L’année 2022 fut déterminante pour l’aéroport Marseille-Provence non pas pour le fret, en retrait de 5 % par rapport à 2021, mais davantage pour la célébration du centenaire de la création du "port aérien" de Marignane, sur les rives de l’Étang de Berre, le 22 octobre 2022.
Cent ans plus tard, la plate-forme, malgré les turbulences conjoncturelles, caracole au premier rang des aéroports de province en France pour le fret — devant Lyon et Toulouse — et en pole position en Méditerranée occidentale pour le fret express. Tel Aviv étant leader sur la zone Méditerranée orientale.
Fedex se désengage
Sur les 53 716 tonnes manutentionnées en 2022, 48 250 tonnes proviennent du fret express (- 5,9 %) et 5 466 tonnes de fret traditionnel (+ 3 %). L’année a été marquée par le désengagement de Fedex sur le tarmac phocéen avec l’arrêt des cinq rotations hebdomadaires en B 737-400 sur Liège à compter de mars. Seul demeure l’axe Marseille-Roissy à raison de cinq vols par semaine en B 737-400 (16 tonnes d’emport).
Fedex, qui en 2019 drainait à elle seule 10 000 tonnes sur la plate-forme, se retrouve reléguée en quatrième position avec 2 132 t, derrière DHL (17 977 t, + 1,5 %), Chronopost Colissimo (16 078 t, - 1,5 %) et UPS (12 063 t, - 9,9 %). L’expressiste américain a fait les frais de la reprise d’activité des lignes régulières longs courriers entre l’Europe et les États-Unis. "Après une excellente année 2021 pour le commerce en ligne, nous avons ressenti une hausse d’activité lors de la "peak season" plutôt fluide et étalée entre le 15 novembre et le 25 décembre. Les consommateurs ont perdu du pouvoir d’achat et procèdent à des arbitrages dans leurs dépenses. Pour 2023, nous sommes inquiets en raison de la baisse de la dynamique chinoise et des annonces de récession en Italie, partenaire commercial de la région Sud, et en Allemagne, partenaire économique de premier plan de la France", analyse Jean-Marc Boutigny, responsable fret d’Aéroport Marseille-Provence.
Dynamisme des forages sur Hassi Messaoud
En 2022, le segment de fret traditionnel a été marqué par l’envol de l’activité d’Air Algérie à double titre avec, d’un côté, la reprise progressive des vols mixtes avec la levée des restrictions et surtout l’impact de la guerre en Ukraine sur l’énergie, notamment l’arrêt des imports de gaz russe. "2022 a été dynamique sur Hassi-Messaoud pour le transport de matériel pétrolier. Nous avons recensé 1 454 mouvements d’avions cargo (B 737 cargo) en 2022 contre 1 105 en 2021", observe Jean-Marc Boutigny.
Si Air Corsica a maintenu ses volumes d’une année sur l’autre (1 478 t, + 1,1 %), en revanche les nouvelles règles européennes interdisant aux compagnies d’exploiter des appareils P-Freighter à compter d’août 2022 ont impacté l’activité d’Ethiopian Airlines en recul de 55 % avec 747 t. 2022 a sonné le glas des vols en Union Européenne pour les AN 124 russes désormais remplacés par des Beluga d’ATI (filiale d’Airbus) pour le chargement des hélicoptères assemblés à Marignane. Six vols en Beluga en 2022 pour le constructeur aéronautique à destination du Japon, du Brésil et de Singapour.
La montée en puissance de nouvelles lignes
Le fret traditionnel pourrait bénéficier en 2023 de la montée en puissance de nouvelles lignes vers des destinations pour le moins inédites en France (hormis à Roissy). Djeddah étant desservie deux fois par semaine par FlyNas qui opère, depuis l’automne 2022, deux vols depuis Marseille.
La Cité phocéenne est reliée au Caire par Air Arabia Egypt et à Belgrade, hub à destination des Balkans, par Air Serbia. A compter d’avril 2023, débutera également la desserte de Vienne, par Austrian Airlines.
