L'UE pressée d’assouplir les règles sur les créneaux

La Commission européenne est sous pression pour assouplir encore les règles sur l'attribution des créneaux aéroportuaires des compagnies aériennes dans l'UE qui peuvent occasionner des vols à vide dans le contexte de la pandémie.
Le ministre belge de la Mobilité, Georges Gilkinet, a écrit le 3 janvier 2022 à la commissaire européenne aux Transports, Adina Valean, pour faire cesser une aberration économique et environnementale dénoncée par le secteur aérien.

En temps normal, les règles européennes prévoient que les compagnies doivent utiliser au moins 80 % des créneaux de décollage et d'atterrissage qui leur sont attribués dans les aéroports, sans quoi elles perdent leurs droits la saison suivante. Ces règles ont été rendues inapplicables par l'effondrement de la demande de billets et la crise historique du secteur provoquée par la pandémie de coronavirus.

Après la suspension du règlement en mars 2020 pour éviter que les compagnies n'opèrent des vols à vide dans le but de garder leurs créneaux, Bruxelles avait recommandé un retour progressif à la normale à la suite du redressement partiel du trafic.

Depuis le 28 mars 2021, les compagnies sont tenues d'utiliser 50 % de leurs créneaux de décollage et d'atterrissage pour pouvoir les conserver, mais ce niveau est jugé excessif par le secteur aérien, encore convalescent, notamment après l'apparition du variant Omicron qui a provoqué une nouvelle chute des réservations cet hiver.

Circonstances exceptionnelles

Le 15 décembre, Bruxelles a annoncé que ce seuil serait encore augmenté à 64 % pour la prochaine saison d'été, du 28 mars au 29 octobre, provoquant la colère des compagnies aériennes. Dans son courrier à la Commission, Georges Gilkinet réclame un nouvel abaissement de ce seuil, évoquant des circonstances exceptionnelles.

Le PDG du groupe Lufthansa, Carsten Spohr, a averti le 23 décembre qu'il serait contraint d'opérer "18.000 vols inutiles" durant l'hiver "seulement pour conserver ses droits de décollage et d'atterrissage", dans une interview au quotidien "FAZ".

"Malgré nos demandes pressantes pour plus de flexibilité, l'UE a approuvé une règle d'utilisation de 50 % [...] clairement irréaliste", a déclaré un porte-parole de l'Association du transport aérien international (Iata), qui représente la grande majorité des compagnies.

Air France, "qui n'a jamais opéré de vol à vide pour conserver des créneaux horaires et ne prévoit pas de le faire" s'est dite "favorable à une réévaluation de ces règles pour que les compagnies continuent d'assurer des vols uniquement quand la demande le justifie".

Bruxelles explique sa fermeté par un impératif de concurrence. Un porte-parole de la Commission a invoqué le 5 janvier 2022 "la nécessité de veiller à ce que la capacité aéroportuaire soit utilisée de manière concurrentielle au profit de tous les consommateurs".

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