Le coup de projecteur

Et si – une fois cette gravissime crise humaine et économique laissée derrière nous – le TRM et la logistique « made in France » sortaient grandis de cet incroyable marathon dans lequel ils sont engagés depuis près de deux semaines et pour une durée encore indéterminée ? Pourra-t-on dire ou écrire, à la sortie de cette dramatique épreuve collective que, d’une part, le duo Hémar/Daher et, d’autre part, les fondateurs de l’association Le monde du transport réuni, « l’ont rêvé et le Covid-19 l’a fait ? ». Oui, l’actualité dramatique ne prête pas à ce genre d’interrogation… Et pourtant, parce que le monde est ainsi fait, nombreux sont les acteurs économiques à se projeter – déjà – sur l’après-crise. Le duo Hémar/Daher ? Souvenez-vous, il est à la conclusion d’un rapport sur la compétitivité de la logistique française commandé par le Premier ministre, Édouard Philippe. Principal enseignement de cette étude : le secteur est atomisé à l’excès, c’est sa faiblesse. Chargeurs, logisticiens et transporteurs se côtoient mais ne se parlent pas et ne forment pas le maillon d’une même chaîne, contrairement à nos principaux concurrents belges, néerlandais et allemands. Éric Hémar et Patrick Daher ont ainsi appelé à la création d’une plateforme commune. La première pierre de ce projet commun, c’est France logistique, dont la présidence a été confiée, en février, à Anne-Marie Idrac. L’ancienne secrétaire d’État aux Transports est déjà à la manœuvre pour « vendre » la filière chargeurs-logisticiens-transporteurs aux pouvoirs publics et aux milieux économiques. Plus question de jouer en deuxième division ! C’est ce que sont en train de montrer avec brio – et non sans risques – les conducteurs du TRM et les salariés de la logistique ! On le doit au front commun qu’ont constitué industriels de l’agroalimentaire, distributeurs, coopératives, logisticiens et transporteurs. Oui, cette union sacrée est vouée aux produits de première nécessité et n’englobent pas tout le spectre du TRM, avec son lot d’entreprises sous tension et contraintes au chômage partiel. Il n’empêche que c’est une logique de filière qui, dans le flot des événements, est en train de se mettre en place, d’émerger. Et puis, l’opinion, les médias, les pouvoirs publics – jusqu’au président de la République, rappelle Alexis Degouy, de l’Union TLF, dans une interview en page intérieure – ne peuvent à présent ignorer que le TRM constitue un maillon essentiel de l’économie. Que sans conducteurs, sans camions, point de denrées, de produits de première nécessité, dans les rayons des magasins. Un peu partout, sur les réseaux sociaux – avec l’apport nourri des fédérations patronales – mais également à la télé et dans les journaux, on loue l’engagement sans faille et courageux des conducteurs routiers et de ceux qui les emploient. Ce coup de projecteur grandeur nature, les animateurs de l’association Le monde du transport réuni, mobilisés pour récolter des moyens financiers au service d’une campagne de pub, l’ont obtenu, finalement, malgré eux. Aujourd’hui, le conducteur routier appartient à la grande famille de ces « héros » que la société s’est trouvée, au même titre mais à un degré moindre, bien sûr, que le personnel soignant et les caissières de super– et hypermarchés…

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