“*Dans la crise historique que traverse la logistique, à la mesure de la crise globale, je discerne un élément positif : les fonctions logistiques sont mieux reconnues ; approvisionner, livrer, assurer la continuité du service aux clients B2B comme B2C malgré la désorganisation des flux apparaissent comme des missions essentielles pour l’économie et la société.
Il s’agit de consolider dans la durée cette prise de conscience.
Pour la partie transport des activités logistiques, il faut s’attendre pour quelque temps à des surcapacités : mondiale sur le maritime, européenne sur le routier – avec hélas le risque de graves difficultés pour nombre d’entreprises et de salariés.
Il y a trois points de vigilance, en sus du besoin conjoncturel de soutien permettant de préserver notre appareil de production logistique : d’abord, tenter d’éviter les risques de dumpings qui pourraient résulter des décalages entre offre et demande, au détriment de la robustesse durable de ces maillons de la chaîne ; ensuite, continuer à travailler sur l’évolution des compétences et l’attractivité des métiers ; enfin renforcer la compétitivité de la logistique nationale, dont il ne faut jamais oublier qu’elle est délocalisable, et que la concurrence est de plus en plus vive.
• le développement du e-commerce surtout pour le B2C, est une évolution de société très profonde : réduction de la mobilité des consommateurs, augmentation de celle des produits qu’ils achètent. Avec des formules de livraisons diverses, qui concernent aussi de plus en plus le B2B. Il s’ensuit des exigences d’accélération des transformations, d’autant plus que de nouveaux acteurs se positionnent, parfois sur la base de modèles économiques incertains.
Cela passe, pour tous les métiers, des niveaux européen au local, par la digitalisation générale des flux d’informations accompagnant les flux physiques et les relations clients devenues multi-canal, et par une parfaite qualité des services ; pour les livraisons urbaines, l’impératif de définir des chartes logistiques avec les collectivités – pour tenter notamment de pallier les pertes d’efficacité économique et environnementale résultant d’une moindre massification.
• La deuxième tendance, plus émergente, concerne la diversification des approvisionnements pour les entreprises industrielles, et potentiellement la relocalisation en France et en Europe de certaines productions. L’importance de la logistique comme élément de la robustesse va s’en trouver renforcée, au moins pour certains secteurs stratégiques.
On peut en attendre de nouvelles organisations des flux amont et aval, de la gestion des stocks et des circuits de distribution. Ces perspectives seront intéressantes mais aussi exigeantes pour les prestataires : leur enjeu sera de bien se positionner pour capter leur part de ces nouvelles valorisations des fonctions logistiques.
Ces tendances ont deux points communs : laisser entrevoir le besoin de services logistiques encore plus capillaires ; nécessiter davantage de cohérence dans la planification locale des infrastructures. Les approches territoriales des politiques pourraient ainsi se renforcer, en complément des approches sectorielles.
À ce titre, l’amélioration de la confiance en nos ports est essentielle, au-delà de mesures techniques sur lesquelles France Logistique se mobilise avec les acteurs du monde maritime. Dans le même esprit, la compétitivité fiscale et administrative du territoire français pour les entrepôts devient encore plus cruciale.
Quant au « verdissement « de l’économie, la logistique n’entend pas être à l’écart du mouvement, en réponse aux aspirations de ses clients et des autorités.
De ce point de vue, France Logistique soutient, sur les segments de marchés pertinents, les efforts concernant le transport combiné rail-route, sans oublier l’intermodalité avec la voie d’eau. Un autre sujet majeur est celui des investissements à prévoir en matière de motorisations pour le TRM, ce pourquoi nous demandons instamment aux pouvoirs publics une clarification des perspectives, comme cela est le cas pour l’automobile.”