La force de la traction

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En ce mois d’octobre 2017, lors de notre visite aux transports M.R.T.I., notre attention est immédiatement attirée par plusieurs tracteurs de marque Volvo alignés à l’entrée. Mario Martins, fondateur et actuel P-dg de M.R.T.I. (Maritime Route Transport International) ne tarde pas à nous en révéler la raison : « Dix véhicules sont ces temps-ci à l’arrêt tout simplement parce que nous manquons de conducteurs ». Aujourd’hui spécialisés dans la traction, activité qui représente environ 40 % d’un CA qui devrait s’établir, en 2017, autour de 15,5 M€, les Transports M.R.T.I. ont été fondés en 1990 sous la forme juridique d’une S.A. Mais tout avait commencé en 1985 avec, à l’époque, les Transports Martin. Si, de l’aveu même du P-dg, « l’activité se porte actuellement bien, la pénurie de conducteurs est inquiétante » et pourrait, dans les cinq ans à venir, « entraîner une diminution de 30 % de l’activité des entreprises de transport routier dans le cas où la tendance se maintiendrait ». Pire, alors que l’entreprise passe des annonces de recrutement tous les jours, elle est obligée de renoncer à des appels d’offre, faute de personnel. Dès lors, c’est surtout à l’adresse du gouvernement que Mario Martins a quelques messages à faire passer : « En tant qu’entreprise, nous sommes obligés de dénoncer les conducteurs qui commettent des excès de vitesse. Malheureusement, avec la multiplication des radars, même en faisant très attention, il est quasiment impossible de passer une année sans risquer de perdre son permis. Quant au tarif de ce dernier, il est prohibitif. Les jeunes n’ont pas les moyens de le passer ; il faudrait absolument que son prix diminue », insiste le chef d’entreprise.

Une semaine de formation

Le personnel routier occupe une place importante chez M.R.T.I. Chaque nouvel arrivant bénéficie d’une semaine de formation qui « bien qu’elle coûte cher à l’entreprise, constitue un investissement sur le long terme puisque, dans la mesure où le conducteur reste, elle permet notamment de diminuer l’accidentologie et de mieux comprendre la culture de M.R.T.I. », note le P-dg. Cette semaine est découpé en trois temps : une demi-journée sur parc avec un chauffeur testeur, une journée et demie dédiée à la sécurité et aux heures de conduite et, enfin, trois jours de roulage aux côtés d’un conducteur correspondant aux trois grandes spécialités de M.R.T.I que sont la traction, la location et le conteneur. La société assure en effet des tractions au départ de plusieurs grandes villes de province même si l’essentiel se joue entre Paris et Lyon : « Vingt-huit véhicules partent quotidiennement de chacune de ces deux villes avec des conducteurs qui se relaient à mi-chemin », explique Mario Martins. Ce dernier est d’ailleurs fier d’annoncer que M.R.T.I est en mesure de « faire Paris-Lyon en 6 h 45 ». Afin de suivre les véhicules, le transporteur a mis en place une astreinte de nuit autour de deux agents d’exploitation, l’un étant situé à Paris, l’autre dans la capitale rhodanienne.

Une agence à Lyon, l’autre à Porto

Mais l’entreprise située à Pavillon-sous-Bois (93) dessert également Bordeaux, Poitiers, Nantes ou Strasbourg à raison de respectivement quatre, trois, deux et quatre aller-retour. And last but not least, deux véhicules porte-caisses et six chauffeurs assurent des trajets de et vers Porto, au Portugal, via Bordeaux. Le fondateur de M.R.T.I. ne fait en outre pas mystère de son intention d’ouvrir dans le courant de l’année prochaine une agence dans le chef-lieu de la région Nouvelle-Aquitaine. Le transport combiné représente quant à lui encore environ 15 % du CA même si cette activité a assuré jusqu’à 45 % de celui-ci. Au milieu des années 1990, CNC Transports (ex-Naviland Cargo) avait d’ailleurs pris une participation au capital, à hauteur de 38 %, tant la collaboration avec M.R.T.I. était étroite. Le transporteur a cependant retrouvé sa totale liberté de manœuvre à partir de 2010. Et c’est sans regret que la part du transport combiné a baissé : « Les tarifs pratiqués dans ce domaine sont souvent trop faibles », justifie le dirigeant.

