ainsi, Alexandre Gallo, directeur de la production d’Euro Cargo Rail (ECR), a précisé lors de la première des deux tables rondes que "73 % des trains avaient circulé durant cette période". Lineas France, par la voix de son directeur Olivier Deprez, a, de son côté, indiqué que "le taux de circulation avait progressé de 5 % à 85 % par rapport aux premières prévisions établies".
L’atteinte de ces résultats n’aurait pas été rendue possible sans la mise en place par SNCF Réseau du guichet unique, celui-ci ayant continué de fonctionner jusqu’à mi-juillet 2018. "À partir de ce point réalisé quotidiennement, il y avait une vision claire des postes d’aiguillages ouverts. Nous étions donc en mesure de réadapter le plan de transport tout en minimisant les impacts sur la réalisation des travaux sur le réseau", explique Marc Bizien, directeur territorial SNCF Réseau Grand Est. Avant d’ajouter que "ce guichet unique a fonctionné en parfaite coordination avec les services de l’État. Nous étions en effet en interface permanente avec les préfectures".
Nul doute que le programme Nouvel’R de SNCF Réseau commence, ici, à produire tous ses effets. Mais il n’est pas le seul facteur explicatif de la nouvelle dynamique qui semble s’amorcer dans le secteur du fret ferroviaire. Il y a aussi l’impact positif des mesures prises par l’État. L’aide au coup de pince en faveur du transport combiné et le soutien financier aux lignes capillaires fret en constituent deux bons exemples.
Mesures spécifiques en Grand Est
S’agissant des mesures plus spécifiques prises par la Région Grand Est où 31 % des trains/kilomètres concernent le fret ferroviaire, elles sont multiples. À commencer par le programme Cap Fret, lancé il y a moins d’un an. Son objet est d’aider au financement des lignes capillaires fret et des raccordements des clients embranchés. "Nous menons par ailleurs un travail d’accompagnement et d’aides pour les chargeurs. Nous avons ainsi accompagné un chargeur pour sortir de son embranchement et avoir accès au Réseau Ferré National (RFN). Nous nous tenons aussi aux côtés d’une petite entreprise ferroviaire qui souhaite s’implanter sur la zone frontalière Lorraine courant 2019. Nous avons enfin piloté la remise en état des voies de service sur sept faisceaux et deux cours marchandises" détaille Marc Bizien.
Il est aussi des mesures simples à mettre en œuvre. C’est ce qui a été fait lors des périodes de fortes chaleurs. Pour minimiser leur impact sur les circulations ferroviaires empruntant les lignes capillaires fret, il a été décidé de décaler les sillons en début et en fin de journée. Cela a impliqué l’adaptation des heures d’ouverture des postes d’aiguillages.
La France en retard sur les corridors fret
Invitée en tant que coordinatrice du corridor Mer du Nord - Baltique à s’exprimer durant la seconde table ronde, l’ancienne ministre Catherine Trautmann a tenu à souligner toute l’importance des corridors fret. Et la France est en retard dans ce domaine, le maillage des corridors étant très inférieur à celui existant dans l’est de l’Europe.
Aussi, deux types d’actions concrètes ont été lancés par SNCF Réseau. Le premier concerne l’appropriation du sujet du gabarit P400 car, là encore, la France est en retard. Le second réside dans les langues utilisées sur les sections frontières. Cela a constitué un épineux problème lors des déroutements découlant de l’interruption des circulations à Rastatt (Allemagne). Tant et si bien que seuls 10 % des sillons mis en place sur la ligne Lauterbourg-Strasbourg ont effectivement été utilisés. "Nous avons donc démarré un groupe de travail avec les chemins de fer allemands (DB) pour mettre en place de nouvelles façons de fonctionner sur les sections frontières", conclut Marc Bizien.