Jean-Benoît Linay est, certes, un homme discret et modeste mais il est avant tout un homme heureux. Il y a quatre ans, il a repris l’entreprise que Jean-Pierre Catelin avait fondée dans les années 1970. Un intervalle de temps au cours duquel il a pratiquement triplé à la fois le nombre de salariés (17 personnes) et le chiffre d’affaires (3 M€). Le dirigeant avait, auparavant, occupé pendant vingt-trois années un poste de cadre dans un grand groupe spécialisé dans le transport de déchets. À la recherche d’un nouveau défi et attiré par la gestion d’une structure à taille humaine, Jean-Benoît Linay a saisi l’opportunité se présentant à lui de racheter une PME. Qu’il a entièrement convertie au vrac, couvrant plusieurs spécialités, du TP à la benne céréalière en passant par la betterave. Le transporteur francilien partage volontiers son bonheur d’entrepreneur : « L’entreprise que j’ai eu la joie de reprendre était reconnue mais peu visible. Contribuer à accroître sa notoriété et la faire connaître auprès de nouveaux clients participe de ma satisfaction quotidienne », avoue l’actuel président de Catelin SAS. La société, qui adhère au groupement France Benne, a l’an passé atteint un palier en termes de revenus, que le dirigeant ne souhaite pas dépasser dans l’immédiat pour la simple raison qu’il entend maintenir un rapport direct avec les clients mais également avec les conducteurs de l’entreprise. Le président de la SAS s’est fixé une feuille de route précise, y compris en matière d’effectifs, la limite supérieure ayant pour le moment été évaluée à 20 salariés. Jean-Benoît Linay apprécie par ailleurs la polyvalence dont il doit faire preuve pour couvrir l’ensemble des fonctions d’une PME de cette taille, du commercial à l’exploitation, en passant par les missions administratives. Pour le seconder, il peut toutefois s’appuyer sur la présence d’une assistante à raison de trois jours par semaine. Il a en outre fait le choix d’externaliser certaines tâches comme la gestion de la paie.
Depuis qu’il en a pris la direction, Jean-Benoît Linay s’est évertué à développer le portefeuille clients de la SAS tout en diminuant le risque de la dépendance. « Notre premier client représente aujourd’hui 15 % du revenu contre 30 % il y a quatre ans. À cette même époque, l’entreprise s’appuyait sur une base constituée d’une cinquantaine d’entreprises. Celle-ci a aujourd’hui quadruplé », précise le dirigeant. Opérant uniquement en Île-de-France, Catelin & JB Transports se cantonne même aux parties sud et sud-est de celle-ci, essentiellement pour des questions de circulation et, in fine, de qualité de service. Si 65 % des revenus proviennent des majors du BTP, le cœur du savoir-faire de la SAS étant constitué par le transport de tous types de matériaux (agrégats, enrobés, déblais…) uniquement en vrac, les campagnes céréalières et betteravières assurent tout de même 15 % de l’activité. Le reste se repartit entre la traction et le transport de fumier, respectivement à hauteur de 15 % et de 5 % des ventes. Catelin & JB Transports est, par ailleurs, titulaire du marché de l’évacuation du fumier des chevaux de la Garde républicaine. La PME a pour misssion d’orienter le fumier transporté vers un méthaniseur, ce qui est le cas depuis une année à travers une collaboration avec Engie. Concernant le spectre d’activités de la SAS, Jean-Benoît Linay estime « qu’afin de maintenir un niveau de rentabilité acceptable, il est indispensable d’être présent dans plusieurs domaines et de disposer d’un volant suffisant de prospects ».
La satisfaction de l’entrepreneur d’être aujourd’hui à la tête de Catelin & JB Transports tient aussi à la fierté qu’il éprouve envers son équipe de conducteurs. « La clientèle de l’entreprise peut être certaine de compter sur l’investissement de nos conducteurs dans un travail que ces derniers prennent à cœur ainsi que sur leur ponctualité », souligne le dirigeant. Pour constituer un groupe polyvalent en mesure de conduire les différents types de PL, et qui a fortement évolué ces trois dernières années, Jean-Benoît Linay associe plusieurs critères de recrutement, dont le respect des hommes et du matériel, une excellente connaissance de la région couverte, la capacité d’entraide mais également la proximité géographique. « Nos conducteurs habitent à 25 kilomètres au maximum de Dammarie-les-Lys », révèle-t-il. Le phénomène de pénurie qui touche l’ensemble du secteur du TRM n’a pas épargné la SAS. Seulement, son dirigeant a cherché des solutions originales. Par exemple, il essaie, en collaboration avec l’OTRE, de trouver des moyens facilitant l’accès de logements sociaux à des collaborateurs rejoignant la SAS. Jean-Benoît Linay s’applique en outre à fidéliser le personnel, notamment en lui mettant à disposition un matériel neuf.
La stratégie en matière de gestion de parc a changé en même temps que l’actionnariat. « Depuis deux ans, nous avons initié un renouvellement du parc en achetant des véhicules de nouvelle génération. Jusqu’alors l’entreprise ne se procurait que des véhicules d’occasion », confie le dirigeant. En termes de marques, deux constructeurs sont privilégiés : MAN et Renault Trucks. Ce choix, s’il prend logiquement en considération la qualité intrinsèque du matériel ainsi que le taux de service, repose en vérité sur un critère principal : la proximité des concessionnaires. Il s’agit d’établir une relation de confiance et d’assurer une réactivité la plus efficace possible en cas de panne. Pour assurer l’entretien, Catelin & JB Transports s’appuie sur son propre atelier. Seulement, aucun mécanicien n’y est salarié : l’entreprise a choisi de faire appel à un mécanicien extérieur rémunéré à la tâche. Jean-Benoît Linay indique qu’« il est encore plus difficile de recruter un mécanicien qu’un conducteur ». Intéressé par des motorisations plus écologiques, le dirigeant demeure prudent même s’il a une idée de la direction à suivre : « En termes d’usage, l’hybride me paraît plus accessible que le gaz pour une PME de notre taille, notamment pour des questions relatives à l’approvisionnement. Je reste attentif aux évolutions et j’espère que les produits deviendront financièrement plus abordables à moyen terme. » Quoi qu’il en soit, Jean-Benoît Linay n’envisage pas ce type de solution avant 2021, puisque la société entre dans une phase de consolidation de ses comptes et que les solutions alternatives représentent des investissements importants.
• Siège : Dammarie-les-Lys (77)
• CA 2018 : 3 M€
• Effectif : 17 salariés dont 15 conducteurs
• Parc : 17 dont 10 porteurs et 10 ensembles semi
• Activités : vrac, traction, transport d’engins
Jean-Benoît Linay ne s’en cache pas : le titre qui est associé à la structure juridique de la société, dont il est le seul actionnaire, ne lui convient pas. Dès lors, au quotidien, et jusque sur sa carte de visite, le transporteur Seine-et-Marnais ne se présente pas comme président mais bien comme dirigeant. Il se considère comme un opérationnel, dans le sens noble du terme. Sur le terrain, il passe d’une discussion avec un client à une autre avec un fournisseur tout en transmettant des instructions à un conducteur. Il supervise l’ensemble des activités de la SAS et n’hésite pas, si nécessaire, à mettre la main à la pâte, par exemple pour déplacer un véhicule sur le parc.