À 20 ans, les Audomarois n’ont pas fini de grandir !

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Les Transports Saint-Arnould (TSA) fêteront leurs 20 ans en 2019. L’occasion pour l’entreprise audomaroise d’inaugurer un nouveau bâtiment logistique. Et de se projeter droit devant.

On n’est jamais mieux servi que par soi-même ! Tel pourrait être l’adage des Transports Saint-Arnould (TSA), à Saint-Martin-lez-Tatinghem, aux portes de Saint-Omer dans le Pas-de-Calais. Parmi ses principaux clients, la société peut compter en effet sur deux entreprises locales appartenant à son propre P-dg, André Pecqueur : la Brasserie de Saint-Omer et la Brasserie Goudale. Mais attention de ne pas associer le transporteur uniquement aux boissons houblonnées : les bières audomaroises ne représentent « que » 23 % du chiffre d’affaires global.

La diversification, c’est une volonté d’origine pour TSA, née en 1999 sur les bases du service transports de la Brasserie de Saint-Omer. Avec 30 salariés et le recrutement de deux commerciaux, l’un pour la France, l’autre pour la Grande-Bretagne, l’objectif était d’aller conquérir immédiatement d’autres marchés de transports. L’ascension est rapide. À la fin de la première année, le parc compte déjà 100 camions et de grosses pointures régionales dans le portefeuille : la cristallerie d’Arques, le chimiste Roquette, des cartonneries, etc. En 2002, l’entreprise audomaroise achète de nouveau 70 camions et 90 semi-remorques. En 2007, 100 tracteurs et 150 semi-remorques augmentent la capacité de travail. Résultat, vingt ans après sa création, TSA compte 400 salariés, dont 300 conducteurs (le reste étant réparti entre la logistique et les bureaux) pour 250 moteurs et 395 semi-remorques. Des chiffres en perpétuelle évolution. Chaque année, 10 à 20 nouveaux véhicules intègrent le parc. Les embauches suivent : 46 en 2017, 31 en 2018.

L’Angleterre, un marché majeur

Le réseau régional pèse 20 % des flux de TSA, avec des allers-retours quotidiens. Une quarantaine de camions roulent même jour et nuit. Les 80 % restants sont consacrés à la longue distance dans un rayon de 700 km, soit la France, le Benelux et la Grande-Bretagne jusqu’à Manchester et Leeds. « Avant, nous allions plus loin, en Irlande ou en Écosse, indique Patrick Wecxteen, directeur général. Mais vu la concurrence internationale sur laquelle nous n’avons pas les moyens de nous aligner, nous avons préféré nous retirer. Nous continuons à y aller, mais par le biais de l’affrètement. »

Parmi toutes les destinations du transporteur, le marché anglais représente la plus grande part de l’activité, soit 80 % du chiffre d’affaires. Chaque jour, une centaine de véhicules TSA empruntent le tunnel sous la Manche ou les ferrys, ce qui équivaut à 42 000 passages par an. Autant dire que les Audomarois sont en prise directe avec les spécificités frontalières calaisiennes. D’abord, la crise migratoire : « Cette année, cela va bien mieux. Nous n’avons subi “que” trois ou quatre attaques. En 2016, entre les agressions, les dégradations et les retards, nous avons vécu une période difficile. Nous nous adaptions comme nous pouvions, notamment en évitant de passer aux heures les plus dangereuses, soit entre minuit et 3 heures du matin. » La crise migratoire atténuée, c’est à présent le Brexit qui risque de compliquer les affaires, même si le directeur général, flegmatique, se refuse à dramatiser : « J’espère ne pas devoir passer cinq heures aux contrôles [actuellement, le passage nécessite environ une heure et demie, Ndlr]. S’il faut ouvrir un bureau de douanes, nous le ferons. Mais si les temps s’allongent, les coûts devront être répercutés sur les chargeurs. » Répercuter les coûts, TSA le vit déjà pleinement en ce moment avec les pieds de facture gazole. Avec sa flotte pléthorique, le transporteur « rentre » 36 000 l de carburant par jour. L’augmentation est donc sensible : 30 000 euros de plus par semaine par rapport à la même époque l’an dernier. « Nous parvenons à répercuter 40 % du prix au client, mais 60 % restent à notre charge », confie le directeur général. D’où l’importance de mieux conduire, une démarche entamée de longue date et validée par le label Objectif CO2 de l’Ademe et du ministère de l’Écologie en 2016. Une première pour une entreprise des Hauts-de-France ! Les chiffres résument bien cette progression. En 2005, la consommation était de 36 l/100 km. En 2013, elle était encore de 31 l. Pour l’année en cours, elle ne dépasse pas les 28,6 l et novembre affichait un compteur flatteur de 26,6 l ! Cette baisse ne s’est, bien entendu, pas effectuée en un claquement de doigts. Une personne est entièrement dédiée à l’entretien du parc et l’analyse des consommations. « Nous connaissons la consommation du chauffeur, mais également du camion, à la semaine, au mois. Les chauffeurs le vivent bien, c’est entré dans les mœurs. »

