Déjà alarmée par les conséquences du COVID-19 sur la santé des compagnies aériennes passagers, l’Association internationale du transport aérien (IATA) est également engagée dans une autre bataille : celle du fret aérien. Cette bataille est d’autant plus vitale que quasiment la moitié des capacités cargo ne sont plus disponibles actuellement du fait de la suspension provisoire de la quasi-totalité des vols passagers dans certaines régions du monde. L’Europe en fait partie avec des programmes de vols réduits au strict minimum et des aéroports qui ferment temporairement les uns après les autres (Paris-Orly, Beauvais, …).
Un train de mesures à mettre en oeuvre
Aussi, afin que les compagnies aériennes soient toujours en mesure de transporter du fret, une de leurs seules sources de revenus actuellement, l’IATA demande aux gouvernements de prendre les mesures suivantes :
- introduire des procédures accélérées pour les survols et les autorisations d’atterrissage des vols cargo, en particulier dans les grands centres manufacturiers localisés en Asie - Chine, en Corée du Sud et Japon – ceci afin de répondre au nombre croissant de vols charters remplaçant des vols passagers,
- exempter les équipages qui ne sont pas en contact avec le public de la nécessité d’être placés en quarantaine (14 jours) afin que soient maintenues les chaînes d’approvisionnement cargo,
- soutenir les droits de trafic temporaires pour les opérations cargo là où des restrictions peuvent s’appliquer,
- supprimer les obstacles économiques, telles que les redevances de survol aérien et de parking et les restrictions de créneaux pour soutenir les opérations de fret aérien durant cette période,
- éliminer les couvre-feux pour les vols cargo afin de rendre le réseau de logistique aérienne le plus flexible possible.
Tarifs à la hausse
En attendant et sans que cela ne constitue une surprise tant les opérations sont désorganisées du fait du manque de capacités, les tarifs du fret aérien repartent à la hausse. Ils viennent, ainsi, de dépasser le cap des 5 dollars (4,63 euros) le kilo sur le trafic Trans-Pacifique, une première depuis des années. Les augmentations hebdomadaires sont à deux chiffres, atteignant 18 % pour les liaisons entre Shanghai et l’Amérique du Nord, pour ne citer que ce seul exemple.
De tels niveaux tarifaires au kilo ne sont pas encore atteints entre l’Asie et l’Europe. Les prix ont cependant grimpé d’une semaine sur l’autre de 21,3 % à 3,47 dollars (3,21 euros) le kilo entre Hong-Kong et l’Europe. Ces augmentations tarifaires pourraient se poursuivre du fait que 90 % de la capacité en soute a, par exemple, disparu sur le marché transatlantique.
L’IATA prévoit une baisse significative du fret aérien en 2020
Les différentes prévisions établies par l’IATA pour l’exercice en cours sont particulièrement sombres. Celles concernant le fret ne dérogent pas à la règle puisque la demande devrait s’inscrire dans une fourchette de baisse comprise entre 15 et 20 %. Déjà, le trafic exprimé en tonnes/km/fret transportées s’est contracté d’environ 10 % en février 2020. Une part de cette baisse résulte dans les mesures de confinement prises par la Chine durant cette période. Par secteur d’activité, ce sont les pièces liées à l’industrie automobile qui ont subi un sévère recul. Les acheminements liés au secteur médical sont, en revanche, en plein développement. Parmi les marchandises ainsi expédiées par la voie des airs figurent les précieux masques de protection.