Formations, informations diffusées dans l’entreprise, organisation de journées de sécurité… La prévention des maladies et des risques d’accidents professionnels, peu prise en considération auparavant, est aujourd’hui omniprésente dans l’entreprise, ont constaté les transporteurs. « La prévention prend de plus en plus de place, notamment dans le cadre de la RSE, a souligné un dirigeant. On utilise beaucoup le document unique. Nous travaillons régulièrement avec la Caisse régionale d’assurance-maladie [Cram], un préventeur au sein de l’entreprise informe et accompagne régulièrement les salariés. » L’un des transporteurs présents à la table ronde travaille depuis plus d’un an pour obtenir la norme ISO 45001 relative à la santé et la sécurité au travail, « pour la prévention mais aussi pour gagner en attractivité ». Même si elle n’est pas toujours formalisée, notamment dans les plus petites PME, la prévention fait l’objet de diverses actions, par exemple sous forme de livrets distribués à l’embauche ou de messages diffusés par mail, SMS ou affichés à côté de la machine à café. « En matière de sécurité, la responsabilité pénale est tellement forte que nous sommes de toute façon obligés de multiplier les mesures », note un dirigeant. Un bémol pointé par plusieurs transporteurs : le manque de sécurité lorsque les conducteurs arrivent chez les clients. « Les chargeurs se déchargent de toute responsabilité… », déplore un chef d’entreprise. Certains transporteurs misent sur les équipements de protection individuelle (EPI) pour compléter la prévention. Un transporteur spécialisé dans les matières dangereuses envisage, de son côté, l’utilisation d’exosquelettes. Si cette technologie reste pour l’instant peu adaptée aux postes de conduite, l’entreprise cherche des pistes pour l’améliorer. « On estime que les conducteurs de ce secteur portent près de 7 tonnes par jour », souligne-t-il.
Ces investissements semblent globalement porter leurs fruits. « Les salariés sont de plus en plus conscients de l’importance de la sécurité et des conseils qui leur sont donnés, estime un dirigeant. C’est un état d’esprit qui se développe peu à peu. D’ailleurs nous trouvons de plus en plus de volontaires au sein de l’entreprise pour devenir préventeur. » Pourtant, plusieurs participants s’interrogent sur le nombre d’accidents qui se produisent malgré ces précautions. « Les formations et les actions de prévention sont plus nombreuses qu’il y a dix ans, pour peu de résultats, constate un transporteur. Malgré les dépenses engagées, il n’y a pas d’amélioration. » Toutefois, nuance un autre transporteur, les accidents se produisent davantage avec la nouvelle génération, peut-être moins consciencieuse et moins passionnée par le métier : « Finalement, si on ne réalisait aucune prévention, la sinistralité serait peut-être encore plus élevée… »