Lapeyre Logistique affiche une croissance conséquente et maîtrisée. Sur les deux derniers exercices, l’entreprise a affiché un taux de croissance de 8,20 % entre 2015 et 2016 puis de 8,18 % entre 2016 et 2017. Installée à la gare routière Sogaris de Rungis (94), la SARL dont Pascal et Isabelle Lapeyre sont les cogérants opère principalement dans le transport alimentaire (frais, surgelés, température dirigée). Une activité qui représente 75 % de son revenu. Lapeyre Logistique a capitalisé sur la montée en puissance des produits bio, lesquels comptent pour pratiquement un quart des ventes. L’entreprise francilienne loue deux entrepôts sur le site Sogaris de Rungis. Un premier bâtiment de 3 510 m2 est dédié au sec. Un second, d’une superficie de 1 216 m2, accueille le froid et le surgelé. Actuellement éloignés de quelques centaines de mètres, ils seront regroupés et significativement agrandis en début d’année prochaine. La partie isolée et équipée destinée au stockage des surgelés et des produits frais atteindra en effet 3 500 m2. Une fois opérationnelles, les installations – qui auront nécessité un investissement de 2,5 M€ – permettront en contrepartie un gain de productivité qui devrait générer une économie de 2,5 postes intérimaires. Lapeyre Logistique y consacrera même 400 m2 au stockage de vins, une activité mise sur pied récemment et qui doit également contribuer à la croissance de l’activité. « Chacun de nos clients doit penser que nous ne travaillons que pour lui », indique Pascal Lapeyre pour résumer sa stratégie. Le portefeuille comptait 291 clients en 2017, les 72 premiers assurant 94 % du chiffre d’affaires. Si des marques connues comme Maisons du Monde, Chronopost International, Planet Sushi ou Naturdis font confiance à l’entreprise, Lapeyre Logistique aime accompagner les premiers pas des nouveaux venus. « Nous comptons de multiples petits clients (175 d’entre eux apportaient, chacun, un revenu inférieur à 5 k€ en 2017, ndlr) et plusieurs ont débuté leur activité avec nous. Nous proposons aux entreprises qui nous rejoignent des formules de facturation souples afin de les aider dans leur développement », se plaît à souligner le cogérant. Le défi consistera à poursuivre dans cette voie. Le dirigeant en est tout à fait conscient : « Nous devons absolument veiller à conserver une ambiance familiale et préserver notre capacité à demeurer le logisticien de start-up ou de sociétés qui se créent. »
Pour nourrir sa croissance, Lapeyre Logistique a décidé de mettre l’accent sur la distribution de Paris intra-muros. À l’automne dernier, la SARL a acquis un Colibus frigorifique, petit véhicule électrique offrant un volume de chargement de 5,5 m3 et une charge utile de 550 kg. « Compte tenu de la politique environnementale de la Ville de Paris, nous avons choisi d’investir dans l’électrique. Les livraisons dans le centre de la capitale sont compliquées ; il est donc impératif de s’adapter. D’ici au mois de mai, Sogaris va inaugurer un point relais à la porte de la Chapelle. Nous devrions pouvoir nous y installer dans le courant de l’année prochaine », révèle Pascal Lapeyre. Pour l’heure, le Colibus assure des allers et retours entre Rungis et Paris. Une fois installé au point relais, Lapeyre Logistique y acheminera ses produits par des moyens classiques, le Colibus se contentant de trajets dans la capitale. Mieux, le cogérant envisage déjà l’acquisition, d’ici début 2019, d’un second exemplaire de l’utilitaire électrique. L’exploitation de ce type de véhicule présente d’autres avantages, loin d’être anodins lorsqu’il s’agit de circuler dans Paris. Grâce à sa taille compacte, il est particulièrement adapté aux rues étroites et à l’accès parfois difficile. De plus, son allure suscite la sympathie, estime Pascal Lapeyre. L’acquisition du Colibus correspond à une inflexion dans la stratégie de Lapeyre Logistique. À l’exception de deux porte-caisses et de quatre remorques, l’ensemble du parc fonctionne en effet en location. « Outre l’avantage de bénéficier de véhicules récents, la location nous permet de réduire au minimum les immobilisations de matériel roulant », explique le transporteur. Recourir à la location n’empêche pas ce dernier d’afficher ses préférences en matière de moteurs et de remorques. Il plébiscite DAF, Mercedes-Benz et Renault Trucks pour les premiers et ne jure que par Chéreau, pour des raisons de solidité, pour les secondes. Une autre évolution a récemment touché le parc. Elle concerne l’arrivée de cinq porteurs Iveco fonctionnant au GNV. Ceux-ci sont destinés à la distribution autour des gares parisiennes et à La Défense. Dans ce domaine également, Lapeyre Logistique parie sur l’avenir tout en prenant soin de ses clients. Pascal Lapeyre estime que, d’un point de vue économique, l’investissement ne se justifie guère. « Il est quasiment impossible de compenser un coût 30 % supérieur à l’achat (lequel se traduit dans les contrats de location signés en l’espèce pour une durée de quatre ans, ndlr) par une diminution de la consommation ». Les clients sont en revanche sensibles au choix d’une motorisation GNV. Lapeyre traite de plus en plus avec des entreprises opérant dans le bio ou proposant des produits de qualité. « Elles sont sensibles à la possibilité de communiquer autour d’un transport propre », avance celui qui pilote l’exploitation et la direction commerciale, alors que sa femme Isabelle assure la direction des fonctions administratives et financières. Les clients de Lapeyre Logistique n’ont pas l’exclusivité en matière de communication. Ainsi, l’entreprise de Pascal et Isabelle Lapeyre a-t-elle profité de la mise en service des porteurs GNV pour inaugurer un logo qui semble rallier tous les suffrages. Les trois cercles qui le constituent symbolisent Paris, le Grand Paris et la périphérie, le logisticien privilégiant un rayon d’action de 200 km autour de la capitale. Quant à la couleur bleue, elle évoque à la fois le froid et l’électricité… La situation pourrait presque paraître idyllique. Pascal Lapeyre concède évidemment des difficultés, notamment dans le recrutement des conducteurs. L’été dernier s’est avéré rude. « Le manque de conducteurs en viendrait presque à ralentir l’activité alors que la pénurie ne devrait pas se résorber », s’inquiète le cogérant. Pascal Lapeyre se fend même d’un aveu qui en dit long : « Notre niveau d’exigence a diminué. Aujourd’hui on adapte le travail au conducteur. » Le dirigeant entend toutefois « attirer les meilleurs » : il a mis en place un système de participation et de formation pour parvenir à ses fins.
• Siège : Rungis (94)
• CA 2017 : 9,8 M€
• Effectif : 70 salariés dont 50 conducteurs
• Parc : 62 cartes grises dont 51 moteurs
• Activités : transport sous température dirigée, stockage, affrètement