Les exemples de réussite ne sont pas rares dans la profession. En témoigne le parcours de Daniel Eonnet, 46 ans. L’entrepreneur breton est aujourd’hui à la tête d’une holding qui regroupe 20 sociétés aux activités diversifiées et réparties sur tout le territoire national. Il pilote un effectif de plus de 1 000 salariés. Une situation inimaginable pour ce fils d’agriculteur qui a débuté seul sa carrière à 24 ans, en 1996, à Radenac (Morbihan). « Je tirais des semis de la messagerie Plantard, se souvient-il. À mes débuts, je voulais rester seul avec mon camion, un Renault Premium 385, et ne voulais absolument pas de salariés. La vie en a décidé autrement », plaisante le dirigeant. Car, deux ans plus tard, « les entreprises ont commencé à externaliser énormément que ce soit dans le béton prêt à l’emploi ou la messagerie ». L’entreprise individuelle baptisée Transports Daniel Eonnet prend alors un premier virage en 2002 en se transformant en SAS. Puis, elle s’installe à 10 kilomètres de là, à Moréac dans la zone du Barderff, avec un effectif de 75 chauffeurs. Nouveau virage trois ans plus tard. En 2005, l’entreprise réalise une première opération de croissance externe en rachetant la société bretonne TBM (Transports Bernard Mabon), avec 13 salariés, alors que le dirigeant de l’époque part à la retraite.
Daniel Eonnet confie les clés de cette entreprise spécialisée dans le transport frigorifique à un certain Jean-Yves Plantard (ex-dirigeant de la société Plantard Messagerie, qui a déposé le bilan en 2000). « C’est grâce à lui que j’ai pu démarrer », se souvient Daniel Eonnet. En bonne santé financière, TBM prend à son tour de la vitesse et son parc passe de 13 à 48 camions en six ans. S’ensuit une série d’acquisitions au gré des occasions : TFR à Châteaubourg (35) en 2006, la Sarl Hydro Froid Service au Rheu (35) en 2009, ATL 74 à Marigny-Saint-Marcel en 2013, Locatrans (19) et Blanlœil (44) en 2014, Sotrab (34), Sofidris (42) et LGT (69) en 2016, la société Boudet (devenue TEHM) en 2017, les sociétés Cras (29), RDIS Pennington (rebaptisée TEN7), les Transports Beauvois (59) en 2018… À chaque fois, ces entreprises sont à vendre après un départ en retraite ou sont en proie à des difficultés financières. Par ailleurs, « certains dirigeants ne voulant plus être seuls ont voulu s’adosser à un groupe pour se développer ». Et d’autres ont arrêté suite à « un ras-le-bol social ». Daniel Eonnet repère ces sociétés dans la presse spécialisée ou fait appel à des apporteurs d’affaires, à ses clients ou ses fournisseurs.
Le groupe grossit aussi au fil des créations d’entreprises : Viloc et Star en 2007, TELH au Havre en 2010, TEPL (49) l’année suivante, TEPS (77) en 2015 et TEPM (13) en 2016. Tout d’abord spécialisé dans la location de camions avec ou sans conducteur (messagerie, toupies à béton, plateaux grue, traction), l’ensemble s’est ainsi peu à peu diversifié dans le transport en propre (à la demande, frigo et conteneurs), une activité qui pèse aujourd’hui 15 % du chiffre d’affaires, et la logistique (5 %). « Chaque structure, dont la taille varie de trois salariés (HFS) à plus de 200 collaborateurs (TDE), est autonome et garde son âme, son savoir-faire et la proximité avec ses clients. » La reprise d’une entreprise pouvant être déstabilisante pour les équipes, Daniel Eonnet s’attache à garder le même cap que ses prédécesseurs.
Reprendre une entreprise n’est effectivement pas chose aisée. « Il faut bien s’entourer », conseille Daniel Eonnet. Lequel s’appuie, depuis 2007, sur l’expertise de Jean-Marc Bequet, directeur commercial. Le numéro deux du groupe est une pointure en matière de croissance externe. « Quand je suis appelé pour un dossier de reprise, c’est lui qui assure le premier entretien avant de me faire un débriefing. » Le P-dg se dit également « bien accompagné » par le cabinet Fidal et le cabinet d’expertise comptable Savary avec lesquels il travaille « en totale confiance ». Pour financer ces acquisitions et créations, le patron breton emprunte la totalité du montant de l’opération financière.
Le groupe Eonnet s’est peu à peu structuré affiche une « très bonne » santé financière (selon son dirigeant), avec une croissance annuelle de 20 % et un chiffre d’affaires consolidé avoisinant 100 millions d’euros en 2018. « Il y a de l’activité et nous avons une forte demande. Seulement, des problèmes de recrutement nous freinent. Nous aurions besoin de 10 % de conducteurs en plus. » Symbole de cette réussite, le premier camion de Daniel Eonnet sera exposé début 2019 sur le site de Moréac. Après vingt-deux ans d’activités, l’entrepreneur ne compte pas mettre le pied sur le frein. « Il y a énormément d’entreprises à vendre », constate-t-il. Un contexte qu’il explique par « un ras-le-bol social » des dirigeants. Ce qui offre de nouvelles opportunités. Des acquisitions sont prévues pour 2019, mais le P-dg n’en dira pas plus. Géographiquement, il envisage de cibler en priorité Bordeaux où le groupe n’est pas encore visible. « Plusieurs dossiers sont en cours », précise-t-il. Le groupe Eonnet pilote également des projets immobiliers. Le premier concerne la société Viloc, qui gère le parc de véhicules pour l’ensemble des filiales (CA : 10 M€ en 2018). Hébergée au siège de Moréac, la société va transférer son activité à 200 mètres, sur un terrain de 15 000 m2. Le bâtiment sera opérationnel le 1er novembre et occupera une superficie de 500 m2. Objectif : développer la location de véhicules sans conducteur en dehors du groupe.
Située dans une zone artisanale de Treffléan, dans le Morbihan, TBM (transport frigorifique), qui est la première société reprise, va déménager à La Trinité-Surzur, à proximité d’une voie rapide car, en pleine croissance, l’entreprise qui compte 55 collaborateurs se sent à l’étroit. Le projet verra le jour au printemps 2019, avec 310 m2 de bureaux et 297 m2 de stockage (gestion de palettes) sur un terrain de 1,5 ha. Quid du montant des investissements ? Daniel Eonnet restera discret sur ce point-là.
• Siège : Moréac (56)
• CA consolidé 2017 : 80 M€
• Effectif : plus de 1 000 salariés
• Activités : location de véhicules avec ou sans conducteur (80 %), transport à la demande (15 %), logistique (5 %)
• Parc : 500 tracteurs, 55 semis frigo, 250 toupies, 220 porteurs, 480 remorques
Le transport est l’un des secteurs qui recrute le plus. Malgré une offre d’emploi pléthorique, la filière a du mal à attirer des candidats. Pourtant, le métier est un véritable ascenseur social. Il est « évolutif », confirme Daniel Eonnet, qui réussit dans les affaires de façon « totalement autodidacte ». Dans le groupe Eonnet, d’ailleurs, une quinzaine de chauffeurs ont évolué vers des postes d’exploitation, alors que trois exploitants sont devenus directeurs généraux. C’est le cas de Gilles Villalon. Voici vingt ans que l’homme évolue dans le groupe. Tout d’abord conducteur chez TDE, il s’oriente en 2002 vers un poste d’exploitant avant de gravir un échelon de plus dans sa carrière en devenant responsable de la flotte de véhicules. Depuis 2015, il assure la direction générale de la société Viloc. F. F.