Audo Express n’en finit plus de grandir. Société créée en 1989, elle s’est installée, fin 2016, dans de tout nouveaux locaux construits sur un terrain de 9 000 m2 à Saint-Martin-lez-Tatinghem, près de Saint-Omer, à quelques centaines de mètres de son ancien siège. La société de messagerie, jusque-là implantée sur plusieurs sites, a pu rassembler ses activités en un seul et même endroit.
Sauf que quelques mois après son emménagement en 2016, Audo Express se retrouvait déjà à l’étroit dans ses 2 000 m2 (avec 10 mètres de hauteur sous plafond) : « Comme ce projet immobilier représentait un investissement important (3,5 millions d’euros) et que nous avions un budget à respecter, nous préférions être sûrs de notre choix, d’autant que nous avions prévu la possibilité de nous agrandir », explique Reynald Defrancq, Pdg du groupe Audo Express. « Quand le dépôt est entré en fonction, de nouveaux clients se sont manifestés. Nous avons alors construit une extension de 600 m2 », se souvient le dirigeant, qui a bénéficié d’une aide à la création d’emploi de la Communauté d’agglomération de Saint-Omer. Cet espace servira essentiellement au stockage de cuisines pour le compte de Schmidt ou Cuisinella et des meubles But. « C’est aussi une manière d’anticiper le boom des livraisons à venir », entrevoit le chef d’entreprise.
L’activité bat son plein depuis le début de l’année. Une trentaine de personnes ont été embauchées. Ce qui n’est guère suffisant face à une demande croissante : la société se voit contrainte de multiplier les heures supplémentaires. « Nous avons un interlocuteur dédié à Pôle emploi et pouvons même financer en partie le permis B suivant les critères du candidat », souligne Reynald Defrancq. Les nouvelles recrues peuvent en effet démarrer avec des livraisons en véhicules légers, avant d’être formées en interne pour le véhicule lourd.
Le groupe possède trois filiales, toutes spécialisées dans l’express, et dirigées par les enfants du couple Defrancq. Audrey est à la tête d’Audo Reflex,qui prend en charge la distribution de pièces automobiles, notamment pour la livraison des garages Renault France à Lille, Faches-Thumesnil près de Lille, et Valenciennes. Dimitri est responsable d’Audo Logistic, qui achemine cuisines et meubles dans des véhicules de plus de 3,5 tonnes. Justine s’occupe de l’activité express historique, en sous-traitance essentiellement pour Chronopost ou Fedex. « Nous livrons près de 3 000 colis par jour », indique Reynald Defrancq. « Audrey, Dimitri et Justine ont commencé au bas de l’échelle et se sont forgés une expérience de terrain avant de rejoindre des postes de direction », tient à préciser le patron nordiste, qui mesure aujourd’hui la chance qu’il a.
Car Audo Express, c’est avant tout une histoire de famille. Celle du couple Defrancq, qui fonde l’activité historique il y a bientôt trente ans. L’enseigne est alors spécialisée en messagerie. « C’était encore nouveau à l’époque », se souvient Reynald Defrancq, qui travaillait en parallèle comme gestionnaire des achats à la Cristallerie d’Arques, spécialiste des arts de la table (devenu Arc France, ex-Arc international). « L’objectif de l’usine, à l’époque, consistait à réduire au maximum les stocks en limitant notamment le nombre de pièces détachées. Sauf que lorsqu’une machine tombait en panne, il fallait la réparer et se procurer les pièces rapidement », explique le dirigeant.
Reynald Defrancq a alors constaté que le marché de l’express commençait à se développer : « J’ai décidé de me mettre à mon compte mais sans risque. J’ai pris un congé sabbatique d’un an, sachant que je possédais déjà quelques clients du fait de mon activité dans le transport. À la verrerie, on travaillait huit heures par jour. Avec Audo Express au début, j’en faisais quasiment le double, pour obtenir la même rémunération ! »
À l’issue de cette « période d’essai, j’ai décidé de retrouver mon poste à la verrerie. C’est mon épouse qui a pris le relais de la direction. Comme j’occupais un poste stratégique, tous les fournisseurs qui avaient besoin de l’express étaient redirigés vers Audo Express. On a commencé à embaucher un salarié, puis un deuxième… » Dès que l’entreprise s’est développée, Reynald Defrancq a pu passer à mi-temps à la cristallerie. « Il faut s’imaginer qu’à l’époque, les sociétés de transport express fleurissaient de tous les côtés. Jusqu’à ce que les licences de transport réglementent la profession, se rappelle Reynald Defrancq. Notre chance, c’est d’avoir pu sous-traiter avec Colis-Rail, qui n’existe plus aujourd’hui et qui nous a mis en relation avec Chronopost. »
Le transporteur est conscient que l’activité de messagerie peut être capricieuse. À l’image de MoryGlobal, qui a mis la clé sous la porte en 2015. Ou comme la Sernam, rachetée en 2012. Mais il reste confiant dans le développement d’Audo Express. » Notre métier change. Ce n’est plus simplement transporter, c’est aussi réceptionner, stocker, prendre rendez-vous et livrer. Nous effectuons 30 à 40 % de livraisons chez les particuliers aujourd’hui, souligne le dirigeant. Les meubles lourds, ça peut être très simple à livrer comme ça peut être plus compliqué. Quand c’est au troisième étage sans ascenseur, par exemple. Du coup, la demi-heure de livraison est facilement dépassée. Dans toutes les situations, il faut faire preuve d’agilité. »
• Siège : Saint-Martin-lez-Tatinghem (62)
• CA 2017 : 7 M€
• Effectif : 130 salariés dont 120 chauffeurs
• Parc : 10 poids lourds, 80 véhicules légers
• Activité : messagerie express