Le transport exceptionnel mène à tout

Article réservé aux abonnés

À Nanteuil-Auriac-de-Bourzac, en Dordogne, l’entreprise Sintex Transports pratique les transports exceptionnels, principalement en catégorie 2. Une particularité qui lui assure une activité soutenue, renforcée par des diversifications, notamment dans le transport de cailloux, céréales (benne) et paille (plateau). Itinéraire d’un transporteur qui a tâté « du voyageur » avant de « craquer » pour la marchandise, exceptionnelle…

Les transports exceptionnels, par leurs dimensions hors normes et leur degré d’exigence en matière de technicité, sont fascinants. Sébastien Jarjanette, dirigeant de Sintex, l’affirme : quand on a goûté au « TE », impossible de revenir aux transports routiers classiques. Malgré les lourdes contraintes inhérentes à cette spécialité, la petite entreprise continue d’investir pour répondre à une forte demande. Deux nouveaux camions-remorques porte-engin, plus modulables, vont prochainement rejoindre la flotte. Ils permettront de diversifier les éléments transportés – les mobile-homes étant pour l’instant majoritaires. Sintex a connu beaucoup d’évolution depuis sa création par Sébastien Jarjanette en 2000, sous le nom « Millenium Tourisme ». Cette entreprise propose alors du transport express international et de l’autocar grand tourisme. Basée en Dordogne, elle possède aussi une entité à Saint-Florent-sur-Cher, près de Bourges, où Sébastien Jarjanette a effectué sa carrière de salarié. Il a été chauffeur de car en Corrèze pour Lim Tour, puis à Bourges pour le compte de Cariane et TDM. « À cette époque, j’ai pris un poste avec plus de responsabilités, en lien avec la gestion du parc, l’exploitation. Cette expérience m’a donné envie de créer mon affaire. Mon épouse étant originaire de Dordogne, nous sommes venus nous installer ici », raconte le chef d’entreprise. En 2004, devant la complexité du secteur, il décide de liquider Millenium Tourisme, ferme le bureau de Bourges et cède ses contrats « autocar » pour ne conserver que ceux de la « marchandise ». La société est rebaptisée « Sintex ». Elle stocke et livre du mobilier de cuisine (Mobalpa, Schmidt…) à des particuliers et à des entreprises sur toute la Nouvelle-Aquitaine. « Puis, en 2011, j’ai eu l’opportunité de reprendre l’activité d’un petit transporteur, avec un véhicule pour du transport exceptionnel, un créneau très porteur. Mais des contrats sont nécessaires pour investir », souligne le dirigeant. Peu d’entreprises s’aventurent sur cette niche contraignante, qui compte trois catégories en fonction des dimensions transportées. Le matériel s’avère onéreux – entre 250 000 euros et 300 000 euros par camion selon les options, et les charges élevées, car un transport exceptionnel mobilise jusqu’à cinq personnes en catégorie 3, entre la voiture et la moto pilotes, et le camion. « Ces transports sont très réglementés. Nous devons obtenir des autorisations préfectorales nationales et, au sein des départements, demander des raccordements auprès des communes. Les règles sont différentes d’une ville à l’autre. Certaines, comme Lyon, Toulouse ou Bordeaux, ne peuvent être traversées que la nuit. Élaborer un itinéraire est un vrai casse-tête ! », détaille Sébastien Jarjanette. Depuis 2017, le réseau TE Net simplifie les démarches en favorisant les demandes en ligne auprès des préfectures. Pour les catégories 1 et 2, les autorisations sont délivrées pour trois ans. En revanche, les transports en catégorie 3 sont traités au cas par cas. Un itinéraire spécial doit être conçu, imposant un délai d’une à trois semaines avant de le recevoir, selon sa complexité. Autre contrainte, il est difficile de définir exactement le temps de trajet chargé d’un TE : le convoi traversant villes et villages, des imprévus sont quasiment inévitables, comme par exemple des travaux non indiqués.

