Redistribuer aux salariés jusqu’à la moitié de la création de valeur. C’est l’offre que viennent de proposer les Transports Grimaud à leurs 200 salariés, dont 150 conducteurs, au travers de la mise en place d’un plan d’intéressement participatif de groupe. Le transporteur installé à Fontenay-Le-Comte, au sud de la Vendée, entend ainsi inviter ses équipes à travailler mieux pour gagner plus. « Nous avons collaboré plus d’un an avec un consultant spécialisé pour élaborer ce plan, déposé auprès de l’Inspection du travail et qui aura un effet rétroactif au 31 octobre 2017, rapporte Jean-Luc Grimaud, son président. L’évaluation de chaque salarié s’appuie sur quatre critères d’amélioration de performance pertinents, objectifs et quantifiables. Chaque corps de métier possède ses propres critères, comme la consommation pour les conducteurs. Ces critères sont facilement atteignables et il y aura une progressivité dans l’évaluation. Par exemple, si l’objectif de consommation consiste à atteindre 27 litres au 100, le conducteur gagnera tout de même quelque chose s’il atteint 29 l./100 km. Si les résultats sont au rendez-vous, la performance de chacun sera récompensée par un intéressement pouvant correspondre, à terme, à l’équivalent d’un mois de salaire, partiellement défiscalisé. » Loin d’être une prime « à la gueule du client », la formule se veut quasiment scientifique et très pointue au niveau du suivi des critères de performance individuelle. Raison pour laquelle un an d’historique n’a pas été de trop pour étudier le comportement dans le temps des différents indices et fixer les objectifs. À l’inverse de la participation légale – obligatoire dès lors que la rentabilité est au rendez-vous et qu’il y a versement de dividendes – l’intéressement est un choix fait par l’entreprise pour développer la conscience professionnelle de chacun. Rarement prisée dans le secteur, la formule sera un facteur différenciant pour les Transports Grimaud. D’ailleurs, le transporteur compte bien en faire un argument de choix pour ses futures campagnes de recrutement ! Comme tous ses confrères, Jean-Luc Grimaud peine à embaucher et ce, malgré la prime substantielle de cooptation offerte aux salariés. Après 2 % de croissance l’an passé, l’activité du transporteur a progressé de +5 % en 2017. Mais les résultats pourraient s’avérer encore meilleurs sans cette pénurie de conducteurs. En même temps, ce goulot d’étranglement qui limite la croissance représente une aubaine pour choisir ses clients…
Cette approche doit beaucoup au profil du dirigeant, qui a d’abord exercé le métier de contrôleur de gestion et de directeur dans les grands restaurants parisiens. « J’ai repris par orgueil, en 2006, la société que mon père avait fondée en 1957. Je ne voulais pas que cette activité lucrative profite à quelqu’un qui l’aurait acquise pour une bouchée de pain… », avoue Jean-Luc Grimaud. Associé, à l’origine, à sa sœur, le dirigeant a, depuis, organisé la succession au profit de son fils Nicolas et de son neveu, Laurent Boutinard. La transmission sera d’autant plus facile que le premier a rejoint l’entreprise en 2005. Il est aujourd’hui responsable de Grimaud 86, tandis que le second assure le contrôle de gestion de l’exploitation de Grimaud. Fermeture des usines de SKF (roulements à billes), Plysorol (contreplaqués) : Fontenay-le-Comte a payé un lourd tribut à la crise financière de 2008.
