Elle a suivi des études pour devenir fleuriste. Mais, c’est en tant que cogérante de l’entreprise de transport familial qu’Émilie Rosec a reçu le bouquet du vainqueur. En 2014 et 2015, Rosec Transport a enregistré une croissance de + 25 % de son chiffre d’affaires. Cette prouesse a ainsi valu à l’entreprise finistérienne de se voir décerner le Trophée 2016 de la performance économique du palmarès Women Equity pour la région Grand ouest. Une distinction toute symbolique, mais qui couronne néanmoins la stratégie mise en œuvre par Émilie et son frère, Julien, pour développer l’entreprise familiale depuis qu’ils ont succédé à leurs parents, en 2014 (le capital leur a été transmis sous forme de donation et ils ont racheté le fonds de commerce). « Nous avons d’abord mis l’accent sur l’activité frigo pendant deux ans, en doublant nos capacités et nos effectifs afin de répondre aux besoins du secteur agroalimentaire local. Sur les exercices 2014 et 2015, nous avons ainsi acheté pas moins de 15 nouveaux tracteurs et 12 remorques ! », confient les gérants, tous deux jeunes trentenaires. Même si le renouvellement du parc avait été réduit après la crise, l’effort est remarquable. Et le succès au rendez-vous. Car la baisse du transport de primeurs a largement été compensée par l’arrivée de nouveaux clients dans l’agroalimentaire (œufs, préparations culinaires, etc).
Aujourd’hui, Rosec Transport peut se targuer de réaliser encore 15 % de son activité à l’international, essentiellement avec l’Angleterre, l’Allemagne, la Belgique, les Pays-Bas et l’Italie. La période d’après crise, entre 2010 et 2013, quand le transporteur peinait pour occuper ses chauffeurs, semble bien loin… Depuis l’an passé, Rosec Transport oriente désormais ses efforts – et ses investissements – dans le transport exceptionnel toutes catégories, notamment dans le but de répondre à la croissance du marché éolien. En octobre 2016, l’entreprise a été le premier transporteur français à acquérir l’un des tout derniers PA-X à essieux pendulaires extra-bas du constructeur Faymonville, déclinable en 6, 8 ou 9 essieux et extensible jusqu’à 60 m de long, selon la charge. « Cette modularité synonyme de polyvalence représente un coût important – 400 000 € la remorque, plus 200 000 € le tracteur. Mais elle nous permet de satisfaire les nouvelles demandes des constructeurs d’éoliennes, dont la longueur des pales ne cesse de grandir : elles atteignent aujourd’hui 65 mètres, contre 55 mètres il y a peu », détaille Julien Rosec. Entre les trois pales, la génératrice et les hubs, l’installation d’une éolienne ne représente pas moins d’une douzaine d’allers et de retours de transport hors gabarit. Repérage de l’itinéraire, gestion des véhicules d’accompagnement (sous-traités), arrimage, manœuvres d’arrivée sur le chantier : le transport éolien réclame un véritable savoir-faire. Que Rosec Transport valorise au mieux : sur ce marché de niche à fort potentiel, son activité a progressé d’environ 40 % sur les six premiers mois de l’année 2017. À telle enseigne que le transporteur envisage déjà l’acquisition de deux nouvelles remorques géantes pour la fin de 2017 et 2018.
Fondée en 1985, la société constituait alors la branche transport de la société familiale de travaux agricoles. L’activité démarre logiquement avec l’acheminement de matériels agricoles comme les moissonneuses-batteuses et la distribution d’aliments pour bétail, avant de se diversifier peu à peu et de mettre également sur ses plateaux du matériel industriel ou des murs préfabriqués en béton pour le bâtiment. Parallèlement au transport exceptionnel, l’entreprise opère aujourd’hui dans d’autres secteurs comme la benne TP et céréalière, la citerne vrac et, donc, le transport frigorifique. Chaque pôle possède son responsable. Ayant rejoint l’entreprise dès 2009, après avoir travaillé chez Mooy Logistics aux Pays-Bas, la sœur s’occupe des transports en bennes, vis et fonds mouvants. Le frère, qui a débuté dans l’entreprise comme conducteur en 2007, se charge pour sa part, depuis cette date, des transports exceptionnels. Quant à l’activité frigo, elle est supervisée par une tierce personne, recrutée en 2013.
Aujourd’hui, le transporteur breton réalise 40 % de son activité en frigo, 30 % en convois exceptionnels et 30 % dans les autres activités. « Cette diversité est une force, car elle permet de compenser les aléas de certaines activités (comme les travaux publics) par d’autres. Mais, pour que cette diversité ne devienne pas aussi une faiblesse, nous nous positionnons comme des spécialistes de chacune de nos activités. Nous y parvenons grâce à l’implication totale des salariés. Nous avons su conserver un esprit familial et une proximité qui facilite cet engagement. Nous sommes très fiers de nos conducteurs qui sont nos premiers commerciaux et qui n’hésitent pas à faire remonter toutes les informations intéressantes concernant les clients », souligne Émilie Rosec. La diversité de l’activité est également un excellent levier de gestion des ressources humaines car elle offre de nouvelles opportunités aux conducteurs, lesquels peuvent parfois se lasser d’un travail jugé trop monotone. Malgré cet avantage, l’entreprise avoue cependant rencontrer des difficultés pour recruter. Si elle ne souffre pas d’un turnover de ses chauffeurs, elle peine à faire face à ses besoins de conducteurs supplémentaires en pleine saison – de mai à octobre. « Avec les congés, c’est le rush total », confie Julien Rosec, qui passe ses deux mois d’été derrière le volant, tout en assurant l’exploitation et les plannings côté transports exceptionnels.
Approche opérationnelle de la demande client, capacité à tout mettre en œuvre pour respecter les délais, aptitude à informer et communiquer en cas de contretemps : quel que soit le secteur considéré, Rosec Transport déploie une volonté permanente dans la recherche de solutions spécifiques adaptées aux besoins des clients. Selon Émilie et Julien Rosec, ce souci de la qualité de service est à l’origine du développement récent de l’entreprise. Après son envol de 2014 et 2015, la croissance de Rosec Transports a marqué une petite pause en 2016 (avec une activité en baisse de – 1,5 %), mais elle devrait repartir cette année avec un chiffre d’affaires qui devrait avoisiner les 6,2 M€, en progression de + 6,5 %. Avec, à la clé, un nouveau projet : l’ouverture d’un site en périphérie de Rennes, pour éviter les retours à vide, notamment dans le cadre de transports de portes fenêtres.
En 2008, Rosec Transport a déménagé son siège à Plouigneau, près de Morlaix, pour se rapprocher de la Nationale 12 qui traverse le nord de la Bretagne. Sur un terrain de 20 hectares qui accueille un vaste parking (les chauffeurs partent à la semaine, sauf en frigo où les tournées font 15 jours), l’entreprise dispose également d’un entrepôt d’une surface de 2 000 m2 et propose donc des services annexes de stockage, d’entreposage et de manutention de palettes ou matériels divers à ses clients. « Il y a tellement de zones de stockage dans la région qu’il est difficile de se positionner », explique Julien Rosec. Malgré cette forte concurrence locale, la société a récemment remporté un appel d’offres d’un opérateur téléphonique.
CA 2016* : 5,82 M€
Effectif : 49 salariés dont 45 conducteurs
Parc : 50 moteurs, 125 cartes grises
Activité : Frigo (40 %), transports exceptionnels (30 %), bennes, citernes, fonds mouvants, portes bétons (30 %)
* Exercice clos au 30/09.