Présent depuis bientôt 30 ans dans le métier, M.R.T.I. s’appuie sur un personnel fidèle et expérimenté : « Que cela soit à l’exploitation ou sur la route, les personnes qui constituent l’entreprise sont sans doute l’un de ses principaux atouts », relève Mario Martins. Le P-dg souligne : « Je n’ai pas fait grandir la société tout seul. Tout le personnel a contribué à son développement. Je considère que M.R.T.I. appartient à l’ensemble de ses membres et que nous sommes collectivement responsables de sa progression même si, finalement, il me revient d’assumer les risques d’ordre financier ». Cette attention envers les employés de l’entreprise explique peut-être une confidence faite par le chef d’entreprise : « Je dédie l’équivalent de 40 % de mon propre temps de travail aux questions de personnel ». Mario Martins fait en outre confiance à des proches. Sa femme, Adelia Martins, est par exemple en charge de la comptabilité de la société. L’entretien et la réparation du parc moteur sont confiées à la société Pro Diesel, indépendante du transporteur mais installée au même endroit et dirigée par le frère du dirigeant. Une autre société, dénommée TLS et gérée par un fils Martins, située juste de l’autre côté de l’avenue, fait office de centrale d’achat aussi bien pour le parc que pour les pneumatiques. Au passage, Mario Martins s’enorgueillit de « n’utiliser aucun pneu rechapé ou retaillé ». Le transporteur de Pavillon-sous-Bois peut aussi compter sur deux camions de dépannage, l’un pour la région parisienne, l’autre pour la région lyonnaise avec, à la clé, un gain de temps. Le temps, justement, chez M.R.T.I, c’est primordial : « Je suis très exigeant sur les horaires. Nous nous devons de répondre le plus rapidement possible à nos clients et de respecter les horaires. Tout peut se calculer, y compris la plupart des aléas. Un bon exploitant est en mesure, notamment grâce à son expérience, de prendre en compte les conditions climatiques ou de circulation afin de prévoir au plus juste les horaires. Bien entendu, si jamais un problème survient, il nous revient de prévenir le client », affirme Mario Martins. C’est sans doute ce qui permet à M.R.T.I de voir son CA continuer de progresser. En la matière l’approche du dirigeant se veut toutefois sage : « Nous voulons grandir étape par étape. Si l’on croît trop rapidement, les finances peuvent en pâtir et la clientèle peut en subir les contrecoups ». Ce qui, on l’aura compris, est hors de question.

Le respect pour leitmotiv

Lors de notre rencontre, Mario Martins, dirigeant de M.R.T.I., a plusieurs fois invoqué le respect. Ayant débuté dans la profession en 1985 grâce à un prêt de ses parents d’un montant de 40 000 francs, Mario Martins a d’abord travaillé dans le domaine du textile et en plein Paris, dans le Sentier. Il y a côtoyé la communauté juive qui lui a « beaucoup appris ». Il voue depuis lors un respect infini à celle-ci mais aussi à tous les gens qui travaillaient à l’époque dans ce quartier. Le respect, aujourd’hui, c’est à l’égard de ses salariés qu’il le ressent parce que, comme il se plaît à la souligner, M.R.T.I. forme une famille. Mais ce sentiment touche également au travail, peut-être parce qu’il a vu son père travailler jusqu’au dernier moment.

Repères
M.R.T.I.

• Siège : Pavillon-s / Bois (93)

• CA 2017 (prév.) : 15,5 M€

• Effectif : 140 salariés dont

110 conducteurs

• Parc : 320 dont 160 moteurs

• Activités : traction (40 %), transport combiné (15 %), location avec chauffeur, transport au coup par coup et autres (45 %)

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