Le tissu économique du territoire s’est réduit comme peau de chagrin, obligeant les Transports Grimaud à revoir leur stratégie en démarchant une clientèle de substitution, plus éloignée, et en diversifiant ses activités. Ce qui explique les reprises successives des Transports Paulus-Guillot à la barre du tribunal de Poitiers, mi-2013, puis des Transports Michel, près de La Rochelle, fin 2015. Rebaptisée Grimaud 86, la première est devenue une véritable tête de pont de Grimaud vers Paris et le Nord (80 % du trafic du transporteur transite par Poitiers). La seconde lui a permis de prendre pied dans le secteur des bennes TP et céréalières, ainsi que des citernes, afin de jouer la carte de la complémentarité d’activité auprès de ses clients, même si chacun des trois sites dispose de son propre service d’exploitation. Outre l’activité de transport de lots complets ou partiels de produits industriels et agroalimentaires (Lesieur, entre autres), le « groupe » Grimaud (qui n’existe pas en tant que tel) intervient également dans le transport de vrac solide et liquide, la messagerie palettisée (via le réseau Flo Palettes), ainsi que dans le déménagement (agent Demeco) et les services logistiques. Avec l’ouverture d’un 3e entrepôt en 2016, le transporteur vendéen dispose désormais de 10 000 m2 de surface de stockage à Fontenay et Poitiers, plus 1 000 m2 de garde-meubles à La Roche-sur-Yon. Pour ce faire, il dispose d’un parc varié de remorques (les bâches vertes sont basées à Fontenay, les bleues à Poitiers), dont 20 frigos (un nombre appelé à croître dans les prochaines années). Côté tracteurs, Grimaud compte 108 moteurs à Fontenay et Poitiers (dont 5 camions remorques et 2 porteurs) plus 18 ensembles pour bennes et citernes à Saint-Sauveur d’Aunis. Confortablement installé sur 4 ha à la jonction de deux autoroutes (A83 et A10), Grimaud a pourtant commencé à recruter des conducteurs « délocalisés » sur toute la France (Bordeaux, Le Mans, Tours, Montpellier,…) afin d’optimiser les arrivées de début de semaine sur les axes les plus fréquentés. « Ils chargent le vendredi, stationnent chez eux le week-end et sont ensuite plus rapidement chez le client lundi matin », détaille Nicolas Grimaud. L’essentiel de l’activité concerne de la longue distance où les conducteurs partent à la semaine. Environ 15 % des retours proviennent des bourses de fret. Aujourd’hui, le « groupe » (qui ne consolide pas ses chiffres) pèse environ 22 millions d’euros de chiffre d’affaires : 13,5 M€ pour Grimaud, 4,5 M€ pour Grimaud 86, et 2 M€ pour les Transports Michel, auxquels il convient d’ajouter les 2 M€ de l’activité de déménagement.
• Sièges : Fontenay-le-Comte (85)
• CA 2017* : 13, M€ (22 M€ à l’échelle du « groupe »)
• Effectif : 200 salariés, dont 150 conducteurs
• Parc : 126 cartes grises
• Activité : Transport industriel et agroalimentaire (lot complet et partiel), bennes et citernes, déménagement.
* au 31/03/2017
Grimaud a rejoint le groupement Flo en 2007 et Flo Palettes en 2009. Et ne tarit pas d’éloges sur le réseau. « Il y a des avantages commerciaux certains mais non quantifiables, comme celui de s’associer pour répondre à un appel d’offres important. Mais surtout, c’est un réseau qui apporte des synergies incroyables, avec de nombreux échanges entre les dirigeants mais aussi les cadres. C’est une grande famille qui se rend aussi de nombreux services. Avec Flo, je sais que si j’ai un problème avec un camion ou un client, je pourrai compter sur une solution à proximité », insiste Jean-Luc Grimaud. En bon Vendéen, le dirigeant joue aussi la carte de la synergie locale en s’approvisionnant auprès du carrossier voisin SVIM, récemment repris par un ancien de Samro, auprès duquel il a commandé cinq camions remorques. Le transporteur conserve ses tracteurs sur une période de 7 à 8 ans (essentiellement des Mercedes et Iveco, amortis sur 6 ans) et renouvelle environ 10 % de son parc chaque année (12 nouveaux tracteurs en 2017). Son premier ensemble Iveco à gaz (GNL) est attendu pour le mois de mai.