L’actionnariat unique, un bienfait

Preuve que l’on n’est d’ailleurs pas malheureux chez les Audomarois, cet été, l’entreprise a réussi à débusquer la soixantaine de conducteurs remplaçants nécessaires sans trop de difficulté. Ceci explique certainement cela : le matériel est remplacé tous les trois ans, les camions sont équipés « toutes options », de la climatisation de nuit au réfrigérateur. « C’est primordial pour recruter et bien recruter. » Cohésion, unité : des valeurs cardinales chez TSA. Étant donné sa taille, l’entreprise aurait pu reprendre des concurrents ces deux dernières décennies. Mais il n’en est pas question. « Reprendre du personnel, c’est compliqué. Chez TSA, il y a une seule convention, la nôtre. Nous formons nos chauffeurs. Ils savent parfaitement ce que nous attendons d’eux. » Bien consommer, recruter dans le moule de l’entreprise, rechercher en permanence la performance, rouler 24 h/24 pour le régional, revenir chargé à 100 % de Grande-Bretagne, les petits ruisseaux font les grandes rivières. Mais pour Patrick Wecxteen, il ne faut absolument pas oublier le rôle primordial que joue le P-dg, André Pecqueur, dans la bonne réussite des Transports Saint-Arnould. « Un seul actionnaire, c’est rare aujourd’hui, et c’est primordial dans notre développement. Nous avons besoin de 20 camions parce que nous sentons bien le marché, précise le P-dg. Il réinvestit dans l’entreprise et sur le territoire. »

Un bâtiment logistique pour les 20 ans

De quoi envisager les 20 ans sereinement. Pour l’occasion, TSA s’offre un beau cadeau d’anniversaire : un immense bâtiment logistique de 24 000 m2 à Arques, de l’autre côté de Saint-Omer. Il complétera les 100 000 m2 déjà disponibles et dédiés à 99 % aux brasseries Goudale et Saint-Omer. L’inauguration est prévue en avril, avec le recrutement d’une vingtaine de personnes. Un changement de dimension pour une entreprise plutôt habituée aux bâtiments de 10 000 m2. Dans l’esprit des dirigeants aussi, de futurs développements sont possibles dans d’autres régions de France, la place dans l’Audomarois étant désormais contrainte. Mais Patrick Wecxteen se refuse à en dire davantage, fidèle à la philosophie locale depuis deux décennies. Avancer sûrement sans se projeter trop loin, tout en se disant qu’« il y a de belles choses à faire dans le transport ». Jusqu’à présent, cette tactique a plutôt bien réussi à TSA.

Repères

• Siège : Saint-Martin-lez-Tatinghem (62)

• Chiffre d’affaires 2017 : 69 M€

• Effectif : 398 salariés dont 300 conducteurs

• Flotte : 250 moteurs, 395 semi-remorques

• Activité : général cargo.

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