Des investissements et des réglementations à part

Si complexe qu’il soit, le TE peut être rentable. Ce type de transport représente 70 % de l’activité de l’entreprise, qui réalise 80 % de TE en catégorie 2, 10 % en catégorie 1 et autant en catégorie 3. Les mobile-homes sont chargés depuis les usines des fabricants, situées en Vendée, dans le Lot-et-Garonne, le Gard ou l’Aude, et livrés partout en France, dans les campings principalement. Si besoin, l’entreprise stocke des mobile-homes sur ses 4 hectares de terrain. Le plan de transport s’élabore en fonction du planning de livraison des clients : le flux régulier n’existe pas dans le TE. « Nous sommes les seuls en Dordogne à proposer du transport exceptionnel de mobile-homes – et une dizaine sur la Nouvelle-Aquitaine. Nous sommes bien implantés, cela a favorisé la venue de clients comme le groupe Bénéteau ou Cevenhome. Nos clients référencent leurs transporteurs : nous sommes sous contrat avec eux. Cela sécurise chacun, notamment concernant nos investissements », explique le transporteur périgourdin. La concurrence étrangère n’existe quasiment pas. De son côté, Sintex ne cherche pas à passer les frontières, car son activité en France est suffisante.

Pour faire face à ses besoins, la société vient d’investir dans deux camions remorques porte– engin (260 000 euros chacun), portant sa flotte à cinq véhicules (Renault Magnum et DAF XF). Avec des porte-engins extensibles jusqu’à 16 m, il est possible de transporter véhicules forestiers, mobile-homes, tracteurs, bateaux, Algeco… À cela s’ajoutent les véhicules pilotes – obligatoires pour les TE de catégorie 2 et 3. Sintex possède quatre utilitaires jaunes – une couleur obligatoire depuis 2018, avec panneaux et gyrophares, et a formé tous ses chauffeurs au pilotage des véhicules de protection accompagnant les TE (autre obligation depuis 2018). Dans le cas de TE en catégorie 3, une moto doit être présente. La société utilise alors les services d’indépendants spécialisés.

Diversifier ses activités

Sintex possède par ailleurs trois utilitaires et cinq poids lourds (de 3,5 à 11,9 t, Iveco et DAF) pour le transport de meubles qui, avec le stockage (8 000 m2 d’entrepôts), compte pour 30 % de l’activité. Pour Sébastien Jarjanette, il est essentiel de diversifier sa clientèle et ses affaires. Notamment parce que la circulation des TE est limitée – voire interdite – certains jours de l’année, et les campings n’acceptent pas les livraisons de mobile-homes l’été. « Nous lançons une activité de transport de cailloux en benne : deux camions-bennes DAF XF, de 120 000 euros chacun, arriveront en mai. Nous avons des demandes, avec des contrats à la clé, sur le périmètre régional. Nous voulons par ailleurs développer le transport de céréales en benne, et de paille en plateau », indique le dirigeant. Lequel vise aussi, à court terme, d’autres marchés potentiels comme le TE de bateaux et de camping-cars. « Le frein n’est pas le manque d’activité, mais de conducteurs. Aujourd’hui, intégrer un nouveau chauffeur nous coûte jusqu’à 15 000 euros, entre le permis et la formation en interne », déplore le chef d’entreprise, qui peine à recruter des chauffeurs qualifiés. Pourtant, selon lui, être conducteur de TE est gratifiant. « Certains chez nous ne font que ça et ne repartiront jamais vers le transport classique, explique le transporteur. Ils perçoivent un salaire de 15 à 20 % plus élevé, vu les risques, le nombre d’heures, les frais… Ils ont acquis notoriété et savoir-faire. » C’est un transport sans monotonie, mobilisant réflexion et compétences : anticiper, répondre à l’imprévu, être autonome, concevoir un itinéraire, se servir de l’équipement informatique…

Le turnover est faible chez Sintex, qui compte actuellement 15 salariés, dont 14 chauffeurs. En septembre prochain, le fils de Sébastien Jarjanette et de son épouse, qui assure la gestion administrative, rejoindra l’entreprise et se formera à son tour au transport exceptionnel.

Repères

• Siège : Nanteuil-Auriac-de-Bourzac (24)

• Parc : 3 camions-remorques porte-engin, 2 semi-remorques porte-engin, 4 véhicules pilotes, 3 utilitaires, 5 camions

• Effectif : 15 salariés dont 14 chauffeurs

• CA non communiqué

Stratégie

Stratégie

Boutique
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client abonnements@info6tm.com - 01.40.05.23.15