Les gros camions verts ne vont pas passer inaperçus ce samedi 7 décembre. Barrages filtrants et opérations escargot devraient se succéder un peu partout sur les territoires de France, pour reprendre une appellation maison. La fédération présidée par Aline Mesples entend se montrer en adéquation avec ce qu’elle a qualifié, fin 2014, de « ligne rouge », au moment de la suspension de l’écotaxe et des 4 centimes de hausse de TICPE « encaissés » par la profession en compensation de cette mesure. « Ligne rouge » à ne pas franchir en matière de fiscalité. La volonté du gouvernement actuel de raboter de 2 centimes par litre la ristourne gazole ne laisse pas d’inquiéter les transporteurs. L’OTRE entend se saisir de cette inquiétude collective avec cette volonté, dans le même temps, de faire passer aux pouvoirs publics le message que toute suppression à terme du gazole professionnel ne serait pas acceptable. « Ce qui est en train de s’enclencher, ce ne sont pas seulement les 2 centimes de ristourne gazole, c’est aussi un processus qui vise à faire disparaître à moyen terme le gazole professionnel », estime Jean-Marc Rivera. Le secrétaire général de l’OTRE évoque à ce sujet cet amendement brandi il y a quelques mois (et retiré depuis lors) par une députée LREM qui en proposait la fin pour 2029. « On nous dit que cette idée est abandonnée. Mais nous redoutons fort que ce signal devienne une réalité. Le remboursement partiel de la TICPE est une pratique européenne. En la remettant en cause en France, on pénalise les sociétés françaises dans un contexte de compétitivité qui ne leur est déjà pas favorable (cabotage…) », souligne le dirigeant patronal. Lequel ajoute que « ce dispositif [le rabotage des 2 centimes, Ndlr] est aux antipodes des annonces d’Élisabeth Borne [ancienne ministre des Transports, Ndlr], il y a un an, lorsqu’elle affirmait vouloir taxer les véhicules étrangers en transit sur nos routes, et qui n’acquittent pas de fiscalité sur les infrastructures. Un an après, elle veut les épargner ».
Un peu partout en France donc, des opérations de blocage (avec barrages filtrants) auront lieu comme à Tourville-la-Rivière aux sorties 21 et 23 de l’A13, en Normandie. « Il s’agit d’un axe de passage important, avec des véhicules en provenance de Paris et en direction des ports », précise Philippe Bonneau, l’un des animateurs de l’OTRE Normandie, qui dit regretter « l’absence de démarche unitaire ». Seuls seront visés, en Normandie comme dans les autres régions de France, les véhicules étrangers.
En Île-de-France, la mobilisation OTRE ne devrait pas passer inaperçue. Pas moins d’une centaine de camions devraient converger vers Croissy-Beaubourg (77). Une opération escargot est programmée en direction de Paris avec un départ en convoi prévu à 9 heures et une étape sur l’A104 à hauteur de Lésigny. « Nous diviserons le convoi au niveau de la jonction entre l’A4 et l’A104 et mettrons en place un barrage filtrant à la sortie de l’A104 », indique Alexis Gibergues. En Île-de-France comme dans les autres régions, mot d’ordre a été passé de ne pas entraver la mobilité des automobilistes. « Nous souhaitons exprimer un message clair et ciblé expliquant que les mesures gouvernementales sont nuisibles pour le TRM français. On ne peut lui demander d’assurer, seul, le financement des infrastructures », souligne le président de l’OTRE Île-de-France. Et après le 7 décembre ? « Le travail politique va se poursuivre et nous allons continuer de promouvoir la solution d’une écocontribution à laquelle le gouvernement reste sourd », déclare Jean-Marc Rivera. Poursuivre les actions sur la voie publique ? En semaine ? Encore un samedi ?
* Élisabeth Borne avait annoncé, outre la réduction de la ristourne gazole, la fiscalisation des entrepôts logistiques, la suppression de la DFS, la réduction des allégements Fillon, l’instauration de malus pour les contrats courts.