Longtemps, chez les Gariou, on a préféré la discrétion à l’exposition médiatique. « Pour vivre heureux, vivons cachés », plaisante Sébastien, désormais à la tête de l’entreprise familiale jusqu’alors restée discrète tout en continuant son bonhomme de chemin depuis sa création en 1976. Mais voilà que la Sarl sort aujourd’hui de sa coquille. Une ouverture vers l’extérieur qui passe par l’acquisition de Touraine Transport en avril dernier.
« Mon grand-père était marchand de grains, ma grand-mère, elle, tenait le bar des Brouzils. C’est en 1976 que mon père, Jacques Gariou, a créé l’entreprise avant d’être rejoint par son frère l’année suivante », raconte l’actuel dirigeant, Sébastien, originaire de cette commune vendéenne. Les deux hommes se lancent alors dans le transport de bennes céréalières puis dans le transport en plateau avant de suivre l’évolution d’un entrepreneur vendéen en transportant ses premières cabanes de chantier et de se spécialiser dans le modulaire. Gariou Transports adhère au groupement Astre en 1992 puis devient membre de France Plateaux quatorze ans plus tard.
De son côté, Sébastien Gariou travaille chez Transports Malgogne à Châteaubriant. « J’ai tout appris chez eux ! », se souvient-il. Il y restera de 2000 à 2006. Son frère jumeau, Cyrille, gère quant à lui les Transports Cassard Gariou (TCG), dont la création en 2005 est à l’initiative de Jacques Gariou et de ses deux fils. L’entreprise spécialisée dans le transport en tautliners va compter jusqu’à neuf véhicules. Sébastien l’intègre en décembre 2006 puis met un pied dans les Transports Gariou en janvier 2007. Il finalisera la reprise un an plus tard, en janvier 2008, après le décès de son père. La même année, Thierry Moreau, alors responsable d’exploitation après vingt-cinq ans d’ancienneté, entre dans le capital en prenant 5 % des parts.
Un cap est franchi en 2010. Les Transports Gariou, qui comptent alors 45 collaborateurs, fusionnent avec TCG et passent la barre des 50 salariés. En 2011, l’oncle sur le point de partir à la retraite décide de vendre ses parts, grâce à un montage de type LBO, partagées entre les deux frères (80 %) et Thierry Moreau (20 %). « Nous étions en veille car nous cherchions à racheter une entreprise entre la Vendée et la région parisienne, jusqu’à Bourges. C’est à l’occasion de l’assemblée générale de France Plateaux, en octobre 2017 à Lyon, que j’ai appris que Touraine Transport (15 salariés) était à vendre suite au départ à la retraite de son directeur », indique Sébastien Gariou. Située au nord de Tours, à Parçay-Meslay, cette PME fondée en 1985 est active dans le secteur des matériaux et du matériel de construction. Dotée d’un parc de 15 véhicules, elle rayonne sur le grand régional jusqu’à Clermont-Ferrand. « À cette époque, nous avions une demande pour le transport en plateaux grues. La question était de savoir s’il était judicieux d’investir dans ce domaine. » La trésorerie de Touraine Transport est à l’époque « très saine » et « les deux derniers bilans sont bons ». Sa situation géographique est également un atout. Mais les Transports Gariou ne sont pas les seuls sur le coup. « Quatre autres entreprises s’étaient portées candidates à la reprise », précise Sébastien Gariou.
Malgré une certaine « lenteur administrative », l’affaire est conclue en avril dernier. Attiré par l’idée d’un « nouveau challenge », Thierry Moreau (57 ans) se propose de prendre en charge le site tourangeau. La transition avec le cédant dure trois mois. L’actionnariat de l’entreprise convertie en SAS se partage entre le nouveau dirigeant de Touraine Transport (34 %) et les frères Gariou (66 %). « Novices, on apprend en faisant », avoue Sébastien Gariou, dont la volonté est, pour le moment, de maintenir l’activité de Touraine Transport. Il souhaite par ailleurs profiter de cette acquisition pour établir une tête de pont améliorant la desserte de la région parisienne. Mais d’ores et déjà cette société apporte un volume d’affaires supplémentaire. « Un exploitant a été recruté et, depuis avril, le chiffre d’affaires a grimpé de 20 %. » L’objectif est de clôturer l’exercice en cours à 2,3 millions d’euros, contre 1,8 million d’euros à la reprise.
Chez Gariou, une personne est référente pour assurer la liaison entre les deux entités au niveau de l’administration et de l’exploitation. Car « il faut optimiser notre organisation pour en termes de communication et de synergie ». Pour les y aider, un système VPN (réseau privé virtuel) créant un lien direct entre des ordinateurs distants, en vue d’une dématérialisation des supports d’information, est en cours d’installation.
Chez Touraine Transport, l’activité est partagée entre le transport en plateaux grues (30 %) et le transport à la demande (70 %). La volonté est de développer l’événementiel (transport de chapiteaux). Le parc de semi-remorques, « vieillissant », demande à être renouvelé. « En 2019, nous achèterons deux tracteurs ainsi que deux à trois semi-remorques avec un porte-chars. » Soit un investissement total de 270 000 euros. D’ici à cinq ans, la flotte devrait compter une vingtaine de véhicules. L’embauche de deux à trois conducteurs est prévue en 2019. Alors que l’installation d’une cuve à gazole (20 000 euros environ) est en réflexion sur le site de Tours également pour l’année prochaine.
Spécialiste dans le transport à la demande sur toute la France et les pays frontaliers (Italie, Suisse, Belgique, Allemagne, Espagne) en lot complet ou partiel, la Sarl Transports Gariou, qui compte désormais 75 collaborateurs, opère dans le transport en plateaux (convois exceptionnels, porte-chars), activité qui représente 75 % du chiffre d’affaires (9,2 M€ en 2017), et dans la tautliner (bennes céréalières et bennes TP) à 23 %. L’activité logistique/cross docking pèse quant à elle 2 %. Sébastien Gariou, qui table sur 9,6 millions d’euros cette année, souhaiterait se recentrer sur le transport spécifique : plateaux avec des rampes, porte-engins, plateaux extensibles, plateaux grand volume, car « la valeur ajoutée est meilleure et c’est plus valorisant en termes d’image ». Quelques investissements supplémentaires sont également prévus dans la flotte, qui se compose aujourd’hui de 55 moteurs et 80 semis, avec l’acquisition de porte-engins (380 000 euros) et de tracteurs (240 000 euros).
Situé à l’entrée de la commune des Brouzils, Transports Gariou s’étend sur 25 000 m2 (dont 1 500 m2 d’entreposage) mais commence à être à l’étroit sur son site historique. Sébastien Gariou souhaiterait donc agrandir le site vendéen à fin 2019 car « nous sommes saturés ! », lâche-t-il. Un terrain voisin de 10 000 m2 permettrait une éventuelle extension. Mais le dirigeant n’exclut pas de déménager. Cela fait une dizaine d’années que l’idée mûrit, mais l’occasion ne s’est pas encore présentée. Il n’est donc pas dit qu’un jour les Transports Gariou s’installent aux abords de l’axe Nantes-La Roche-sur-Yon. Un projet qui pourrait se concrétiser à l’horizon 2025.
• Siège : Les Brouzils (Vendée)
• Effectif : 75 collaborateurs (dont 63 conducteurs)
• CA 2017 : 9,2 M€
• Parc : 55 moteurs et 80 semis
• Activités : transport à la demande en lot complet ou partiel, logistique