Changement culturel en marche

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La digitalisation constitue-t-elle une menace ou une opportunité pour le transporteur d’aujourd’hui ? C’est à cette question culturelle que les participants du Club de l’OT ont tenté de répondre, sous la houlette d’un tout nouveau partenaire pour cette édition : Upply.

En coulisses, lors du choix des thématiques abordées pour le Club de L’Officiel des transporteurs, les interrogations de la rédaction et des organisateurs étaient les suivantes : quelle place pour la numérisation dans les exploitations ? Est-elle perçue comme une menace ou une opportunité ? Quelle est soninfluence sur la relation client ? À l’arrivée, au fil des échanges, il semblerait que si elle constitue un passage obligé, elle cristallise autant de méfiance que de défiance.

Si la numérisation semble avoir franchi les portes des entreprises de transport depuis longtemps, elle se traduit de deux manières : en interne avec le déploiement d’intranet et de logiciels d’exploitation, de facturation ou liés aux ressources humaines mais aussi en externe, notamment à destination des clients. Deux cas de figure se présentent : les chargeurs qui font de la dématérialisation un cheval de bataille pour fluidifier leurs process et ceux qui sont parfois moins avancés, privilégiant les formats papier comme pare-feu en cas d’éventuels litiges… « Parfois, nous sommes plus avancés qu’eux, ce qui alourdit les procédures », avance un participant. Globalement, il ressort que le budget consacré par les entreprises à la numérisation se situe entre 2 % voire 5 % du chiffre d’affaires chez les plus ambitieux. Pour des prestations en spot ou pour réduire les retours à vide, la majorité des transporteurs ont recours aux bourses de fret. Pourtant, il y a une quinzaine d’années, leur apparition dans le monde du transport routier marquait déjà un tournant dans la numérisation des métiers de la profession. Une différence néanmoins, « les bourses de fret mettent en relation les transporteurs seulement entre eux. Il n’y a pas de relation directe avec les donneurs d’ordres, cela fait partie du cahier des charges », ont rappelé plusieurs dirigeants présents.

Une crainte d’ubérisation de la profession

Aujourd’hui, Upply, né sous l’impulsion du groupe Geodis en juillet dernier, propose de faire entrer les chargeurs dans la boucle et de jouer la carte de la transparence. Rassemblant des données transactionnelles en rapport avec l’origine, la destination, le poids des marchandises, les niveaux de service, le mode et le type de transport sur les vingt-quatre derniers mois (six, douze et vingt-quatre mois), la plateforme met à disposition un historique des prix partagés. Notons que, depuis son lancement, Upply a compilé 120 millions de données, tant dans le transport routier que maritime ou aérien, collectées auprès de 700 entreprises et 150 transporteurs. Brandissant l’existence d’indices de prix officiels, ceux du Comité national routier (CNR), bon nombre de participants ont affiché leur scepticisme sur l’utilisation de ces données. « Divulguer toutes ces informations sur les prix pourrait amener les chargeurs à revoir leurs tarifs à la baisse et donc peser sur nos marges », ont analysé bon nombre de transporteurs qui redoutent un phénomène d’ubérisation de la profession.

Deux camps, deux visions

Enfin, autre prestation proposée par Upply qui a fait réagir les professionnels : la mise en relation entre transporteurs et donneurs d’ordres, avec une possibilité de suivi jusqu’à la facturation moyennant une commission sur chaque transaction de 2,5 % pour le chargeur comme pour le transporteur. À ce stade, les participants ont rappelé que ce métier était traditionnellement exercé par les commissionnaires de transport. Pour d’autres, cette prestation remet en cause l’essence du métier de transporteur car « historiquement, notre ADN est d’aller chercher les flux et les reflux ». À l’inverse, d’autres voix se sont montrées plutôt favorables à un décloisonnement des deux mondes. « L’ensemble du secteur se modernise, améliore ses outils de gestion de l’exploitation, des flottes, ou d’informatique embarquée… Mais il faut aller plus loin en s’engageant dans des plateformes sur Internet. À l’échelle de la profession, il ne faut pas être en retard sur ces sujets-là. Car si 100 % du business ne s’effectue pas comme ça, nous courons le risque de nous faire voler des marchés ou de devenir de simples sous-traitants… » Toujours dans le camp des convaincus, les arguments ne manquent pas. « Aujourd’hui, B2P est détenue par les transporteurs. Demain, pourquoi ne pas l’ouvrir aux chargeurs ? »

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