À Dunkerque, CN’J Group s’est construit un nom dans le domaine du transport de conteneurs maritimes. Basée sur le port, la société travaille avec une trentaine de clients réguliers, des transitaires, des affréteurs, des armateurs et des chargeurs. Elle emploie 73 salariés et exploite une flotte de 58 moteurs. Son chiffre d’affaires se situe juste au-dessus des 4 millions d’euros. Son P-dg, Jérémie Bogaert, 39 ans, a pourtant débuté avec un seul camion… de location. « J’ai toujours été animé par l’envie de monter ma propre entreprise. J’ai créé ma première société, Bogaert SARL, en 2001 juste après avoir passé le permis poids lourd », explique le dirigeant. Tout a donc commencé par une formation de conducteur routier à Dunkerque. Jérémie Bogaert s’associe alors à son père, lui-même ancien transporteur dans les années 90 et qui détenait la fameuse attestation de capacité. Maurice Bogaert, le grand-père, a lui aussi appartenu au sérail, comme transporteur de produits maraîchers. C’était dans les années 50. Ironie de l’histoire, il avait dû cesser son activité car son épouse avait effectué l’acquisition d’un débit de tabac : les deux activités n’étaient pas, à l’époque, légalement compatibles !
L’activité commence lentement « avec la chance que le patron de mon père, Bernard Fossaert, nous confie la sous-traitance du plateau et du convoi exceptionnel de première catégorie ». La société est alors installée à Oost-Cappelle, chez le père de Jérémie, en plein cœur des Flandres. Puis le 2e client est arrivé « en me demandant de m’engager sur un deuxième camion ». Pour pouvoir garer les poids lourds, Bogaert SARL déménage alors dans un ancien corps de ferme à Quaedypre, toujours dans les Flandres.
Coup de chance, le jeune dirigeant rencontre alors un ancien agriculteur qui le met en relation avec son premier client en conteneurs maritimes. « Il se trouve que son principal transporteur partait à la retraite : j’ai donc dû faire mes preuves en moins de six mois pour montrer que je pouvais assurer la relève ». Fin 2004, la société compte quatre à cinq moteurs. Puis est survenue la crise économique de 2008. « Un épisode que je n’oublierai pas », raconte Jérémie Bogaert. Il se souvient précisément de ce moment où il a dû annoncer ce dilemme à ses chauffeurs : réduire les salaires pendant six mois ou se résoudre à licencier deux à trois personnes. L’équipe a accepté les sacrifices. A priori le bon choix car l’entreprise est encore là aujourd’hui et compte encore en son sein une bonne partie des conducteurs présents au début de l’aventure.
Pour le développement de CN’J Groupe, le bouche-à-oreille a fait son œuvre. « Nous n’avons jamais mené une action commerciale, nous avons tout basé sur notre savoir-faire, notre réactivité, les exigences du conteneur en termes de tarif et de ponctualité », souligne Jérémie Bogaert. Comme à l’époque, il tenait encore le volant, il était plus simple de démarcher des clients.
Dès 2015, Jérémie Bogaert entend muscler le développement de sa société. Il décide alors de se lancer dans une opération de croissance externe. Le dirigeant jette son dévolu sur Nectrans, un transporteur qui possède 13 tracteurs, 30 à 40 remorques et apporte un volant d’affaires d’environ 2 millions d’euros. « Ce qui était intéressant dans ce rapprochement, c’était de pouvoir proposer du transport en conteneurs frigorifiques et en châssis bennable, afin d’offrir une palette plus large de services ». Fin 2015, la société est approchée par un autre transporteur (CFT) qui part à la retraite. « Le dirigeant voulait assurer la relève en transport sur du Paris-Angleterre pour son client, ce qui est assez exceptionnel », indique Jérémie Bogaert. CFT possède alors cinq semi frigorifiques. Cette nouvelle étape de croissance sera cette fois prise en main par Céline Bogaert, l’épouse de Jérémie Bogaert, qui venait de passer son attestation fin 2015. La vente est officialisée en juillet 2016. CFT Group emploie aujourd’hui 9 salariés dont 7 conducteurs pour 7 tracteurs et 9 semi frigos.
La soif de créer de Jérémie Bogaert ne s’arrête pas là. Comme il avoue n’avoir jamais trouvé de logiciel vraiment pertinent pour son activité, Jérémie Bogaert crée, en 2016, une société de services informatiques baptisée Busipart pour « mettre au point notre propre logiciel d’exploitation et le commercialiser à partir de 2018 ». Trois informaticiens travaillent à plein-temps sur le développement du produit. L’idée consiste à permettre au client de paramétrer son logiciel sans passer par la traditionnelle « hotline ». La licence commercialisée permettra de faire évoluer l’outil en permanence. « Je suis parti de la base de mon métier : savoir où se trouve tel chauffeur, à quel endroit il a décroché, quelle est sa destination finale, etc. L’idée est d’informer en temps réel le chauffeur, l’exploitant et le dirigeant ».
Ce n’est que cette année que Jérémie Bogaert a pu réaliser un projet qu’il avait dans la tête « depuis au moins dix ans » : la construction d’un entrepôt, près de Loon-Plage, pour centraliser les activités mais aussi et surtout proposer du stockage et de la préparation de commandes, avec les engins adéquats afin de manipuler les conteneurs, d’accéder aux demandes d’empotage et de dépotage. « J’ai souhaité me rapprocher de Loon-Plage, nous avons identifié un lieu et monté le dossier : l’investissement est aujourd’hui évalué entre 6 et 7 M€ pour un bâtiment de 10 000 m2. » La livraison de ce bâtiment est prévue pour la fin 2018 avec, en parallèle, la construction d’un garage pour optimiser l’entretien des véhicules.
• Siège : Quaedypre (59)
• CA 2016 : 4,2 M€
• Effectif : 73 salariés
• Parc : 58 moteurs, 120 semi-remorques
• Activités : containers, plateaux, Tautliners, frigos.