Les funambules du marché de l’art

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Depuis 1996, TMH Transports a développé une activité de transport d’œuvres d’art pour en faire plus encore, depuis que la société a été rachetée en décembre 2017, son cœur de métier.

Frédéric Flock, l’actuel président de la SAS TMH Transport, société aujourd’hui spécialisée dans le transport d’œuvres d’art et de matériel à haute valeur ajoutée, est encore tout émerveillé par le monde nouveau dans lequel il évolue. Ayant notamment travaillé dans les départements commerciaux d’entreprises telles que Geodis ou Chronopost, il s’est porté acquéreur du transporteur installé à Saint-Ouen-l’Aumône (95), le 8 décembre 2017. Convaincu par le potentiel de cette société fondée en nom propre en 1981, puis passée sous le régime de la Sarl en 1989 – le transport d’œuvres d’art est venu se greffer aux activités de l’époque (courses, palettes, etc.) en 1996 – Frédéric Floch avoue avoir beaucoup à découvrir du secteur dans lequel il évolue dorénavant : « Je suis arrivé chez TMH Transports avec quelques anciens réflexes. Au plan commercial, il est pratiquement impossible de convaincre un client de changer de transporteur pour la simple et bonne raison que les relations humaines y sont sans doute plus importantes que n’importe où ailleurs. Ce qui rend ce métier véritablement magique. À tel point que les membres de notre équipe sont amenés à travailler quasiment en permanence comme des funambules. » Les missions sont toujours différentes, qu’elles émanent d’institutions nationales muséales, de centres d’art, de fondations, de salons, de galeries voire de particuliers. Ainsi, en octobre dernier, TMH Transports a participé à l’installation par grutage, dans le golfe d’Ajaccio, de la sculpture Gaïa due à l’artiste Marc Petit. Le personnel de la SAS, sous la houlette du directeur et du responsable d’exploitation, respectivement Guillaume Cosquer et Dominique Gaudoin, a également mis en place une œuvre monumentale de Philippe Pasqua dans les jardins du lieu d’art qu’il a lui-même créé, The Storage (95). Le mois de novembre a quant à lui débuté par un « aller-voir », qui correspond à un repérage de lieu, en l’occurrence pour la galerie Catherine Issert (06) afin d’installer ultérieurement une œuvre de Vladimir Skoda dans la ville de Larçay (37). Le métier de transporteur d’œuvres d’art suppose une capacité à exercer une série de tâches comme l’emballage (ou la caisserie), l’accrochage, la régie ou le grutage. Il exige surtout de la patience et des capacités d’improvisation pour faire face à des situations imprévues voire imprévisibles. La nécessité de devoir gérer des conditions quelquefois changeantes génère potentiellement des écarts entre les devis et les factures. Frédéric Flock assure que la presque totalité de ces contraintes est comprise par une clientèle fidèle qui présente par ailleurs la spécificité de souvent travailler de nuit. Le transporteur insiste en outre sur la différence de niveau de service attendue en fonction des typologies de clientèle : « À titre d’exemple, alors que les musées vont systématiquement exiger un emballage le plus protecteur possible, des galeries vont en demander un en adéquation avec la cote de l’œuvre. »

Des velléités de développement

Afin de répondre au marché montant des œuvres d’artistes émergents, TMH Transports entend proposer des solutions alternatives inspirées par l’affrètement, sans rogner pour autant sur la qualité de service. « Constituer un écrin pour transporter une œuvre présente un coût et ne constitue pas systématiquement la solution de transport la plus appropriée, notamment pour certaines galeries. Il nous revient de trouver une offre pour éviter de voir des objets d’art exposés à des conditions de transport particulièrement risquées », relève le président de la SAS. Pour continuer de faire croître ses activités, alors que le chiffre d’affaires de la SAS a progressé de 16 % entre les deux derniers exercices, TMH Transports envisage différents axes. La société compte se développer à l’international, qui représente actuellement 12 % de son revenu. Plusieurs zones géographiques ont d’ores et déjà été ciblées par Frédéric Flock : les pays de l’Est et plus spécifiquement la Russie, le Qatar ainsi que l’Amérique latine. Dans cette perspective, le dirigeant francilien envisage de faire prochainement évoluer son logo qui reprend à l’heure actuelle le drapeau tricolore. TMH pourrait, de plus, se lancer dans le stockage d’œuvres. En parallèle, le président tient à mieux contrôler les coûts pour s’assurer de la rentabilité sur le moyen et le long termes. Il a ainsi décidé de mettre en place un ERP, en phase de test dès le mois de décembre 2018. L’entreprise a déménagé de quelques centaines de mètres à la mi-octobre 2018 afin de faire bénéficier son personnel de meilleures conditions de travail, et va procéder à deux nouvelles embauches. « Nous allons prochainement employer deux jeunes disposant d’un profil de déménageurs. Nous allons les former en interne au métier de manipulateur et leur transmettre la passion qui nous anime, indique Frédéric Flock. Il nous importe de montrer les aspects très attachants de notre métier mais aussi sa difficulté. Même si notre activité est régulièrement présentée comme un transport en gants blancs, il ne faut pas oublier que notre équipe est amenée à porter des charges considérables. Cela nécessite la maîtrise de techniques particulières. »

Un secteur exigeant

Faire partie de l’équipe de TMH Transports exige une capacité à s’adapter à des variations d’amplitude horaire importantes, de participer aux permanences qui constituent l’une des clés de la réussite de la TPE et de faire face à des missions incongrues. Par exemple, la SAS avait eu pour mission d’installer les 4 000 tournesols du labyrinthe que l’artiste Fanny Bouyagui avait conçu pour la célébration, l’été dernier, du 60e anniversaire du quartier d’affaires de la Défense (92). En plus de cette installation, il a également fallu procéder, à l’automne, à leur renouvellement. On est très loin des représentations habituelles associées à un conducteur du TRM. La gestion du parc sort également de la norme : « Il est possible de conserver les véhicules plus longtemps », commente le dirigeant. L’entreprise, qui roule avec des véhicules de la génération Euro 6, attend la livraison de deux nouveaux MAN, dont un fourgon TGE, alors qu’elle était, jusqu’à présent, liée à Renault Trucks et Iveco. Attentive aux questions environnementales, la direction regrette – puisqu’il lui faut climatiser les cargaisons – de ne pouvoir disposer de solution technique garantissant une autonomie suffisante à partir d’une alternative énergétique comme le GNV. Le transport d’œuvres d’art est un monde décidément à part…

Repères

• Siège : Saint-Ouen-l’Aumône (95)

• CA 2017 : 1 M€ (exercice clos au 30/09)

• Effectif : 8 dont 4 conducteurs

• Parc : 6 dont 5 moteurs

• Activités : transport d’œuvres d’art et de produits à haute valeur ajoutée

De Saint-Exupéry à Ben

« La fin d’une chose marque le commencement d’une nouvelle. » Véritable inconditionnel d’Antoine de Saint-Exupéry et du Petit Prince, le président de TMH Transports, Frédéric Flock, est capable de citer l’auteur français pour évoquer le récent déménagement de la SAS. Depuis qu’il se trouve à la tête de l’entreprise installée à Saint-Ouen-l’Aumône (95), il a également appris à connaître et à apprécier les artistes. Certains d’entre eux accordent de temps à autre des cadeaux aux membres de la SAS ou à l’entreprise elle-même. Dernièrement, Ben a fait don à TMH d’une œuvre que Frédéric Flock a installée à proximité immédiate de son bureau. On peut y lire : « Nous aussi on veut la gloire. Pour TMH. »

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