Édouard Philippe aime à manier les symboles et jongler avec les mots. N’avait-il pas déclaré l’an dernier, en évoquant la place des ports français sur la carte des flux mondiaux de logistique : « Je veux faire en sorte que le développement de la logistique française se fasse à l’endroit plutôt qu’à Anvers. » C’est un euphémisme que de dire que la conjoncture actuelle ne le sert pas, y compris dans sa bonne vieille ville du Havre qui voit ses trafics de conteneurs détournés vers Rotterdam et… Anvers surtout. Marseille Fos n’est pas mieux loti et c’est son voisin italien de Gênes qui se frotte les mains, avec des quais en surchauffe. L’opération « ports morts » décrétée par les dockers de la CGT a commencé à causer des dégâts économiques considérables, comme le souligne notre enquête en page intérieure. Les transporteurs de conteneurs jonglent avec la jauge de gazole, les frais des conducteurs, les distances à rallonge pour rallier les ports voisins. Dans une économie mondialisée, une telle opération s’avère vite suicidaire. Surtout pour un pays qui entend intégrer, à terme, le Top 5 mondial (16e aujourd’hui) des gros bras de la logistique.
Éditorial